Le Maréchal Jourdan
au
ministre de la Guerre, qui était de nouveau son ami Clarke, pour se mettre à sa disposition et
aller la réprimer. Mais, dès le 20 du même mois, le ministre lui répondit que sa présence ne
serait pas nécessaire, le mouvement ayant déjà été étouffé. Un peu plus tard, le 14 juillet de
la même année, Jourdan fut appelé à Paris avec ses camarades Moncey, Mortier, Macdonald,
Oudinot, Suchet, Gouvion-Satit-Cyr, Kellermann et Pérignon pour prêter serment
d’obéissance au roi qui leur remit à chacun un bâton fleurdelisé. Pour Jourdan, il
allait remplacer celui qu’il avait perdu dans la plaine de Vitoria. Curieusement,
dans cette distribution, Masséna fut oublié, sans que cette omission fît l’objet
d’une explication, ce qui allait donner lieu à une scène quelque peu comique lorsque
ce maréchal mourut en 1817 [1] . Toutefois, cette reconnaissance du titre de
maréchal de France n’entraîna aucune forme d’activité particulière.
Méfiants, les Bourbons, tout en les matitenant en réserve, allaient éviter, dans la mesure du
possible, d’employer les maréchaux qui avaient rejotit Napoléon en 1815.
Pour occuper ses loisirs, Jourdan décida alors de commencer à rédiger ses mémoires. Il allait
avoir beaucoup de temps à y consacrer dans les années suivantes. La majorité des maréchaux
aurait la même idée mais aborderait le problème de manière assez différente. Tous avaient écrit
et conservé, dans la mesure du possible, des registres d’ordres, des doubles de
comptes rendus d’opérations, des croquis d’état-major, ainsi
qu’une abondante correspondance. Certains se contentèrent de classer ces documents
par ordre chronologique en les liant de temps à autre par quelques phrases
de commentaires. En général, ils ne songeaient pas à les éditer mais à les préserver comme
informations familiales ; et ce furent leurs enfants qui les firent publier
lorsqu’ils les jugèrent titéressants et utiles à l’établissement de la
vérité historique.
D’autres, peu nombreux du reste, entreprirent de raconter leur vie in
extenso . D’autres encore se contentèrent de rapporter
certaines périodes de leur carrière qui avaient été remarquables. Ce fut le cas de Jourdan qui,
en dehors de carnets historiques qui ne furent portés à la connaissance du public que longtemps
après sa mort, en 1901, ne se pencha que sur deux époques de sa vie. Ce fut d’abord
l’histoire de la campagne de 1796 qui parut en 1818 en réponse à une brochure de
l’archiduc Charles sur la même campagne, puis, sous le titre de Mémoires
militaires , tout ce qui concerne l’affaire d’Espagne mais qui devait
être retravaillé par le vicomte Grouchy, car Jourdan estimait son manuscrit incomplet. Aussi,
ne fut-il rendu public qu’en 1899. Jourdan avait également en tête
d’écrire un ouvrage sur la période de 1793 à 1799. Il ne put mener à terme ce
projet. Les travaux préliminaires existent sous forme de notes manuscrites incomplètes aux
archives des Invalides.
On a vu que ces « mémoires militaires » dépassèrent largement le cadre
des souvenirs et impressions personnels ainsi que la simple chronologie des événements.
Jourdan, en évoquant les causes lotitaines de l’titervention de Napoléon en Espagne,
entendait certainement faire oeuvre d’historien mais également établir les
responsabilités de chacun dans cette affaire et, surtout, mettre en lumière les fautes
nombreuses de l’empereur. Aussi, fait-il preuve d’une hauteur de vues qui
lui permet d’embrasser l’ensemble de la situation et de dominer les
problèmes, liant ainsi les différentes raisons qui font que la conjoncture ait évolué en un
sens ou dans un autre. Par contre, les portraits des personnages qui sont cités dans ces
mémoires manquent souvent de relief et de vigueur. On eût apprécié qu’il
s’y attachât davantage.
Évidemment, l’oeuvre, comme les mémoires de tous ses camarades est un
plaidoyer pro domo .
Et là, parfois, les arguments sur lesquels s’appuie le maréchal font preuve
d’une curieuse puérilité. C’est ainsi qu’il écrit que les
autres maréchaux refusaient d’obéir à ses ordres parce qu’ils étaient
ducs et pas lui (l’affaire du duché de Fleurus lui resta longtemps en travers du
gosier).
Il travailla à la rédaction de ces différents ouvrages
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