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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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aurait pu
     dire, de conspirations futures contre le gouvernement consulaire (toujours à cette époque la
     méfiance maladive de Bonaparte).
    Ce ne fut toutefois pas sans quelque étonnement que Jourdan apprit, le
     24 juillet 1800, qu’il était relevé de son poste et nommé
     ambassadeur de la République auprès du gouvernement piémontais. C’était un domaine
     dans lequel il ne connaissait strictement rien, tant sur la manière de mener des négociations,
     de rédiger des notes verbales que sur les us et coutumes d’usage dans la profession.
     Il accepta néanmoins le poste en pensant qu’il trouverait dans le personnel de son
     ambassade des hommes susceptibles de le guider.
    Détail au moins aussi important, il n’avait jamais mis les pieds en Italie et ne
     parlait même pas la langue. L’ensemble constituait dès le départ un assez lourd
     handicap.
    La situation au Piémont était passablement compliquée. Le royaume de Sardaigne comprenait,
     outre cette île, le Piémont, la Savoie et le comté de Nice, avec pour capitale Turin.
     S’étant jotit à la première coalition, le pays s’était vu arracher Nice
     et la Savoie. Le Piémont continuait à être occupé par l’armée française. Seule la
     Sardaigne demeurait possession du roi Charles-Emmanuel qui, ayant perdu l’essentiel
     de ses possessions, errait de ville en ville à travers l’Italie. En vain, Bonaparte
     venait de lui offrir de rentrer à Turin, sans préciser à quel titre, car il n’eût
     pas été fâché d’avoir un souverain comme vassal. Le roi ne répondit même pas à cette
     proposition.
    Dans l’idée du premier consul, le pays s’acheminait donc peu à peu non
     pas vers une république dépendante mais vers un territoire annexé à la France. Pour
     l’heure, le gouvernement auprès de qui Jourdan était accrédité dépendait entièrement
     de cet ambassadeur et ne pouvait concrétiser le moindre acte sans avoir son accord. À ce titre,
     Jourdan siégerait au Conseil des ministres et, du reste, ceux-ci étaient nommés avec son
     agrément, autant dire celui de Paris.
    Deux tendances, plutôt que deux partis, s’opposaient aussi bien dans le pays
     qu’au gouvernement : l’une, royaliste, qui faisait des
     voeux pour une victoire de l’Autriche et le retour du souverain resté fort
     populaire à la tête du pays ; l’autre, républicaine, soutenant la
     population favorable à la France. Mais même cette dernière n’eût pas été fâchée de
     voir le Piémont recouvrer son indépendance.
    L’occupation française était assez mal acceptée, car rien ne laissait en entrevoir
     la fin dans un proche avenir. L’armée d’Italie commandée par Masséna
     vivait sur le pays et vivait bien.
    Les réquisitions de toutes natures étaient difficilement supportées, d’autant plus
     que Masséna se servait largement à titre personnel. À ces charges, déjà extrêmement lourdes,
     s’ajoutait une contribution de guerre d’un million et demi de francs par
     mois, soit dix-huit millions par an. Cette somme paraissait d’autant plus
     exorbitante que les revenus annuels du pays n’en dépassaient pas quinze. Dans ces
     conditions, l’ensemble de la population trouvait que la « libération des
     peuples opprimés » dont on lui rebattait les oreilles avait un goût plutôt amer et
     que l’ancienne soi-disant tyrannie royale ne manquait pas de charme !
     D’où une atmosphère plutôt pesante avec un arrière-goût de révolte.
    Les instructions que reçut Jourdan, avant de quitter Paris, étaient fort simples. Il devait
     continuer à faire vivre l’armée d’occupation sur le pays, veiller à ce
     que la fameuse contribution de guerre rentre bien dans ses caisses et, quelles que soient les
     demandes du gouvernement local, ne prendre aucun engagement quant à l’avenir
     politique du pays. Si on le pressait trop de questions sur ce potit, il devait se réfugier dans
     le vague, avancer qu’il n’avait pas reçu d’instructions et
     annoncer qu’il allait en référer à Paris. Son rôle était donc plutôt celui
     d’un proconsul que celui d’un ambassadeur ; mais il ne lui
     était pas titerdit de faire preuve de tact, de souplesse et de diplomatie dans
     l’accomplissement de sa mission.
    Arrivé sur place dans le courant du mois d’août 1800, il
     s’efforça de nouer des rapports cordiaux avec les membres du gouvernement
     qu’il était censé contrôler. Assez

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