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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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déclara pour clore la discution :
    — Je n’entends rien à tous vos plans, mon cher maréchal ; j’ai l’habitude de ne faire les miens qu’en présence de l’ennemi.
    Ney prit cette désinvolture pour une injure, sortit en claquant la porte et, rentré dans ses quartiers, écrivit une lettre à son camarade pour le provoquer en duel. Jomini et l’état-major eurent toutes les peines du monde à le persuader de ne pas l’envoyer. Les relations entre les deux hommes devaient demeurer détestables. Peut-être avaient-ils trop de points communs.

    Le maréchal avait eu raison de s’inquiéter pour Dupont. L’archiduc Ferdinand l’avait attaqué avec vingt-cinq mille hommes. Mais Dupont s’était retranché dans les deux villages d’Haslach et de Jungingen. Ce dernier fut pris et repris plusieurs fois. Si en fin de journée Dupont avait subi des pertes, son corps principal n’était pas entamé. L’archiduc crut avoir affaire à plus d’une division et ne pensa plus qu’à assurer sa propre retraite. Il comprenait mieux la situation que son propre commandant en chef et se dirigea vers la Moravie, bientôt poursuivi par Murat.
    Dans Ulm même, Mack ne savait quel parti prendre. Les avis de ses officiers étaient contradictoires. Les uns suggéraient de gagner le Tyrol, les autres la Bohême, pour aller à la rencontre des Russes. Les plus hardis, enfin, préconisaient de marcher sur le Wurtemberg pour tomber sur les arrières des Français. Mack, qui considérait comme perdues les divisions confiées à l’archiduc Ferdinand, estima que le plus sage était d’attendre dans Ulm, qu’il croyait une excellente position, l’arrivée des renforts qui ne pouvait manquer de survenir. Cette inaction servait grandement le plan de Manoeuvre d’Ulm (17 octobre 1805)
    Napoléon. Tout de même, afin d’y voir plus clair et de s’assurer une éventuelle voie de retraite (encore qu’un tel mouvement n’entrât pas dans ses vues), Mack envoya la division du général Reise à Elchingen. Le 12 octobre, ses troupes occupèrent sans coup férir le couvent d’Elchingen. Murat, qui ne s’attendait pas à cette attaque, se replia en brûlant le pont d’Elchingen afin d’en interdire l’usage aux Autrichiens.
    Mais, ce faisant, il isolait encore plus la division Dupont et, pour peu que les Autrichiens parviennent à réparer le pont, ouvrait aux adversaires la route de Bohême. Le lendemain 13 octobre, Ney reçut du quartier général l’ordre de s’emparer d’Elchingen et de rétablir le pont. Le 14 au matin, il montait à cheval pour déclencher son attaque lorsqu’il rencontra Murat, et ne put s’empêcher de lui lancer une pique :
    — Venez donc, prince, venez donc avec moi faire vos plans en face de l’ennemi...
    Sans répliquer, Murat s’éloigna au galop.
    Le temps était épouvantable, la pluie tombait sans discontinuer, le terrain n’était plus qu’une plaine de boue. Un aide de camp de Ney déclara :
    — On barbote comme des canards !
    Les sapeurs du colonel Cazal avaient fabriqué dans la nuit des chevalets pour les substituer aux travées du pont trop endommagées. Ils se préparaient à lancer un tablier. Cette opération s’annonçait difficile, car le village et le couvent étaient défendus par seize mille Autrichiens. Malgré la pluie, ils faisaient sur les nôtres un feu d’enfer. Ney engagea la division Loison. Jusqu’alors, elle avait peu combattu. Afin d’encourager les soldats fatigués, mouillés et mal nourris depuis plusieurs jours, le maréchal paya de sa personne. En grande tenue, se désignant au tir de l’ennemi, il n’hésita pas à faire entrer son cheval dans le fleuve. Ce geste galvanisa les hommes. Un régiment passa. Aussitôt, la cavalerie autrichienne le chargea et réussit à le repousser jusqu’au Danube. Nos soldats y eussent été précipités, si deux régiments et un bataillon d’un troisième n’étaient intervenus en renfort, traînant avec eux plusieurs pièces d’artillerie.
    Se mettant alors à la tête de cette force importante (plus d’une brigade), Ney marcha résolument sur Elchingen qu’il fallut enlever maison par maison. Comprenant l’importance de la position, les Autrichiens la défendaient avec acharnement.
    Pourtant, en un peu plus d’une heure, Ney se rendit maître des lieux ainsi que du couvent qui surplombe la localité. Sa tête de pont était maintenant solidement établie, mais un retour offensif de l’ennemi lui

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