Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
entre Soult,
     Ney et Mortier, tous trois dans le nord, qu’un ordre de Napoléon, oubliant
     délibérément le rôle de Jourdan, avait placés directement sous les ordres du premier. Le chef
     d’état-major général était d’autant plus inquiet du déroulement des
     événements, et de cette espèce de révolte des trois maréchaux, qu’il avait percé à
     jour les plans de Wellesley et compris que celui-ci, après s’être replié sur
     Lisbonne, entamait une manoeuvre qui, espérait-il, lui permettrait de marcher sur
     Madrid et d’enlever la capitale.
    Mis au courant, le roi Joseph conserva son sang-froid et renouvela sa confiance à son ami
     avec d’autant plus de mérite qu’il le savait plus en défaveur que jamais
     auprès de son frère. Se saisissant du prétexte que Jourdan avait pris l’habitude
     d’arborer à son bicorne une cocarde rouge, couleur de l’Espagne, Napoléon
     avait fait radier son nom de l’Almanach impérial de 1809. Cette brimade avait
     d’autant plus affecté Jourdan que l’histoire de la cocarde était
     entièrement fausse et le maréchal, qui s’y est étendu en détail dans ses mémoires,
     soutient, avec de sérieux arguments à l’appui, que par ce moyen
     l’empereur voulait l’obliger à passer définitivement au service de
     l’Espagne en perdant la nationalité française et être ainsi débarrassé de lui.
    Or, de cette situation-là Jourdan ne voulait à aucun prix et ses protestations véhémentes
     demeurèrent, pour l’heure, sans effet. Mais il persévéra dans ses demandes et dut
     attendre deux ans pour voir son nom reparaître enfin dans le fameux Almanach.
    Mais, en cet été 1809, il avait de plus sérieuses préoccupations. Contrairement aux dires de
     certains qui en faisaient courir le bruit, le déclarant fatigué et diminué, il conçut, face à
     la menace que les alliés faisaient peser sur Madrid, un plan magistral. Son objectif
     n’était pas de repousser l’armée ennemie jusqu’au Portugal
     mais de l’anéantir. Pour le réaliser, il disposait de forces importantes. Au nord de
     l’Espagne, autour de Salamanque, campait l’armée de Soult, forte de trois
     corps d’armée, soit environ soixante mille hommes. À proximité de Madrid, se
     trouvaient le corps de Victor, dit armée du centre, comptant vingt-deux mille soldats et celui
     de Sebastiani, un peu moins important, alignant tout de même quatorze mille à quinze mille
     combattants. Il y avait de plus le corps dépendant directement de Jourdan, soit encore quinze
     mille hommes, et la petite garde royale très hispanisée pour répondre aux voeux de
     Joseph mais qui avait, jusque-là, fait bonne figure. C’était donc un ensemble de
     plus de cent dix mille hommes sur lesquels Jourdan pouvait espérer compter.
    Toute la subtilité, la hardiesse et l’habileté du plan de Jourdan tenaient à ce
     qu’au lieu de se porter vers la frontière pour arrêter l’envahisseur, il
     voulait le laisser pénétrer assez profondément en Espagne. Sans lui permettre
     d’atteindre Madrid où les forces françaises lui barreraient la route, on le
     laisserait suffisamment avancer pour que les trois corps de Soult dévalant du nord viennent en
     parfaire l’encerclement, ce qui permettrait d’obtenir une capitulation en
     rase campagne. Mais, de leur côté, les troupes bloquant la route de Madrid devraient secontenter de faire obstacle sans prendre le risque d’engager une
     bataille rangée.
    Sur ce potit, Jourdan expliquait dans son commentaire que si les régiments anglais étaient
     capables d’entreprendre une telle action, leurs alliés portugais et surtout
     espagnols qui, lorsqu’ils étaient bien commandés, se montraient à peu près
     utilisables dans la défensive, se révélaient franchement médiocres dans
     l’attaque.
    Lorsqu’il prit connaissance du plan de son chef d’état-major général,
     le roi Joseph, encore qu’il fût obnubilé par le risque de voir sa capitale tomber
     aux mains de l’ennemi, donna immédiatement son accord. Avec son sens instinctif de
     la stratégie, il comprenait que la capture de l’armée anglaise était probablement la
     seule chance d’étouffer l’insurrection générale qui, si elle
     n’était plus soutenue par la Grande-Bretagne, s’éteindrait faute de
     moyens.
    Pour avoir des chances de réussir, une telle manoeuvre devait être tenue secrète.
     Jourdan et le roi tombèrent d’accord pour ne

Weitere Kostenlose Bücher