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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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satisfaisante.
    Ce fut le moment que choisit Bonaparte pour reparaître sur la scène politique. Il avait
     abandonné son armée en Égypte, ce qui, suivant le code de justice militaire, était considéré
     comme une désertion passible du conseil de guerre ! Mais, en son absence, une équipe
     animée par ses frères avait pris soin d’entretenir sa popularité, ce qui fait
     qu’il fut reçu partout comme le sauveur qu’il n’était pas. Ce
     fut d’ailleurs en ces termes qu’il se présenta devant les directeurs qui
     lui firent remarquer qu’on ne l’avait pas attendu et que l’on
     n’avait pas eu besoin de lui pour préserver le pays de l’invasion.
     Pendant quelques jours sa situation fut donc des plus incertaines. Un des nouveaux directeurs,
     Sieyès, avait, de concert avec Lucien Bonaparte, le dessein, non pas de renverser, mais de
     sauver la République en modifiant profondément la constitution. Pour concrétiser ce projet, il
     avait besoin de l’appui d’une partie de l’armée. Il chercha
     donc un général connu, populaire, qui accepterait de jouer les seconds rôles et même de
     s’effacer par la suite, car il était assez naïf pour croire que celui qui lui
     apporterait son concours n’entendrait pas le lui faire payer au plus haut prix.
    On pourrait s’étonner qu’il n’ait pas pensé faire appel à
     Jourdan. Mais celui-ci était suffisamment marqué politiquement pour que Sieyès se méfiât de
     lui. Ne voudrait-il pas orienter un changement de régime vers une république plus
     jacobine ? Certes Jourdan, le 15 septembre, à la tribune du Conseil des
     Cinq-Cents, avait affirmé que loin de lui était la pensée de vouloir rétablir un gouvernement
     révolutionnaire calqué sur celui de 1793 ; et il avait simplement suggéré que soit
     nommée la commission de neuf membres chargée à titre provisoire de remplacer les directeurs.
     Mais aux yeux de Sieyès c’était encore trop !
    Au début de l’été, le choix de l’ancien abbé s’était porté
     sur Joubert, jeune général plein d’allant qui était tout de suite entré dans ses
     vues. Mais Joubert avait été tué le 15 août précédent à la bataille de Novi. La
     perplexité de Sieyès était donc grande. Il ne voulait toujours pas faire
     d’ouvertures à Jourdan qui eût pourtant sans doute accepté, car il
     n’éprouvait que du mépris vis-à-vis de l’équipe en place, surtout après
     la manière dont celle-ci s’était conduite avec lui. Au début d’octobre,
     Sieyès s’adressa à Moreau pour appuyer son opération. Celui-ci, que la politique
     n’titéressait pas, aurait refusé et suggéré à son visiteur de faire appel à
     Bonaparte en précisant : « Voilà votre homme ; il fera un coup
     d’État bien mieux que moi ! » Il ne croyait pas si bien
     dire !
    Cependant, la partie n’était pas des plus faciles pour Sieyès et ses amis. Même
     minoritaires, les Jacobins, qui avaient mis beaucoup d’eau dans leur vin, restaient
     une force d’opposition avec laquelle il fallait compter. Ils savaient
     qu’ils pouvaient s’appuyer sur trois généraux et non des moindres,
     sincèrement républicains : Bernadotte, Augereau et Jourdan, ainsi que sur deux des
     directeurs, Gohier et Moulin. En fait, le plus qualifié des trois généraux, pour rallier une
     partie de l’armée, était Jourdan. Il savait que l’on comptait sur lui
     pour barrer la route à ce que beaucoup considéraient comme une aventure.
     D’ailleurs, il n’y avait aucune confiance, aucune amitié entre lui et
     Bonaparte. Néanmoins, ses amis et lui-même pensèrent que le groupe animé par Sieyès, qui
     ouvertement se préparait à renverser le gouvernement, poursuivait le même but
     qu’eux. Ils ne critiquaient pas la constitution mais les individus chargés de la
     mettre en oeuvre qu’ils jugeaient corrompus et incapables. Ils pensaient
     pour leur part qu’au prix de légères modifications, il devait être possible de faire
     fonctionner correctement les institutions. Le changement le plus important à leurs yeux
     concernait le collège des cinq directeurs. Il fallait le remplacer par un organisme exécutif
     comprenant au maximum deux personnes. Il était également nécessaire de modifier le système
     électoral dans les deux assemblées de manière à y constituer une majorité stable pour plusieurs
     années. Dans ces conditions, il serait sans doute possible de trouver un

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