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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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représentant du roi, au départ relégué au rôle
     de spectateur, avait réussi à faire accepter son souverain comme membre à part entière et, du
     coup, la France mettait son armée au service de ses alliés !
    Jourdan, dans la mise sur pied de guerre des unités de sa région militaire, était à son
     affaire et les résultats qu’il obttit furent appréciés à Paris. Aussi, à la
     mi-novembre, fut-il gratifié d’un congé pour se rendre dans sa famille. Mais la
     faveur royale allait se manifester surtout à la fin de l’année d’une
     manière éclatante.
    Louis XVIII savait (ce n’était pas un secret) que le souhait de Jourdan était
     toujours d’être créé duc comme la majorité des maréchaux, et plus précisément duc de
     Fleurus, en souvenir de sa plus belle victoire. Il était hors de question que la royauté lui
     décernât un titre rappelant un succès de la Révolution, et même de la Convention, mais
     également, pour un certain nombre de raisons dont des questions de préséance, d’en
     faire un duc. Cependant, le roi voulait lui manifester sa satisfaction et le faire accéder à la
     noblesse puisqu’il y aspirait toujours. Aussi, une ordonnance du
     1 er  janvier 1815 le créa comte Jourdan, sans fief particulier. Le maréchal
     apprécia le geste à sa juste valeur. Il avait vu Napoléon distribuer à la volée les titres de
     noblesse comme autant de grades, et il était au courant du fait que les souverains capétiens
     avaient, au contraire, permis à des roturiers de s’élever dans la noblesse avec
     parcimonie. C’était avec raison que l’on estimait qu’un titre
     comtal venu du roi valait largement plus qu’un titre ducal, cadeau de Napoléon. De
     fait, trois maréchaux seulement allaient bénéficier de la générosité de Louis XVIII.
     Ce fut Jourdan en 1815, puis Gouvion-Satit-Cyr et le vieux Pérignon, faits marquis le même
     jour, en 1817.
    Jourdan se sentit d’autant plus flatté que le neveu du roi, le duc
     d’Angoulême, prit la peine de venir en personne lui remettre les lettres patentes
     qui le consacraient gentilhomme. La cérémonie eut lieu à Évreux, dans la première quinzaine de
     janvier 1815. Le maréchal eut le bon goût de se choisir les armes les plus simples
     possibles : un écusson d’azur en forme de bouclier, chargé de ses
     initiales entrelacées de sable et formant chiffre. Cette modestie fut appréciée. Les nouvelles
     conditions de travail de Jourdan, la faveur dont il bénéficiait, lui convenaient parfaitement,
     et il prévoyait qu’il continuerait à en jouir pendant une longue période. Peut-être
     même, songeait-il, recevrait-il un commandement actif si une guerre éclatait en Europe.
     Soudain, le 1 er  mars, Napoléon débarqua à Golfe-Juan.
    *
    Dès qu’il en fut informé, Jourdan, même s’il éprouvait quelques doutes
     quant à la fidélité de ses troupes à soutenir la cause royale, mit celles-ci en état
     d’alerte et demanda des instructions au ministre de la Guerre. En même temps, le
     10 mars, il adressait un ordre du jour à ses régiments, y évoquant « la
     tentative insensée de Bonaparte », et précisant que « son entreprise
     ridicule tend à livrer la patrie aux horreurs de la guerre civile », laissant
     entendre qu’en quelques jours elle avorterait complètement. On connaît la suite.
     Jourdan savait que la majorité des soldats étaient prêts à rallier la cause impériale et ne
     marcheraient pas pour le roi. Clarke, à nouveau ministre de la Guerre, lui aussi sans
     illusions, lui recommanda simplement de matitenir l’ordre dans ses régions.
    Louis XVIII quitta Paris le 19 mars et gagna Lille. Napoléon arriva dans la
     capitale, le 20. Le roi passa en Belgique le 23. Pendant ces quelques jours, Jourdan
     s’était tenu à Rouen dans une prudente expectative, ne sachant vraiment quel
     comportement adopter. Il pensait bien devoir prendre position en fonction de son titérêt
     personnel autant que de ses convictions.
    Il aurait pu, comme Macdonald, rejoindre puis suivre le roi et il l’envisagea un
     moment. Il avait aussi la possibilité, comme Gouvion-Satit-Cyr ou Oudinot, de rentrer chez lui
     et d’attendre. Il pouvait enfin se rapprocher de Napoléon dont la marche triomphale
     sur Paris donnait beaucoup à penser. Celui-ci faisait courir la rumeur qu’il
     agissait en plein accord avec Metternich, le chancelier d’Autriche, et que
     Marie-Louise,

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