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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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privé de l’appui de deux corps d’armée, Napoléon avait été contraint d’agir de même et avait détaché Murat à la poursuite des Russes, appuyé par les corps de Soult et de Davout. Le Russe avait pris un risque terrible : celui de combattre le dos à la rivière que franchissaient seulement à Friedland trois ponts à faible débit. Il était donc contraint de vaincre, car tout repli tournerait au désastre.
    Napoléon, lorsqu’il arriva sur place le 14, comprit immédiatement l’avantage de la situation, et quand Berthier lui suggéra de reporter l’attaque au lendemain pour laisser ses troupes se reposer, il fit remarquer qu’une telle occasion ne se reproduirait pas. Et ce jour étant l’anniversaire de Marengo, il y vit un présage favorable.
    L’armée française se déploya donc. À sa gauche, l’empereur plaça la cavalerie de Grouchy, au centre Lannes et à droite Mortier et Ney. Dans l’idée de Napoléon, Lannes devait fixer l’adversaire et en quelque sorte battre l’estrade tout en résistant aux poussées de l’ennemi. L’action offensive serait menée par les ailes et principalement par Ney, dont l’objectif était de traverser l’armée russe sur sa gauche, s’emparer de Friedland et détruire les ponts. Napoléon précisa : « Enfoncez-vous à tout prix dans cette masse, tête baissée, sans songer à vos flancs et à vos derrières. Je suis là et l’armée pour y veiller. » Foncer était bien dans le caractère du maréchal. Il accepta la mission sans sourciller.
    L’attaque française démarra tard dans l’après-midi. Il était plus de cinq heures, mais en juin, sous cette latitude, les journées sont longues. Le sixième corps était concentré derrière un bois d’où il devait déboucher. Surtout Napoléon, connaissant le caractère de Ney, avait insisté pour qu’il ne bouge pas avant que le signal (trois salves d’artillerie) ne soit donné. Ayant regagné ses troupes, Ney rongeait son frein, se demandant si ce maudit signal allait enfin être entendu. Rien ! Il mit pied à terre en jurant : « Il est trop tard. »
    Et justement, la batterie se mit à tonner. Le temps de ressauter en selle, ses divisions s’ébranlèrent. Tout de suite, le combat fut difficile. Les Russes, à leur habitude, s’accrochaient au terrain avec acharnement. Le prince Bagration, qui commandait l’aile gauche ennemie, était couvert par une batterie de trente-six pièces ayant pris position sur l’autre rive de l’Aile. Celle-ci hachait les bataillons français. La division du général Marchand dut reculer sous la mitraille.

    Cependant l’artillerie française ouvrit à son tour le feu et son tir efficace de contrebatterie éteignit peu à peu celui des Russes, en démontant leurs canons les uns après les autres ou en tuant les servants.
    Dans le même temps, Napoléon avait fait avancer, pour renforcer Ney, les divisions du général Victor qui commandait les réserves. Grâce à cet appoint, Ney put reprendre sa progression. Entraînant ses hommes, le sabre à la main, il aborda résolument l’ennemi à la baïonnette et, après une mêlée furieuse, pénétra en même temps que lui dans Friedland par la porte d’Eylau. Les grenadiers de Dupont en faisaient de même par celle de Koenigsberg. La ville était en feu. Les ponts déjà à demi rompus par les projectiles de l’artillerie française furent en un clin d’oeil brûlés par les sapeurs. Se rejoignant sur la place centrale, Ney et Dupont tombèrent dans les bras l’un de l’autre puis s’organisèrent pour résister à la poussée des Russes, qui croyaient toujours pouvoir traverser la rivière.
    De périlleuse qu’elle était, la situation de leur armée devenait catastrophique, d’autant que, sur notre aile gauche, Grouchy la poussait vers la ville. Les régiments de Bennigsen devaient impérativement franchir l’Aile. Or si son courant n’est pas rapide, le cours d’eau est profond. À hauteur de Friedland n’existait aucun gué, et les rives escarpées interdisaient le franchissement par les chevaux. Le passage devait donc s’effectuer obligatoirement à la nage et la plupart des soldats russes ne savaient pas nager. L’alternative était donc de se noyer ou de se rendre. Comme ils étaient braves, des centaines se jetèrent à l’eau et périrent. Les survivants déposèrent leurs armes. Toute l’artillerie et le train furent capturés.
    Dans le même temps, Murat, devant Koenigsberg,

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