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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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faiblesse des services d’intendance allait le contraindre à mettre souvent en pratique.
    Toujours éprise de son hussard, Ida Saint-Elme débarqua sans crier gare, s’afficha aux côtés du général au point que les soldats la prirent pour sa femme, et cette intrusion ne fut pas du goût d’Eglé. Car bien entendu des âmes charitables lui rapportèrent le fait.
    Un certain nombre d’événements importants prirent place cette année-là.
    Le 15 février, sous prétexte d’une conspiration réelle, mais dans laquelle il n’était pas impliqué, le gouvernement fit arrêter Moreau. Tous les anciens de l’armée du Rhin en furent vivement émus. Ney, malgré ses querelles avec Lahorie, était resté assez proche de son ancien chef. Bernadotte fit même pression sur lui pour qu’il allât témoigner en sa faveur. Il ne bougea pas, parce qu’il estima que cela ne servirait à rien. Il est également possible que sa belle-famille ait influencé son comportement. On lui en sut gré chez Bonaparte.
    De même, un peu plus tard, lors de l’arrestation du duc d’Enghien, Ney resta de marbre quoiqu’ait pu dire Eglé, qui n’oubliait pas le rôle qu’avait joué sa mère auprès de la reine. En réalité, ces problèmes politiques ennuyaient le général. En revanche, quand, au mois de mai, dans la grande mise en scène pour faire de Bonaparte un empereur, il fut demandé aux chefs de l’armée de faire connaître leur opinion par écrit, Ney envoya une lettre au premier consul. S’ils étaient emphatiques, les termes manquaient de chaleur :
    « Acceptez, général consul, la couronne impériale qui vous est offerte par trente millions d’hommes. » Puis pour montrer qu’en se faisant empereur, Bonaparte reniait la Révolution, il poursuivait, non sans malice : « Charlemagne, le plus grand de nos anciens rois, l’obtint jadis des mains de la victoire. »
    Ainsi, s’il avait refusé de se compromettre pour Moreau, Ney soulignait qu’il n’entendait pas davantage devenir un jouet entre les mains de Napoléon.
    Dans cette lutte de factions au sein du clan au pouvoir, il avait déjà choisi son parti : il tiendrait pour les Beauharnais. Puisque Joséphine et Hortense, au travers d’Eglé, s’étaient déclarées ses protectrices et qu’elles se révélaient efficaces, alors que beaucoup d’hommes politiques et de généraux sollicitaient l’appui des frères et des soeurs de l’empereur, Ney se démarqua de cette foule, avec une certaine clairvoyance.
    Il est vrai qu’il continuait à s’intéresser peu à la politique. L’empire l’employait et il servait l’empire. Il n’avait pas à s’en plaindre. Proclamé empereur le 18 mai, Napoléon dès le 19 entendit s’assurer de la fidélité des principaux généraux en en élevant dix-huit à la dignité de maréchal de France. Quatre d’entre eux n’étaient plus que des vétérans, juste bons à rehausser de leur présence les cérémonies officielles {1} . Les autres, sauf trois, avaient fait tout ou partie de leur carrière à l’armée d’Italie. On a écrit que les trois derniers avaient été choisis pour donner un os à ronger au corps des généraux où il se trouva plus de dix-huit mécontents. Parmi les trois élus, un surtout se distinguait et méritait amplement sa promotion : c’était Jourdan, quatrième de la liste. Il avait brillamment commandé des armées sous la Révolution, gagné plusieurs batailles et ne comptait que des amis parmi ses camarades. C’était un excellent tacticien et si, prématurément vieilli, il ne sera pas à la hauteur plus tard, la faute ne lui en incombera pas entièrement. Il se sentait si peu attiré par le nouveau régime qu’il avait compté parmi les opposants au 18 brumaire. Mais sa personnalité de premier plan justifiait le choix de l’empereur.
    Mortier avait été un brillant officier de l’armée du Rhin et s’était montré un chef plein de sang-froid, aidant à remporter un certain nombre de combats. L’année précédente (1803), il avait conquis sans coup férir le Hanovre, possession anglaise, et les mauvaises langues murmuraient qu’il en avait profité pour se remplir les poches.
    Mais la nomination qui étonna le plus fut celle de Ney. On n’avait rien à lui reprocher. Il avait servi avec distinction et avait été un artisan de la victoire de Hohenlinden. Mais des généraux ayant d’aussi prestigieux états de service, il y en avait un grand nombre. Certes,

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