Le Maréchal Jourdan
ordonna à Gouvion-Satit-Cyr, qui se trouvait à l’extrême gauche du
dispositif français, d’envelopper la droite autrichienne. L’archiduc
discerna la manoeuvre et, pour parer à ce danger, profitant de sa supériorité
numérique, accabla Soult qui fut alors contratit de reculer et dont les hommes commencèrent à
se débander. Jourdan dut titervenir à titre personnel, se jetant au milieu des fuyards pour
parvenir à les rallier. Repris en main, ils continuèrent à
s’accrocher au terrain mais leur action offensive était terminée et
Gouvion-Satit-Cyr fut lui aussi contratit dereculer. Après quoi, la bataille se résuma à une canonnade réciproque.
Détail piquant, ce furent les Français qui demeurèrent maîtres du champ de bataille, les
Autrichiens effectuant un repli général après treize heures de combat, en profitant du
crépuscule. Mais, le lendemain, Jourdan reprenait sa propre retraite en raison de sa trop
grande infériorité numérique. Il n’en demeure pas moins que cette bataille marqua un
double coup d’arrêt : celui de l’offensive autrichienne mais
également celui de l’armée française du Danube. Loin d’être une défaite
pour Jourdan, on peut la considérer comme un coup nul si on répugne à utiliser pour nos armes
le terme de « victoire ». Car, sur un plan stratégique, le but recherché
était attetit. L’armée autrichienne laissait cinq mille morts sur le terrain, quatre
mille prisonniers aux mains des Français et près de trois mille blessés dans les divers
hôpitaux. Elle était hors d’état de faire campagne pendant
plusieurs semaines. C’était autant de temps gagné pour l’armée
d’Helvétie.
L’archiduc Charles, pourtant d’habitude très modéré dans ses propos,
parla de succès parce qu’il n’avait pas été franchement battu.
C’est une des raisons pour lesquelles Clausewitz, qui a compris les motifs ayant
poussé Jourdan à titerrompre sa retraite et à livrer bataille, a qualifié la
« victoire » de l’archiduc d’« abstraite
et sans corps », ajoutant que, si celui-ci avait rapidement repoussé Jourdan au-delà
du Rhin puis s’était retourné vers la Suisse, il aurait pu imposer une bataille
décisive à Masséna dès la première moitié d’avril… Mais il perdit tout ce
mois. Lorsque l’archiduc reprendra sa marche vers la plaine suisse, ce sera
seulement à la fin du mois de mai et, là, il sera battu par Masséna lors de la première
bataille de Zurich (2-5 juin)
L’armée du Danube poursuivit sa retraite en direction de l’Alsace sans
être autrement inquiétée et Jourdan écrivit dans les derniers jours de mars au Directoire,
demandant à venir à Paris pour expliquer et justifier la manière dont il avait mené jusque-là
la campagne. Il savait que ses ennemis, en particulier les directeurs Barras et Reubell,
n’allaient pas manquer de chercher à l’accabler. Les arguments pour sa
défense étaient nombreux. Dès le départ, il avait demandé soixante-dix mille hommes et on ne
lui en avait accordé que quarante-cinq mille. De plus, ceux-ci étaient mal ou insuffisamment
équipés. En quittant son quartier général le 3 avril, il confia le commandement de
l’armée à titre provisoire à Ernouf, espérant être de retour sous quelques jours. En
fait, ils n’auraient plus jamais l’occasion de collaborer. En chemin, il
reçut un courrier qui le relevait de son commandement et confiait toutes ses troupes à Masséna.
Ce dernier, qui en avait le plus grand besoin, se hâta de les incorporer dans
l’armée d’Helvétie.
À Paris, le gouvernement cherchait avant toute chose à trouver un bouc émissaire à qui faire
supporter le poids de ce qu’il considérait comme une défaite. Avec impudence,
Reubell souttit devant le Conseil des Anciens que : « On avait confié de
grands moyens militaires et plus puissants que la République n’en avait jamais eus
puisque les débris sont encore si imposants. »
En d’autres termes, le Directoire souttit qu’il avait fourni à des
généraux incapables ce qui aurait dû normalement leur permettre de remporter des
victoires ! Il est difficile de faire preuve de plus de mauvaise foi. Jourdan,
directement visé, devait s’en souvenir et le rappel de ce comportement des
directeurs devait peser lourd sur sa prise de position le 18 Brumaire.
Il était au demeurant
Weitere Kostenlose Bücher