Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
rédiger un ouvrage critique sur les campagnes de Frédéric II, dans lequel, s’il l’admirait, il savait aussi se montrer sévère vis-à-vis du roi de Prusse. Il avait apporté avec lui une partie de son manuscrit. Une étude sur Frédéric II, l’idole des Ney père et fils !
    La lecture de ce qui allait devenir le Traité des grandes opérations passionna le général. Il se méfiait des théoriciens et autres stratèges en chambre. Pourtant, ce Suisse semblait professer des idées nouvelles et intéressantes. Il pensait qu’en raisonnant froidement et avec méthode sur le terrain, il était possible de conjurer le hasard dans une bataille. Certes ses écrits, raisonnement pur, ne s’appuyaient sur aucune expérience pratique puisqu’il n’avait jamais vu le feu. Mais précisément, l’analyse à froid des événements était, il le savait, ce qui manquait le plus à Ney. Conscient de ses propres limites, il comprit immédiatement le parti qu’il pourrait tirer de cet écrivain suisse. Jomini ne lui cacha pas qu’il souhaitait revenir à l’état militaire et demanda un poste dans un des régiments que Ney levait en Helvétie dans le cadre de la nouvelle alliance. Afin de le conserver sous la main le général allait lui offrir beaucoup mieux : il le prit dans son état-major avec le grade de chef de bataillon et en fit rapidement son premier aide de camp.
    Un peu pédant, toujours sûr de lui, développant ses arguments avec force, très intéressé, Jomini ne fut pas un conseiller de tout repos. Il réussit vite à se mettre à dos presque tous les officiers de l’entourage de Ney. Il s’en moquait, s’estimant indispensable et d’un niveau au-dessus de celui de ses camarades. Ses relations avec son chef, d’un caractère lui aussi difficile, ne furent pas des plus aisées et frôlèrent plusieurs fois la rupture, surtout que Jomini avait souvent raison et triomphait sans aucune modestie. Pourtant, Ney le garda à ses côtés jusqu’à la campagne d’Espagne et ne le laissa partir qu’à regret. Il devait plus tard le réutiliser lorsque l’empire connut des difficultés. De leur longue collaboration, Jomini, passé au service de la Russie et devenu célèbre par ses écrits, devait conserver un souvenir attendri. Même s’il lui arriva de le juger sévèrement, il garda pour le maréchal une sincère admiration qui, entre autres, se manifesta en 1815.
    La mission de Ney en Suisse, couronnée de succès, tirait à sa fin. Il avait rétabli la paix et le gouvernement se montra satisfait de la manière dont il avait mené son affaire. Même Talleyrand reconnaissait que, pour un sabreur, il ne manquait pas d’une certaine finesse. De leur côté, les autorités helvétiques estimaient que les conditions imposées par la France auraient pu être pires et que le général Ney les avait ménagées. Aussi lorsque, au début de 1804, il quitta le pays, le premier landammann, tant en son nom qu’en celui de ses collègues, lui fit présent d’une tabatière en or massif. En la lui remettant, il précisa : « La Suisse heureuse et tranquille par la médiation ne séparera pas votre nom de celui du médiateur lui-même. » Il ajouta qu’en toutes circonstances, il serait le bienvenu dans le pays et Ney n’eut garde de l’oublier.
    Revenu à Paris, il loua un petit hôtel rue Saint-Lazare pour y installer sa famille en attendant une nouvelle affectation. Toute réflexion faite, le premier consul se montra satisfait de cette « acquisition ». C’était le moment où se préparait le débarquement en Angleterre, puisque la guerre avait repris avec cette nation en 1803. Dès le 27 janvier 1804, Bonaparte nommait Ney commandant du camp de Montreuil où allait se concentrer une partie de l’armée d’invasion.
    *
    Les premiers mois de la vie au camp de Montreuil s’écoulèrent assez agréablement. Les régiments qui y étaient acheminés n’étaient pas composés de recrues, mais de vétérans. Aussi l’entraînement tenait-il de la routine. En revanche, les équipements avaient beaucoup souffert et avaient besoin d’être remplacés ou réparés. L’état-major dut batailler avec les bureaux pour en obtenir. On lui expliqua que les magasins des dépôts étaient vides et Ney commença à appliquer les méthodes qui seraient désormais les siennes : se servir au détriment de ses camarades pour subvenir aux besoins de ses propres soldats, procédé désastreux qu’hélas la

Weitere Kostenlose Bücher