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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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visiblement la plus réaliste, surtout
     si l’on tenait compte de la chaleur écrasante qui régnait. Ce fut alors
     qu’titervtit le maréchal Victor qui ne brillait pas par l’titelligence.
     Il s’emporta, déclara qu’il était honteux de demeurer dans
     l’inaction et pressa vivement Joseph de donner l’ordre de se porter sur
     l’armée ennemie dont il assurait ne faire qu’une bouchée. On était en fin
     d’après-midi ; il restait peu d’heures de jour. Joseph
     hésitait. Il craignait, s’il contrariait Victor, que celui-ci ne se plaignît à
     Napoléon, clamant qu’on l’avait empêché par excès de prudence de
     remporter une victoire facile et décisive. Il finit donc par donner, quoique à
     contrecoeur, l’autorisation. La bataille de Talavera, qui allait se
     dérouler sur trois jours, s’engagea.
    Ce qu’il y a de remarquable dans cette rencontre, c’est
     qu’une partie seulement des forces en présence, de part et d’autre, y
     participa. Du côté français, seul Victor mena les attaques, lançant à plusieurs reprises son
     infanterie à l’assaut des collines tenues par les Anglais. Sebastiani, qui estimait
     que Jourdan avait raison en voulant temporiser, se contenta de quelques démonstrations
     soutenues par des tirs d’artillerie. Quant à Jourdan, furieux de constater
     qu’on ne tenait aucun compte de ses recommandations, il demeura spectateur muet et
     se garda bien de donner un nouvel avis. Pour un peu, il aurait quitté le champ de bataille et
     serait retourné à Madrid. Du reste, tout le déconcertait dans cet affrontement,
     jusqu’au fait qu’entre les assauts les soldats des deux camps
     descendaient boire dans le ruisseau Albareche et se regardaient tranquillement, sans le moindre
     signe d’hostilité, comme s’ils n’avaient pas été des
     adversaires. Et leurs officiers ne faisaient rien pour empêcher cette espèce de
     fraternisation.
    Chez les alliés, il y eut un phénomène identique. Seules les divisions anglaises, retranchées
     dans les collines, supportèrent le poids des assauts français, et les Espagnols, déployés entre
     Talavera et l’armée anglaise, assistèrent, eux, en spectateurs à toute la
     bataille.
    Leurs pertes, plutôt légères, dépassèrent à peine mille deux cents
     hommes. Le deuxième jour vit se répéter les mêmes assauts que le premier. Les soldats de
     Victor, engoncés dans leurs lourds habits de drap, peinaient à avancer et leur dynamique
     manquait d’autant de mordant.
    Le troisième jour, se croyant menacé sur sa droite, Victor esquissa un mouvement de recul
     sans en prévenir personne, ce qui allait lui valoir un peu plus tard une explication orageuse
     avec Sebastiani qui, n’ayant pas été informé de ce mouvement en arrière, en exécuta
     sans motifs un identique. Mais voyant peu après que les alliés, loin de les poursuivre,
     semblaient ne pas bouger, tousdeux arrêtèrent leur retraite et vinrent réoccuper leurs positions primitives.
     Ce fut pour constater à leur grande stupeur que l’ennemi avait déguerpi pendant leur
     recul. En définitive, les Français restaient maîtres du champ de bataille et Madrid se trouvait
     hors de danger.
    La veille au soir, Wellesley avait appris que Soult, déboulant du nord, marchait sur ses
     arrières et que Moncey venait d’occuper El Ponte del Arzobispo, très en arrière de
     ses lignes, sur le Tage, que Cuesta avait négligé de faire garder. Il avait aussitôt averti son
     partenaire de sa décision de reculer sans tarder et, pendant qu’il en était encore
     temps, jusqu’à Lisbonne. Entre les deux hommes, avait eu lieu une scène
     d’une rare violence, Cuesta voulant convaincre l’Anglais de continuer à
     marcher sur Madrid. À la fin, son indignation avait été telle que l’Espagnol était
     tombé, frappé d’apoplexie. Sans s’en préoccuper davantage, le général
     anglais, abandonnant les Espagnols à leur sort, avait immédiatement battu en retraite et, du
     même coup, sauvé son armée. Mais le plan élaboré par Jourdan, même s’il
     n’avait pas pu entièrement se réaliser, avait, jusqu’à un certain potit,
     porté ses fruits et permis à Joseph de préserver sa capitale.
    Talavera fut une bataille incertaine où les pertes s’équilibrèrent : un
     peu plus de sept mille hommes de chaque côté. Sebastiani avait dû abandonner plusieurs canons
     embourbés dans les vignes, mais dans leur retraite les

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