Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
les difficultés commencèrent pour le pouvoir. Quelle juridiction était compétente pour examiner le cas de Ney ? En principe, en tant qu’officier général en activité ayant agi dans le cadre de ses fonctions, il était passible du conseil de guerre. Parce qu’il était pair de France, il pouvait être également traduit devant la Chambre des pairs érigée en tribunal.
    Cette Chambre allait être renouvelée dans les semaines à venir (ce fut fait le 17 août) et la majorité y serait ultraroyaliste. Aussi le 14 août, le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, à ce moment ministre de la Guerre, mit un terme à toute tentative pour envoyer Ney devant une instance qui lui serait par trop défavorable, en affirmant qu’il allait le traduire devant un conseil de guerre. De cette manière, il coupa l’herbe sous le pied de Decazes, dont il surveillait les agissements. Probablement espérait-il, sinon faire acquitter Ney, à tout le moins lui sauver la vie. Qu’il fût incarcéré dans une forteresse ou exilé importait peu. Dans cette période de terreur blanche, qui venait de voir assassiner le maréchal Brune et bientôt le général Ramel par une populace déchaînée, c’était rendre au duc d’Elchingen un grand service.
    Ce n’était pas la seule difficulté qu’avait à résoudre le gouvernement. Il fallait amener le prisonnier d’Aurillac à Paris. Un commissaire du roi, le major Meyronnet, fut chargé d’organiser le transport. Certes, le maréchal se montra on ne peut plus coopératif. Il donna sa parole d’honneur qu’il ne chercherait pas à s’évader, moyennant quoi on ne lui mit pas les menottes. Mais que d’obstacles se présentaient en cours de route !
    Ney voyagea en compagnie d’un officier de gendarmerie et de deux officiers de la garde royale, dont l’un avait servi sous ses ordres. En fait, ceux-ci furent beaucoup plus soucieux que lui et ils n’eurent pas tort. Les incidents n’allaient pas manquer. À Riom, où l’on faisait étape, se trouvait une brigade de dragons commandée par Exelmans. Impossible de lui cacher l’identité du captif. Exelmans vint le voir et lui proposa simplement de l’enlever, puis sous l’escorte de ses dragons de le conduire où il voudrait, de préférence à l’étranger. « Impossible, lui dit Ney, j’ai donné ma parole ! » Et malgré les objurgations de son visiteur, il n’en démordit pas. Ses gardiens avaient eu chaud !
    Puis, dans plusieurs localités, on croisa des régiments de l’armée de la Loire souvent passablement excités. Il eût suffit à Ney de se nommer pour être libéré. Tous en étaient conscients. Il n’en fit rien. Mais ce fut à Nevers que les choses se gâtèrent. Un régiment d’occupation wurtembergeois cantonnait dans la ville. Des officiers reconnurent Ney et le raillèrent. Il répondit vertement en allemand, ce qui exaspéra ces médiocres plaisantins. Des cailloux furent lancés contre la berline du maréchal. Il suggéra à ses compagnons qu’on lui rendît ses pistolets, pour qu’il participât à la défense de la voiture.
    Un peu avant Fontainebleau, ce fut une sotnia de cosaques qui, croyant lui faire honneur, voulut les escorter. On eut beaucoup de peine à s’en débarrasser. Enfin, non loin de Paris, à un relais de poste, Eglé l’attendait et ce fut en pleurant qu’ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre. La fin du voyage se déroula sans incidents. Le 19 août, le maréchal fut incarcéré à la Conciergerie, dans un local à la limite de l’acceptable : petit, à peine éclairé par le jour et sans le moindre confort. Un gendarme y demeurait en permanence et il fut mis au secret. Ce fut là que Decazes, qui s’était réservé de mener personnellement les premiers interrogatoires, vint le lendemain.
    On lui avait rapporté le comportement du prince de la Moskowa pendant le voyage et celui-ci, tellement inhabituel chez un prisonnier, le rendait perplexe. Il s’attendait à être reçu avec politesse, voire obséquiosité. Il tomba donc de haut lorsque Ney lui lança au nez que rien ne lui prouvait que ce visiteur était préfet de police et que de toute manière il n’était pas obligé de répondre à ses questions ! Néanmoins, Decazes persista, revint le lendemain à la charge et se montra tellement incisif que plus tard il fut accusé de s’être conduit comme un président de cour d’assises et d’avoir bombardé le prévenu de questions insidieuses. Ney profita de

Weitere Kostenlose Bücher