Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
pourquoi, dans ce milieu où l’intrigue était permanente, certains songèrent à en faire la Pompadour du régime. Son intelligence était limitée et elle ne risquait pas de se mêler de politique.
    Elle recevait à merveille et ses soirées faisaient courir tout Paris. De plus, elle savait conter et distraire l’empereur lorsqu’il était présent. Quant à s’arrêter au fait qu’elle était mariée, la fidélité conjugale n’était pas la vertu essentielle des dames de la cour. L’exemple venait de haut. Le mot célèbre du roi Louis à propos de la reine Hortense, sa femme : « J’ai épousé une Messaline qui accouche », est assez significatif.
    On a prêté à Eglé Ney une liaison avec le jeune et beau Flahaut. C’est tout à fait possible, lorsque l’on sait que de son côté Michel eut, en campagne et ailleurs, de nombreuses maîtresses, sans compter Ida Saint-Elme. L’aventure de la maréchale avec l’empereur est moins certaine. Elle n’eût pu la tenir cachée et il n’est pas évident que son mari aurait fait preuve de complaisance. Au moins, s’ils étaient au courant des écarts l’un de l’autre, eurent-ils la sagesse de fermer les yeux.
    Délaissant l’hôtel de la rue Saint-Lazare, les Ney en avaient acheté un plus vaste en janvier 1805, situé rue de Lille, sur l’autre rive de la Seine, dans le faubourg Saint-Germain où s’installaient tous les personnages importants de l’empire, tels Jourdan, Masséna, Mortier, Nansouty, Klein ou Eugène de Beauharnais. Là aussi était logée la Légion d’honneur, juste à côté des Ney. Il n’y avait qu’à traverser le fleuve pour gagner les Tuileries.
    En l’absence de son mari, trop souvent aux armées, ce fut la maréchale qui procéda à l’aménagement de leur hôtel. Il ne fut pas réalisé avec le meilleur goût. Tout n’était que dorures, lourdes tentures de soie, meubles bardés de bronzes et salons rutilants, plus aptes à frapper l’imagination du visiteur qu’à suggérer l’intimité. Le grand salon, en particulier, était tapissé de miroirs, ce qui fit dire à un visiteur mal intentionné que l’on s’y serait cru dans un bordel !
    On était loin des délicats mobiliers de Versailles, des canapés légers et des trumeaux aériens. Mais tels qu’ils se présentaient, ces arrangements s’accordaient au goût un peu parvenu du moment. Une des seules pièces où Michel Ney apporta une touche personnelle fut sa bibliothèque, simple, presque austère. Sur les rayonnages couvrant les murs, s’alignaient des classiques, choisis un peu sous l’influence de sa femme, car lui-même ne s’y intéressait pas vraiment. Puis, sous la férule intelligente de Jomini, Ney acheta des ouvrages militaires, à commencer par ceux de son chef d’état-major, ainsi que les campagnes de Turennes, Mes Rêveries du maréchal de Saxe, Guibert, et bien entendu tout ce qu’avait écrit Frédéric II, y compris son traité de tactique rédigé en vers exécrables. Il y réunit aussi de nombreuses cartes. Ce fut son lieu de prédilection où cet homme simple aimait se réfugier, surtout lorsqu’Eglé recevait, ce qui était fréquent.
    De même si, pour imiter les autres grands dignitaires, il se constitua une galerie de tableaux, il avoua volontiers qu’il n’y connaissait rien. De fait, soit qu’il les achetât, soit qu’il se les fît « offrir » au cours de ses campagnes, il acquit souvent des copies en les prenant pour des originaux.
    Son père continuait à vivre à la Malgrange et ne lui rendit jamais visite à Paris. Il prétendait qu’à son âge les voyages étaient périlleux. En fait il se souciait peu de faire la connaissance de sa belle-fille dont, à priori, il n’avait pas très bonne opinion. Il ne semble pas s’être inquiété de connaître ses petits-enfants.
    Ney demeura en France de septembre 1807 à août 1808. Il aurait volontiers délaissé Paris, car la vie de cour qu’aimait tant la maréchale ne le séduisait guère. Il cacha difficilement son ennui. Les réceptions aux Tuileries avaient un air de parade militaire, mais il ne savait pas bien se mêler à des conversations futiles. Comme il aimait toujours la campagne et qu’Eglé se montrait réticente à l’idée de se rendre à la Malgrange pour y affronter son beau-père, il acquit en juin 1808, en Eure-et-Loir, une propriété nommée les Coudreaux à l’est de Châteaudun où il se plut particulièrement, mais dont il devait

Weitere Kostenlose Bücher