Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Maréchal Jourdan

Le Maréchal Jourdan

Titel: Le Maréchal Jourdan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
souligné qu’il demeurait partisan d’un exécutif fort,
     il termina avec beaucoup d’esprit, toujours guidé par l’idée de liberté
     individuelle, en faisant allusion à l’édit de Nantes d’Henri IV.
    Quoique fort applaudi, le maréchal ne fut pas suivi dans ses conclusions par la chambre. Par
     contre, le ministère goûta assez peu son titervention et dans l’entourage royal on
     pensa que décidément il était incorrigible. On eût peut-être toléré ces écarts
     d’opinion chez un simple pair, mais c’était moins admissible de la part
     d’un maréchal de France.
    Si, dans l’ensemble, la Chambre des pairs, malgré quelques
     velléités, avait soutenu le gouvernement, Jourdan était de ceux qui entendaient continuer à
     s’y faire écouter, défendant toujours les principes de liberté. Il eut
     l’occasion de reprendre la parole trois mois plus tard. Inquiet
     de constater un glissement vers la gauche dans la composition de la Chambre des députés, le
     ministère soumit au pouvoir législatif un projet de loi modifiant le système électoral par le
     procédé dit du double vote. Au vote censitaire simple alors en application, viendrait se
     surimposer le droit de second vote accordé au quart des électeurs les plus imposés, qui
     permettrait d’élire cent soixante-douze députés de plus par rapport aux cent
     cinquante-huit issus de l’ancien système. Et, ces cent soixante-douze nouveaux élus
     seraient forcément conservateurs, donc en accord avec l’exécutif.
    Dans la circonstance, Jourdan défendit une fois de plus ses idées mais, surtout, voulut
     mettre en garde le gouvernement contre les risques qu’il prenait en rendant par
     cette loi illusoire toute forme d’opposition. D’ailleurs, précisait-il,
     le système encore en vigueur était le seul conforme à la Charte de 1814. Il termina en citant
     Montesquieu et en prophétisant que l’impopularité avec laquelle la nouvelle loi
     électorale serait accueillie par l’ensemble des Français risquait à long terme de se
     révéler néfaste pour la dynastie. Quoique vivement ovationné, une fois de plus, il ne fut pas
     suivi et, se le tenant pour dit, n’titervtit plus de manière aussi éclatante dans
     les mois qui suivirent. Il eut toutefois une satisfaction. Au cours d’un entretien
     privé, le duc d’Angoulême, frère du duc de Berry, ne lui cacha pas que le roi et
     lui-même, contrairement à l’avis de tous leurs courtisans, pensaient que le maréchal
     pourrait bien avoir raison.
    *
    Les Jourdan habitaient toujours leur propriété du Coudray et ne
     disposaient d’aucun logement à Paris. Pendant de nombreuses années ils
     s’en étaient accommodés, leur domaine n’étant pas trop éloigné de la
     capitale. Mais, à présent, durant les sessions, la présence du maréchal à la chambre était
     requise plusieurs fois par semaine. De plus, il devait mener une certaine vie mondaine et
     paraître de manière régulière à la cour et chez le comte d’Artois. Aussi
     décidèrent-ils d’acquérir un domicile à Paris. En 1822, ils achetèrent un hôtel
     d’une certaine importance situé 54 rue de Lille et le Coudray devtit leur résidence
     de campagne.
    Dans l’année suivant cette installation, qui donna lieu à plusieurs réceptions,
     Jourdan eut une nouvelle fois l’occasion de faire connaître publiquement sa manière
     de penser et son indépendance de caractère. En 1823, le maréchal Davout mourut.
     L’usage voulait que l’un de ses frères d’armes prononçât
     l’éloge du défunt sur sa tombe. Or, Davout, de naturel difficile et prompt à
     chercher noise, était en assez mauvais termes avec presque tous ses camarades et ceux-ci
     étaient peu soucieux de venir l’encenser. Certes, ils tinrent à faire acte de
     présence à la cérémonie funèbre, mais il ne fallait pas leur en demander davantage. Le ministre
     de la Guerre eut alors l’idée de demander à Jourdan, qui n’avait eu que
     peu de rapports avec le défunt et ne s’était jamais heurté à lui, de prononcer le
     fameux discours. Certes, de la part de Jourdan, on pouvait s’attendre à une
     prestation déconcertante peu en rapport avec le potit de vue officiel et il n’y
     manqua pas, d’autant que, de son côté, Davout avait entretenu
     des relations ambiguës avec les Bourbons. Rappelant avec insistance les
     origines du défunt, de très ancienne noblesse, il s’appesantit sur le fait que,
    

Weitere Kostenlose Bücher