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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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parlementaire pour annoncer qu’il allait faire enlever ces éclopés pour les ramener à leurs propres avant-postes. Ainsi fut fait. Immédiatement, un officier de l’état-major de Bennigsen s’avança à son tour et prononça dans un français parfait : « Nous vous remercions, Messieurs les Français. Nous vous remercions bien sincèrement. »
    Nous n’étions plus tout à fait des anthropophages !
    Cependant, le généralissime russe avait fini par estimer à sa juste valeur l’importance de son adversaire. L’arrivée du grand-duc Constantin, frère du tsar, le détermina à enlever ce simple corps d’armée français. Les combats, de plus en plus violents autour de Gutstadt, durèrent quatre jours. Ney, qui aurait voulu tenir sur place jusqu’à l’arrivée d’un de ses camarades, se vit contraint de battre en retraite. Il est étonnant de noter que cet homme, que le mot de « retraite » mettait en fureur un peu plus tôt, allait se révéler l’un des meilleurs tacticiens de ce type de manoeuvre extraordinairement difficile.
    Jusqu’au dernier moment, il avait espéré pouvoir contenir sur place l’offensive russe et recevoir l’aide d’unités françaises. Napoléon pensait que Ney serait amené à céder du terrain. Ce que fit celui-ci avec son habileté coutumière, tenant tête à l’ennemi tout au long de ce retrait. Il ne lui abandonna qu’un millier de prisonniers et, ce qui est plus cocasse, les bagages personnels du maréchal jusques et y compris sa batterie de cuisine ! Cette passe difficile n’avait pas entamé sa bonne humeur et lorsqu’ayant enfin rallié l’armée, il rencontra Soult, avec qui pourtant il n’était pas dans une grande intimité, son premier mot fut de lui demander : « Ne pourriez-vous me prêter une culotte ? Les Russes ne m’ont laissé que celle-là ! »
    Tous les Français considérèrent que le maréchal venait de réaliser un exploit des plus remarquables puisque, plusieurs fois encerclé, il était parvenu à se frayer un chemin dans les rangs ennemis. D’aucuns s’étonnèrent que lorsque l’année suivante il fut créé duc, Ney ne l’ait pas été de Gutstadt.
    Peut-être pour ne pas froisser Alexandre, avec qui il vivait une lune de miel, Napoléon n’y songea-t-il pas.
    Lorsqu’à l’issue de sa manoeuvre le maréchal se présenta au grand quartier général, l’empereur le reçut en ces termes qui, du reste, n’étaient pas un reproche : « Comment, monsieur le maréchal, vous avez laissé les Russes vous battre ? » Après quoi, pour lui montrer qu’il appréciait son comportement, il l’invita à dîner.
    Bennigsen non seulement n’avait pas réussi à écraser Ney ni à prévenir la concentration des troupes françaises, mais il avait laissé deviner son intention de marcher sur Koenigsberg. Aussi suspendit-il son mouvement et s’installa-t-il dans le camp fortifié qu’il avait fait édifier près de la ville de Heilsberg. Ce fut là que le 9 juin vint buter Murat, à présent en avant-garde de l’armée française. Ni lui ni son ennemi ne souhaitaient que ce terrain devînt celui d’une grande bataille, Napoléon encore moins.
    Pourtant un engagement s’y tint. Les Russes reprirent aussitôt après leur mouvement en arrière. Alors que deux de leurs corps d’armée, celui de Lestoc et celui de Kaminski, continuaient vers Koenigsberg, Bennigsen obliqua vers le sud-est avec le gros de ses forces. Il venait de recevoir un renseignement, d’ailleurs inexact, selon lequel un corps d’armée français, celui de Lannes, se dirigeait vers la petite ville de Friedland. Toujours obnubilé par son idée de détruire les Français par fractions, le maréchal russe arriva le 13 juin au soir dans la plaine devant Friedland et y campa. Il fut désagréablement surpris de constater que Lannes n’y était pas.
    La ville de Friedland s’élève sur la rivière Aile, assez profonde. Les rives sont escarpées en un endroit où le cours d’eau forme un coude aigu. Cette plaine exiguë est encore coupée par un ruisseau, le Muhlen, qui divise l’angle de l’Aile et rend toute manoeuvre encore plus malaisée. Ce fut pourtant là que, par une décision aberrante, Bennigsen pensa livrer bataille et arrêter les Français lorsqu’ils tenteraient de déboucher des collines environnantes. D’ailleurs, il jugeait qu’il fallait en finir et que poursuivre l’ennemi ne lui serait nullement bénéfique. S’il s’était

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