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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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avaient cratit sa vindicte. Aussi
     limita-t-il au maximum les représailles et Brune, en accord avec lui, donna-t-il des ordres
     stricts à ses chefs de corps pour que les soldats ne se conduisent pas en soudards dans les
     localités réoccupées.
    Depuis Paris, Bonaparte suivait le déroulement des événements avec une attention
     particulière. Il n’avait pas renoncé à traiter avec le roi Charles-Emmanuel et lui
     envoya plusieurs messagers mais sans jamais préciser le rôle qu’il entendait lui
     faire jouer. Mais ce souverain au caractère un peu falot était sous l’influence de
     sa femme, soeur de Louis XVI qui haïssait tout ce qui touchait de près ou de loin à la
     Révolution. Réfugié à présent en Sardaigne, hors d’attetite des Français, le roi
     n’était pas pressé d’entrer en rapport avec eux. Il finit tout de même
     par envoyer un de ses proches, monsieur de Satit-Marsan, qui ne se hâta pas
     d’arriver à Paris et n’y parvtit qu’après la signature de la
     paix de Lunéville. Là, il trouva encore le moyen de faire traîner les négociations en longueur.
     Bonaparte finit par se lasser et se rallia sans grand enthousiasme, semble-t-il, à la solution
     de l’annexion. Bien entendu, Charles-Emmanuel ne voulut pas en entendre parler ni
     renoncer à ses droits. Il abdiqua au début de 1802 en faveur de son fils, après la mort de sa
     femme, et se retira à Rome chez les Jésuites, après avoir pris soin d’assurer la
     préservation de ses titérêts matériels. Il devait y mourir en 1819.
    Dès lors, l’annexion devenait la seule solution possible car, aux yeux de
     Bonaparte, il était hors de question de créer une nouvelle république soeur.
     Toutefois, le premier consul ne l’envisagea qu’avec un maximum de
     précautions. Il écrivit à Jourdan en lui recommandant de faire preuve de la plus grande
     discrétion sur ce potit délicat, car c’était avec une politique semblable menée au
     grand jour par le Directoire que ce dernier avait eu à faire face à la seconde coalition. Pour
     le reste, ses instructions tenaient en quatre potits qui développaient la pensée de
     Bonaparte : les Piémontais formeraient désormais une division militaire à
     l’image de celles de la France avec son siège à Turin ; le pays était
     divisé en six départements : Eridan, Marengo, Tanaro, Sesia, Doire et Sture.
     Financièrement et judiciairement, il était titégré à la République française et Turin devenait
     également le siège d’une cour d’appel. Les attributions de
     l’ambassadeur demeuraient les mêmes : il était toujours une manière de
     proconsul, mais son titre était changé. Il devenait administrateur général du Piémont, ce qui
     n’avait pas d’équivalent en France et mettait le pays dans une position
     quelque peu inférieure. Aujourd’hui, on pourrait l’assimiler à un
     superpréfet. Pour gouverner, il était assisté d’un conseil de six membres désignés
     par lui. Ainsi, grâce à ces particularités, ce n’était pas une annexion pure et
     simple même si cela y ressemblait fort.
    Dans sa lettre, Bonaparte insistait sur la manière dont Jourdan devait exercer ses
     fonctions : douceur, diplomatie, fermeté, promesses à long terme... Enfin, depuis
     qu’il était en coquetterie avec le clergé (le Concordat fut signé le
     15 juillet 1801), il ne cessait de recommander à ses représentants de calquer
     leur conduite sur la sienne. Mais, là, il rencontrait une résistance acharnée, surtout dans
     l’armée où l’esprit anticlérical n’avait pas perdu de sa
     virulence. On se rappelle la remarque sans nuances que le général Delmas avait faite à
     Bonaparte à l’issue d’un Te Deum à Notre-Dame. Incité à se rendre
     aux cérémonies religieuses et à assister aux offices, Jourdan, qui par ailleurs se conformait
     au pied de la lettre à ses instructions, opposa un net refus à l’invitation de se
     rendre à l’église. En lui, le Jacobin ou plus exactement le voltairien
     n’était pas mort. Il alla jusqu’à soutenir que sa
     présence aurait pour seule conséquence d’entraîner des revendications innombrables
     et injustifiées de la part des prêtres.
    Bonaparte ne releva pas le propos. Il avait encore besoin de la présence de Jourdan à
     Turin ; mais ce serait plus tard un élément de plus pour justifier son rappel.
    L’annonce même voilée d’une probable annexion, accompagnée de
    

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