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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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coup d’État, ne cacha pas sa façon de penser, franchement défavorable au
     premier consul. Se sentant soutenu par l’opinion publique, Jourdan écrivit à Fouché,
     ministre de la Police, ancien conventionnel et ancien Jacobin. Dans des termes très dignes et
     très mesurés, Jourdan, tout en soulignant ce que la mesure avait d’inique et même de
     révoltant, eut l’habileté de ne pas discuter la décision et demanda simplement un
     passeport pour se rendre à La Rochelle. La réponse ne se fit pas attendre. Dès le
     lendemain, Fouché l’invitait à passer le voir à son bureau, au ministère.
    Alors que la majorité de ses amis et connaissances commençaient à prendre leurs distances
     vis-à-vis de lui et que Lefebvre allait jusqu’à faire dire qu’il était
     absent lorsque madame Jourdan se présenta chez lui pour le supplier d’titervenir en
     faveur de son mari, un seul eut le courage et la dignité d’apporter publiquement son
     soutien à Jourdan, l’accompagnant lors de sa visite à Fouché. Ce fut Bernadotte qui
     prit sciemment le risque de se brouiller avec les autorités. Toute sa vie, Jourdan allait, dans
     la mesure de ses moyens, lui donner des preuves de sa reconnaissance. Fouché les reçut très
     cordialement. Il ne leur cacha pas qu’il avait montré la lettre de Jourdan à
     Bonaparte, qui avait compris qu’il devait faire machine arrière. Suivant les dires
     du ministre, il avait merveilleusement joué la comédie de la surprise. Après l’avoir
     lue, il s’était écrié : « C’est l’abbé
     Sieyès qui a fait prendre cet arrêté et c’est lui et ses affidés qui ont dressé la
     liste. Je n’approuve pas cette mesure… Dites à Jourdan qu’il
     peut se retirer où il voudra et qu’il continuera à jouir de son traitement
     d’officier général jusqu’à ce que les circonstances me permettent de
     l’employer… »
    Mais Fouché, dont les sources de renseignements étaient des meilleures, savait et ne le cacha
     pas à ses visiteurs, à qui le liaient de vieux souvenirs communs,
     que l’auteur de la liste était Bonaparte en personne.
     Celui-ci poussa même l’hypocrisie jusqu’à écrire à Jourdan une lettre
     personnelle débordant de cordialité. Puis, le 1 er  frimaire
     (22 novembre), la radiation de Jourdan de la liste des proscrits parut au Moniteur , officialisant la situation. Deux mois plus tard, le
     21 janvier 1800, il était nommé inspecteur général d’infanterie et
     de cavalerie pour les garnisons de l’ouest. Ce n’était pas, à
     proprement parler, un commandement, mais presque une voie de garage pour un vieux général aux
     abords de la retraite, d’autant que les hostilités étaient loin d’être
     terminées et qu’il aurait pu espérer qu’on lui confiât une armée. Mais
     c’était mieux que rien d’autant que, dans les départements de
     l’ouest, l’agitation royaliste prenant la forme d’une
     insurrection avait repris en Normandie, sous la haute direction du comte de Frotté, débarqué
     depuis le 1 er  vendémiaire en provenance, de Grande-Bretagne. Un peu plus
     tard, alors qu’il négociait sa reddition à l’abri d’un
     sauf-conduit, Bonaparte le fit appréhender et fusiller au mépris du Droit. C’était
     donc un peu plus qu’un simple travail de routine qui était confié à Jourdan et il
     s’y consacra avec sa méticulosité habituelle.

VII
    MIS À L’ÉCART
    (1800-1806)
    Dès qu’il fut à la tête de l’État, Bonaparte se hâta de transformer un
     certain nombre de généraux en qui il voyait plus ou moins des rivaux potentiels en ambassadeurs
     qu’il envoya aux quatre coins de l’Europe, autant pour les rabaisser que
     pour les éloigner du siège du pouvoir central. C’est ainsi que Macdonald atterrit au
     Danemark, Brune en Turquie, Lannes à Lisbonne et Andréossy à Londres, car la paix
     d’Amiens venait d’être signée avec la Grande-Bretagne. Cette dernière
     nomination fit l’objet d’un bon mot, quelque peu cruel, de la part de
     Talleyrand qui commençait à trouver qu’il y avait un peu trop de traîneurs de sabres
     dans la diplomatie. Ce ne furent pas les seuls et Jourdan se trouva, lui aussi, transformé en
     plénipotentiaire. Il remplissait depuis un peu plus de six mois ses fonctions
     d’inspecteur général et parcourait les garnisons de l’ouest, ce qui
     pouvait être l’occasion, pensa Bonaparte, de nouer des amitiés en vue, qui

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