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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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accompagnée du roi de Rome, allait bientôt le rejoindre. Aussi, Jourdan (et il
     n’était pas le seul) se demandait s’il n’était pas de retour
     pour une très longue période. En n’allant pas lui faire allégeance, ne risquait-il
     pas de perdre une nouvelle fois tous les avantages attachés à sa fonction ? On est
     toutefois étonné de ce que, se remémorant la manière dont il avait été traité par
     l’empereur, le maréchal pensa pouvoir croire que Napoléon serait plus équitable avec
     lui dans l’avenir.
    Si quelqu’un avait dû se détourner de l’empereur, c’était
     bien lui. Il est possible qu’inconsciemment ait joué en lui le vieux réflexe
     anticlérical, car il trouvait qu’il y avait vraiment trop de prêtres autour du roi.
     Sa perplexité devait être grande, car il attendit tout de même quatre jours avant de se
     présenter aux Tuileries, ne voulant pas donner à son nouveau revirement un caractère trop
     hâtif. Napoléon, qui avait vu un certain nombre de personnages sur lesquels il comptait lui
     faire grise mine, se montra plutôt aimable avec Jourdan, lui promettant de faire appel à ses
     services. Après quoi, il le fit attendre et Jourdan, quelque peu revenu de ses illusions, ne
     mit de son côté aucun empressement à solliciter de nouvelles fonctions. Très vite, il en arriva
     à se demander s’il n’avait pas commis un pas de clerc.
    Il était entré de nouveau en rapport avec Fouché qui rassemblait autour de lui un certain
     nombre d’anciens Jacobins, lesquels avaient tous beaucoup évolué. Le ministre
     conseilla au maréchal de prendre ses distances et, tout en servant le régime,
     d’éviter les excès de zèle. Jourdan, qu’avaient agacé les mensonges de
     Napoléon à propos de sa collusion avec Metternich, comprit le sens profond des paroles de
     Fouché et, comme les promesses de l’empereur ne se concrétisaient pas, il
     n’entreprit aucune démarche pour obtenir un poste et se retira au Coudray. Il ne put
     toutefois éviter de faire acte de présence avec les autres maréchaux à la cérémonie du Champ de
     Mai qui se ttit le 2 juin. Le même jour, il était nommé pair de France mais se garda
     bien de faire acte de présence à cette assemblée ni même d’entreprendre les
     démarches qui accompagnaient une telle nomination.
    Deux jours plus tard, le 4 juin, il apprit que l’empereur
     l’avait enfin désigné comme commandant de la 6 e  région militaire
     avec siège à Besançon. Le poste était d’importance, car la place était un verrou qui
     garantissait la frontière française et il était à craindre que, dans le cadre de la nouvelle
     coalition contre la France, les Autrichiens ne cherchent à le forcer. Toutefois, faisant
     siennes les recommandations de Fouché, Jourdan ne mit aucune hâte à gagner cette ville et y
     parvtit juste deux ou trois jours avant Waterloo. Il y était encore le 26 du mois, alors que
     Napoléon avait une nouvelle fois abdiqué depuis quatre jours. Fouché, qui avait pris la tête du
     gouvernement provisoire afin d’être en mesure de négocier avec Wellington en
     attendant le retour du roi, le nomma à la tête de l’armée du Rhin à la place de
     Rapp, qu’il jugeait trop bonapartiste. Rapidement, Jourdan se rendit compte que
     cette armée n’existait que sur le papier et il ne quitta pas Besançon.
    Quoique son sort lui parût désormais assez incertain, car Louis XVIII et son
     entourage semblaient assez mal disposés vis-à-vis de ceux pour qui ils n’avaient eu
     que des bontés et qui, malgré cela, s’étaient remis au service de
     l’usurpateur, Jourdan écrivit le 22 juillet au ministre de la Guerre,
     demandant l’autorisation de venir à Paris afin de « présenter moi-même au
     roi l’hommage de mon respectueux dévouement et de mon inviolable
     fidélité » !
    C’était se comporter avec une certaine impudence. Pour seule excuse, il
     n’était pas le seul à avoir agi de la sorte et à tout prendre, son rôle pendant les
     Cent-Jours avait été des plus minces. Le roi, comme avec beaucoup de ses camarades bien
     davantage compromis que lui, se sentit obligé de jouer la clémence, d’autant que,
     dans les circonstances troublées du moment, il pourrait être amené à faire appel aux services
     du maréchal. Le 31, ce dernier reçut donc par retour du courrier l’autorisation
     demandée, sous la seule réserve qu’il laisserait en son

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