Le Maréchal Jourdan
conférences secrètes avec Londres,
offrait d’évacuer le Portugal et de reconnaître Joseph si les armées françaises
quittaient l’Espagne ; dès que Joseph le jugerait possible, les troupes
françaises, dans leur totalité, rentreraient en France. Enfin, afin de lui permettre de
rétablir ses finances, Napoléon s’engageait à prêter à son frère un million par
mois, que celui-ci rembourserait plus tard, dès qu’il le pourrait.
Devant cette avalanche de bonnes nouvelles et quoique les négociations secrètes avec
l’Angleterre lui parussent un peu fantaisistes, le roi sentit sa détermination
faiblir. Toutefois, il y eut un potit sur lequel il demeura inébranlable, en en faisant une
condition sine qua non . Ce fut le retour à ses côtés, toujours à titre de conseiller,
du maréchal Jourdan. Il se garda bien de rappeler à son frère que c’était aussi son
ami et le seul des maréchaux avec lequel il s’entendait.
Napoléon ne montra aucun empressement à accéder à cette requête. Il continuait à se méfier de
la paire formée par les deux hommes qui, à ses yeux, s’entendaient trop bien. Il
finit par céder parce que, dès cet instant, il commençait à se déstitéresser des affaires
d’Espagne, étant entièrement absorbé par les préparatifs de sa guerre avec la
Russie. Mais il voulait que Joseph continuât à figurer sur le trône de Madrid. Le
17 juillet, il écrivit à Berthier, lui ordonnant de faire mettre à la disposition de
Jourdan la somme nécessaire « pour faire son équipage et aller en
Espagne ». Le roi avait quitté Paris le 30 du même mois, puis, comme s’il
avait voulu différer sa décision, voire la rapporter, l’empereur convoqua le
maréchal à Satit-Cloud, le 10 août.
À ce moment, Joseph avait déjà quitté Paris et prévenu son ami des nouvelles fonctions qui
l’attendaient.
Certes, l’inaction pesait à Jourdan et quoique cela ne manquât pas de
l’étonner, se voir appelé à exercer à nouveau un rôle qu’il ne
connaissait que trop pouvait le réjouir mais en même temps l’inquiéter quelque
peu : l’Espagne, et encore comme major général !
L’idée en soi le refroidissait. Ce fut sans aucun enthousiasme qu’il
répondit à la convocation de l’empereur. Celui-ci
n’évoqua nullement devant son visiteur les perspectives
qu’il avait laissé entrevoir à Joseph et que ce dernier avait rapportées à son ami
pour le décider à venir. Tout au contraire, il se borna à lui faire connaître
« qu’en Espagne il ferait ce qui conviendrait à sa
politique ». Aussitôt, Jourdan, édifié, déclara que dans ces conditions et à la
lumière de ses expériences passées il demandait à ne pas se rendre en Espagne. Cet emploi ne
lui avait valu que des désagréments et des rebuffades de la part de son titerlocuteur et de ses
camarades. Seul le roi, son ami, avait fait preuve de « bontés » à son
égard, mais ce n’était pas un motif suffisant pour retourner servir à ses côtés.
Non, il demandait à être autorisé à retourner vivre au Coudray ! Napoléon, sans
vouloir définir une fois de plus ses prérogatives, déclara alors, coupant court à la
discussion, que c’était un ordre ! Jourdan n’avait plus
qu’à obéir.
Il quitta Paris le surlendemain, mais son voyage fut singulièrement allongé par le fait
qu’aucune instruction n’avait été prévue pour lui fournir une escorte
aussitôt la frontière franchie. Arrivé le 18 août à Vitoria, après plusieurs arrêts
destinés à attendre une protection, il parvtit seulement le 28 septembre à Madrid et y
prit dès le lendemain ses fonctions.
La situation militaire était beaucoup moins brillante que l’année précédente. Seul
Suchet, à l’est, continuait à marquer des potits. Masséna, fatigué,
écoeuré, avait été remplacé à la tête de l’armée du Portugal par Marmont
qui avait évacué le pays et s’était replié sur l’Espagne. Soult, en
Andalousie, sous divers prétextes plus ou moins valables restait immobile et n’avait
fait aucun effort sérieux pour se porter à l’aide de l’armée du Portugal
en difficulté. Aussi, Wellesley, à présent Lord Wellington, s’en prenant cette fois
à Marmont, s’apprêtait-il à envahir une fois de plus l’Espagne. Pour
couronner le tout, alors que jusqu’à présent l’empereur avait toujours
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