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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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allait se dérouler et de ne payer de sa personne que si les choses
     tournaient mal pour les conspirateurs.
    Le coup d’État du 18 Brumaire se déroula en deux temps, ou plus
     exactement en deux jours. La première journée, le 18, tout se passa selon le plan imaginé par
     Sieyès. Le Conseil des Anciens accepta sans trop de difficulté de se transporter le lendemain à
     Satit-Cloud, par cratite d’un soi-disant complot royaliste qui n’avait
     jamais existé que dans l’imagination de l’ancien abbé. Celui des
     Cinq-Cents fit plus de difficultés et traîna les pieds mais finit par se rendre aux arguments
     de son président, Lucien Bonaparte. Pendant toute cette journée, Jourdan demeura calme,
     silencieux, se montrant peu, écoutant, observant et se gardant de la moindre initiative. Cette
     réserve de sa part inquiéta les conjurés qui se méfiaient de lui et croyaient pouvoir
     titerpréter ses silences comme la preuve de sombres machinations. Ils étaient rien moins que
     rassurés sur leur propre sort. Il se raconte que, ce soir-là, Bonaparte se coucha avec deux
     pistolets chargés à portée de la main et que Sieyès commanda une voiture qui resta toute la
     nuit sur l’arrière de sa maison, attelée et prête pour la fuite en cas de
     nécessité !
    De son côté, Lucien Bonaparte convoquait les députés par des billets individuels pour se
     retrouver le lendemain à Satit-Cloud, et il en omit un certain nombre volontairement.
     C’étaient, pensait-il, ceux qui seraient les plus capables de faire opposition.
     Jourdan en faisait partie. En ce qui le concernait, la précaution était bien inutile. Il était
     au courant par ses officiers adjotits du lieu et de l’heure de la réunion. Le matin
     du 19, les jeux faits et le coup d’État réussi, il resta
     tranquillement chez lui mais, au fur et à mesure que les heures s’écoulaient, les
     nouvelles lui apprenaient que les événements ne se déroulaient pas comme prévu et
     qu’au demeurant il apparaissait que les conjurés n’avaient aucun plan de
     rechange à l’abrogation de la constitution. De plus, les salles retenues pour les
     réunions des deux assemblées n’étaient pas prêtes et il allait falloir plusieurs
     heures pour qu’elles soient en mesure de les accueillir. Alors, Jourdan décida
     subitement, sans que personne ne lui ait rien demandé, de se rendre à Satit-Cloud, car il lui
     apparaissait de plus en plus que Bonaparte voyait ses affaires se gâter.
    Arrivé à Satit-Cloud, Jourdan gagna l’orangerie où siégeaient les Cinq-Cents et où
     il fut admis de plein droit. Mais sa présence en surprit désagréablement certains.
     L’atmosphère virait à l’orage. Une nouvelle majorité était en train de se
     dégager, qui parlait ni plus ni moins de mettre Bonaparte et ses complices en accusation et de
     les décréter « hors la loi », inculpation d’une gravité
     exceptionnelle qui aurait permis d’abattre les conjurés à vue. Voyant la tournure
     que prenaient les événements, Jourdan quitta précipitamment la salle. Il estimait que, si
     l’opération échouait comme cela semblait être le cas, il serait toujours temps de
     revenir offrir ses services au Directoire, qu’au demeurant il détestait. Si, en
     revanche, et comme il semblait de moins en moins probable, elle réussissait, il pourrait
     s’y rallier, sans doute à contrecoeur mais sans difficulté.
    Seulement, lorsque Bonaparte pénétra dans la salle, il fut pris à partie par les députés. Ce
     fut en vain que ceux-ci cherchèrent Jourdan, dont ils espéraient qu’il prendrait
     la tête de la garde du Directoire. Cette troupe s’était toujours montrée
     ardemment républicaine et il suffisait que quelqu’un lui en donnât
     l’ordre pour qu’elle arrêtât les conspirateurs sans hésitation. Encore
     fallait-il précisément que l’ordre fût donné. Un des seuls qui pouvait le faire
     était Jourdan. À ce moment, accompagné d’un de ses aides de camp, celui-ci faisait
     les cent pas dans la cour, derrière les grilles du château, en parlant de choses et
     d’autres. Il ne tenait pas à être assimilé aux plus exaltés des Jacobins. Au fond,
     il se méfiait à présent un peu d’eux et craignait qu’une fois parvenus au
     pouvoir, malgré leurs déclarations d’titentions, ils
     n’en reviennent au système de dictature qu’avait connue la France au
     cours des années 1793 et 1794. Pris entre deux

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