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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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forcément terriblement douloureuse et les risques d’infection généralisée postopératoire très fréquents. Pourtant, ces hommes de l’art réussissaient à sauver un certain nombre de leurs patients.
    Tout laissait à penser que le jeune Jourdan s’installerait soit à Aix, soit à Meyrargues, et lui-même, semble-t-il, l’envisagea. Mais il tenait à demeurer son propre maître. L’idée de débuter dans sa carrière comme assistant d’un confrère, chez qui il aurait pu parfaire son instruction, ne lui souriait guère, et il n’était pas évident de se créer une clientèle à partir de rien. Aussi, assez rapidement, quitta-t-il sa Provence natale pour s’installer en Limousin.
    Le choix de cette province n’est pas entièrement dû au hasard. La mère du jeune homme, Élisabeth, était elle-même originaire de la banlieue de Limoges. On ignore comment elle avait été amenée à épouser un viguier provençal. Sans doute avait-elle conservé quelques relations avec sa lotitaine famille. Or, il advtit qu’un chirurgien fort coté de Limoges, nommé Fureau-Fransquisquet, mourut subitement, laissant une importante clientèle.
    Sa veuve lui chercha un successeur qui éviterait la dispersion de son cabinet et pourrait, en le rachetant, continuer à aider pécuniairement la famille. Bien qu’à cette époque les communications aient été fort précaires, les nouvelles se propageaient avec une certaine rapidité. Mis au courant, Roch Jourdan comprit tout l’titérêt de la situation. Au lieu d’avoir à se constituer de toutes pièces une clientèle, il avait la possibilité d’en acquérir une fort importante dans des conditions titéressantes.
    Il posa donc sa candidature et, malgré sa jeunesse, fut accepté en raison de sa renommée naissante. Pour mieux verrouiller la situation, la veuve du chirurgien ne tarda pas à donner en mariage sa propre fille au remplaçant de son mari. Et là les choses ne traînèrent pas. Les épousailles se déroulèrent le 3 juin 1761.
    Quoiqu’il continuât à entretenir des relations avec sa famille, Roch Jourdan ne retourna jamais en Provence. Pourtant, pour lui, le changement de mode de vie n’était pas mince. Habitué à vivre dans un climat doux, méditerranéen, avec seulement deux saisons, il allait devoir s’adapter aux hivers rudes et aux étés secs et chauds du Limousin où le prtitemps et l’automne jouaient leur rôle. Le dépaysement était total : moeurs, habitudes alimentaires, vêtements et même la langue, car on parlait davantage le patois que le français. Mais Roch Jourdan était bien décidé à réussir à se créer une situation stable à Limoges et il allait y parvenir.
    Grâce à son talent de chirurgien, son sens des relations, il sut rapidement se créer de solides amitiés dans le milieu médical. D’ailleurs, ayant repris en main la clientèle prospère de son beau-père, il fut d’emblée délivré du souci d’avoir à s’en créer une. Le fait qu’il fût un « étranger » ne semble pas avoir constitué un handicap. Installé dans un quartier proche de la cathédrale, dans une maison simple mais confortable, ce couple, créé par le fait de circonstances indépendantes de sa volonté, sut trouver très vite un équilibre et mena une vie heureuse. La modicité des locaux où ils habitaient et la simplicité du quartier leur valurent la considération du milieu médical, d’autant qu’un diplôme de la faculté d’Aix, dont pouvait se glorifier Roch Jourdan, conférait une certaine aura. Et puis, il acquit rapidement la réputation d’être un excellent chirurgien.
    Dans une ville de près de vingt mille habitants, ce que comptait Limoges à la fin du xviii e  siècle, cela voulait dire l’acquisition d’une certaine aisance et la certitude de mener une existence calme et sans aléas. Il allait, hélas, en être autrement. À ce moment, la ville de Limoges était traversée par des courants d’idées fort à la mode, diffusés par les encyclopédistes et autres philosophes. Il était de bon ton, dans la bourgeoisie, de professer des opinions avancées et de brasser des projets politiques d’autant plus théoriques et violents qu’il n’était pas question de les mettre en pratique. Quelle part Roch Jourdan prit-il dans ces discussions ? Probablement aucune ! Il était bien trop occupé entre sa famille et son métier pour avoir du temps à perdre en s’titéressant à ce genre d’abstractions, et trop

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