Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
coalition pouvait aligner cinq cent mille hommes, dont une bonne partie ne serait pas en état de faire campagne avant des mois et se trouvait géographiquement éloignée du terrain d’action principal, et si elle espérait être bientôt renforcée par deux cent mille Prussiens, en face d’elle l’armée française, quoique numériquement inférieure, constituait un bloc impressionnant et redoutable. Elle comptait cent quatre-vingt-six mille soldats, dont trente-huit mille cavaliers, et était articulée en sept corps d’armée commandés respectivement par Bernadotte (1 er ), Marmont (2 e ), Davout (3 e ), Soult (4 e ), Lannes (5 e ), Ney (6 e ) et Augereau (7 e ). Le gros de la cavalerie, nommé « réserve générale », était aux ordres de Murat. Cette force s’appuyait sur trois cent quarante pièces d’artillerie de campagne (ses parcs de siège demeurant en France) et surtout était commandée par l’empereur en personne. D’importantes unités demeuraient dans le même temps stationnées en Italie, avec Masséna à leur tête.
    Il fallut un mois à marches forcées pour que toutes les unités se déplacent des rivages de la Manche au Rhin. Les étapes harassantes s’accomplirent dans la bonne humeur. Les hommes se sentaient davantage à leur aise à marcher qu’à l’idée de traverser un bras de mer de trente kilomètres.
    Ney pour sa part rayonnait. Il était parti un peu en avant de ses troupes pour saluer son père, toujours à la Malgrange. Par le préfet de Nancy, il apprit l’invasion de la Bavière par l’armée du baron de Mack. On allait donc en découdre ! La rédaction des ordres d’opération pour ses divisionnaires ne fut pas une petite affaire. En fait, Ney se sentait un peu perdu, trop neuf dans ce travail d’état-major à l’échelon d’un corps d’armée, et toute la science de Jomini ne fut pas de trop pour l’aider. Ce fut l’occasion d’une nouvelle mésentente entre les deux hommes. Jomini, en officier qui connaissait son métier, prévoyait toutes les solutions qui pourraient se présenter, y compris la possibilité d’une retraite. Comment, une retraite devant de misérables Autrichiens ! À ces mots, Ney vit rouge. Jomini, aussi têtu que son chef, sachant qu’il avait raison, jeta sa démission dans la balance. Ney se calma et en définitive accepta des termes qui ménageaient sa susceptibilité. On emploierait l’expression « mouvement rétrograde ».
    Lorsqu’il franchit le Rhin à Durlach, le sixième corps était fort de trois divisions d’infanterie, comptant vingt-quatre bataillons en onze régiments. Ils étaient commandés par les généraux Dupont – de loin le meilleur –, Loison et Mahler. Le corps comptait en outre une brigade de cavalerie sous Tilly, une artillerie de cinquante bouches à feu et un petit corps du génie. Il n’avait en traversant la France laissé derrière lui qu’un nombre de traînards et de malades insignifiant.
    Le général autrichien avait à faire face à une situation qu’il croyait assez simple alors qu’elle ne l’était pas. Il avait sous ses ordres, concentrés autour de la ville d’Ulm sur le Danube, quatre-vingt mille combattants. Il s’appuyait d’un côté sur le fleuve, de l’autre sur le Tyrol. Lorsqu’il aurait reçu les renforts qu’il escomptait, il pensait par Stuttgart se porter sur le Rhin pour le franchir. Il savait en effet que dans le Tyrol l’archiduc Jean, le vaincu de Hohenlinden, avait un corps de vingt-cinq mille hommes et qu’en Italie l’archiduc Charles en disposait de cent mille. En outre, plus de cent vingt mille Russes étaient en marche pour venir soutenir les Autrichiens. Mais ils étaient encore loin et une assez mauvaise arrière-saison ralentissait leur marche. Se fiant aux renseignements fournis par ses services, au demeurant erronés, Mack conclut que Napoléon allait rééditer la manoeuvre de Moreau en 1800 : franchir le Rhin en Suisse puis pivoter et traverser la Forêt-Noire. La découverte de dépôts de vivres constitués à la hâte par les fourrageurs de Murat l’ancra dans cette conviction. Il s’agissait d’un leurre. Il était dès lors tout à fait logique qu’il attendît les Français au débouché de ce massif montagneux.
    Bien renseigné sur les intentions de son adversaire, dont le caractère timoré lui était connu, Napoléon conçut une manoeuvre de grande ampleur qui lui permettrait de détruire et de capturer toute l’armée

Weitere Kostenlose Bücher