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Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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absence un officier de grade
     élevé et compétent pour assurer ses fonctions. Il choisit le général de Montrichard, puis il
     prit la route de Paris.
    L’accueil de Louis XVIII fut évidemment moins chaleureux qu’en janvier.
     Il se montra froid, distant et en même temps quelque peu ironique, laissant Jourdan
     s’empêtrer dans des explications sur son ralliement à l’usurpateur. En le
     congédiant, il ne lui fit aucune promesse quant à un emploi futur, laissant à plaisir planer le
     doute. Après tout, dans les circonstances présentes, lui avoir accordé une audience
     représentait déjà un bienfait. Pour l’heure, la seule sanction qui le frappa fut la
     déchéance de la pairie, comme toutes celles accordées par Napoléon. Cela ne le touchait guère
     puisqu’il n’avait jamais siégé. Il n’était plus, non plus,
     gouverneur de Besançon, étant donné qu’en principe il se trouvait à la tête de
     l’armée du Rhin, dissoute avant même d’avoir été constituée. Mais il
     allait recevoir une nouvelle fonction qui serait davantage une corvée qu’un honneur,
     une punition en quelque sorte : il fut désigné pour présider le conseil de guerre
     qui devait juger le maréchal Ney.
    *
    Ney, depuis le débarquement de Napoléon à Golfe-Juan, avait déconcerté puis exaspéré tout le
     monde par son comportement irrationnel et ses prises de position excessives. Il avait promis au
     roi de ramener « l’usurpateur » enfermé dans une cage de fer,
     ce qui avait provoqué chez Louis XVIII la réflexion : « Le
     singulier petit oiseau qu’il nous rapportera… »
    À la suite de quoi, le maréchal, à qui ses troupes étaient décidées à ne pas obéir, au lieu
     de rentrer chez lui comme le lui avait suggéré son adjotit, Lecourbe, s’était jeté
     dans les bras de l’empereur. Par la suite, à Waterloo, il avait fait preuve
     d’une extraordinaire bravoure mais, de retour à Paris, Napoléon l’avait
     accusé « d’avoir donné comme un fou et fait massacrer sa
     cavalerie ». Enfin, lorsque Carnot, quelques jours plus tard, parlant en son nom et
     en celui de Davout, ministre de la Guerre, avait essayé de convaincre la Chambre des pairs
     qu’il était encore possible, avec les éléments épars, de constituer un tout solide
     pour livrer bataille dans de bonnes conditions sous Paris, Ney avait demandé la parole et, dans
     un discours véhément, avait convaincu ses collègues qu’on leur mentait
     et que tout était perdu. Ainsi s’était-il mis à dos tout le monde.
     Par la suite, alors qu’il aurait pu s’enfuir à l’étranger, il
     était demeuré en France, croyant pouvoir s’y cacher. Il avait fini par se faire
     arrêter. Les royalistes, dans leur acharnement, voulaient faire un exemple. Ney semblait le
     sujet tout trouvé et ses adversaires réclamaient sa mort. Le roi lui-même, avec davantage de
     nuances, n’était pas hostile à une condamnation, encore qu’il eût été
     plutôt satisfait de voir Ney s’évader, ce qui lui eût retiré une épine du pied. Les
     représentants des gouvernements étrangers étaient favorables à ce qu’ils
     considéraient comme un exemple.
    Pour condamner Ney, il fallait un tribunal. Le gouvernement français, présidé par le duc de
     Richelieu, royaliste très modéré, décida de le traduire devant un conseil de guerre et désigna
     le maréchal Mortier pour le présider. Mais celui-ci, voyant venir l’orage, avait
     demandé à l’avocat Dupin de lui rédiger un modèle de lettre de récusation.
     C’était d’autant plus facile que tout le monde savait qu’il
     s’agissait d’un procès purement politique et que les arguments de
     l’accusation étaient des plus faibles. Aussi, Mortier tira-t-il assez facilement son
     épingle du jeu pour la présidence mais n’évita pas de faire toutefois partie du
     tribunal.
    Le second choisi, Moncey, le plus ancien dans l’ordre des maréchaux, chercha lui
     aussi à éviter la corvée et se barda de certificats médicaux. Mais le gouvernement et le roi se
     fâchèrent, sentant la tournure ridicule que prenait la situation. À la demande du souverain, le
     ministre de la Guerre, le maréchal Gouvion-Satit-Cyr, infligea à son camarade une peine de
     trois mois de prison et appuya sa décision sur une loi datant… de la
     Convention ! Moncey fut envoyé purger sa peine au fort de Ham. Or, il était occupé
     par les Prussiens qui refusèrent

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