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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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mettre les maréchaux au courant que du
     strict nécessaire des rôles qu’ils auraient à jouer, se réservant de leur en
     apprendre davantage au fur et à mesure du développement des opérations.
    Soult, tout en accusant réception de ses instructions partielles, crut devoir faire remarquer
     qu’elles étaient en contradiction avec celles de Napoléon qui préconisait une
     bataille rangée à laquelle participeraient l’ensemble des troupes françaises. Mais
     il semble que même ainsi, il comprit l’essence du plan de Jourdan et déclara
     qu’il allait exécuter sans arrière-pensée les mouvements qu’on lui
     demandait. Quant à Napoléon, le risque était trop grand de voir le courrier qui porterait le
     plan tomber aux mains de l’ennemi pour qu’on l’en avertît. Au
     demeurant, au même moment en Autriche, l’empereur avait d’autres soucis
     en tête que les problèmes espagnols. Il était entièrement absorbé par les préparatifs de la
     bataille qui allait lui permettre de réparer le demi-échec qu’il avait subi à
     Essling.
    *
    Après avoir forcé Soult à évacuer le Portugal, Sir Arthur Wellesley, remontant la vallée du
     Tage, avait pénétré en Espagne dans le courant du mois de juin 1809. Toutefois, devant
     le manque total d’opposition de la part des Français, il avait progressé avec
     beaucoup de prudence. Ce fut seulement le 10 juillet, à Plasencia, qu’il
     opéra sa jonction avec l’armée espagnole, pompeusement nommée « du
     centre », commandée par Don Grégorio Cuesta, Grand d’Espagne et capitaine
     général d’Estrémadure. Plein de morgue et de suffisance, cet homme de soixante-dix
     ans n’avait pourtant jamais connu sur le plan militaire que des revers. Il appuyait
     ses prétentions d’entrer bientôt botte à botte aux côtés de Wellesley dans Madrid,
     en triomphateur sur son armée. Elle comptait trente mille fantassins, sept mille cavaliers et
     soixante-dix pièces de canon. De plus, Cuesta espérait bientôt être renforcé par le corps de
     Venegas, fort de vingt-six mille hommes. Il semblait ignorer que ce dernier, alors campé sur
     les rives de la rivière Guadiana, était « marqué » par une partie du
     4 e  corps, commandé par Sebastiani, et allait être refoulé loin du théâtre
     d’opérations dans les semaines suivantes.
    Les deux généraux alliés ne savaient pas que, quatre jours avant leur rencontre, Napoléon
     avait battu les Autrichiens à Wagram. Après avoir passé en revue les régiments espagnols,
     Wellesley se vit confirmé dans ses doutes quant au succès de l’opération sur Madrid.
     Ensemble, les deux généraux quittèrent Plasencia, le 17 juillet, mais
     l’Anglais laissa Cuesta s’engager seul sur la route de Madrid, avec
     vingt-quatre heures d’avance sur lui. L’Espagnol
     n’allait pas tarder à se heurter à Victor et à rétrograder en toute hâte sur son
     allié. Ils se retrouvèrent devant la ville de Talavera. À ce moment, Wellesley ignorait encore
     tout de la marche de Soult. Toutefois, il décida de suspendre sa progression, malgré les
     supplications de Cuesta, et de se retrancher solidement sur les collines bordant la route de
     Talavera à Madrid. Au demeurant, et cela lui avait donné à réfléchir, les habitants de Talavera
     avaient accueilli plutôt froidement des alliés que précédait une solide réputation de
     pillards.
    Ses rapports d’éclairage avaient appris à Wellesley que
     l’armée du maréchal Victor avait vraisemblablement reçu des renforts.
     C’était exact. Le roi, accompagné de Jourdan, d’une division
     d’infanterie (Dessolles) et d’une partie importante du corps de
     Sebastiani, avait rejotit le duc de Bellune qui avait déployé son armée face à celle des
     alliés, de l’autre côté de la route de Talavera à Madrid que longeait un ruisseau,
     l’Albareche.
    Le maréchal Jourdan ayant parcouru le terrain et examiné attentivement
     les emplacements des armées conseilla au roi de demeurer sur sa position qui était forte en
     barrage, aussi longtemps que nécessaire, pendant que Soult effectuerait son mouvement
     d’encerclement. Il estimait, probablement avec raison, que les Anglais, après
     s’être retranchés dans les collines, adopteraient une tactique défensive et ne
     passeraient pas à l’attaque, jugeant cette formule trop hasardeuse. Joseph semblait
     vouloir accepter la manière de voir de Jourdan qui était

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