Le maréchal Ney
d’état-major, Ney finit par passer par-dessus la tête du major général et s’adressa directement à l’empereur, comptant sur une réponse immédiate. Elle ne vint pas. L’interprétant comme un refus d’avancement, Jomini, peu avant la reprise des hostilités, le 14 août, franchit les lignes et se présenta aux avant-postes puis au grand quartier général russe où il renouvela ses offres de service de 1809. Cette fois, Alexandre l’accueillit sans hésiter et lui décerna immédiatement dans son armée le grade qu’il ambitionnait tant.
Pendant le restant de la guerre, il n’allait recevoir aucun commandement, le tsar l’utilisant comme conseiller militaire.
Quelques jours plus tard, il apprenait que Napoléon avait répondu favorablement à la requête de son ancien chef, mais les dés étaient jetés. Et Jomini effectuera une longue carrière dans l’armée russe. Au crépuscule de sa vie, retiré en France, il servira encore une fois de mentor à Napoléon... III pour la conception de sa campagne d’Italie.
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L’armistice de Pleiswitz, d’abord programmé jusqu’au 20 juillet 1813, se prolongea puisque le congrès de Prague ne s’ouvrit que le 29 de ce mois. Il était valable jusqu’au 18 août. Mais dès le 7 août, l’Autriche, qui avait fini par se décider à la guerre, adressa un ultimatum à la France, la sommant d’évacuer l’Allemagne jusqu’au Rhin. Napoléon n’y répondant pas, elle déclara la guerre le 11 août. L’empereur essaya alors de reprendre les négociations. Il lui fut répondu que c’était trop tard.
Lorsque Murat arriva le 14 août pour prendre le commandement de la cavalerie, il trouva au quartier général un état d’esprit épouvantable. Seul l’empereur faisait preuve d’optimisme. Une fois de plus, il venait de réorganiser ses forces, les articulant en quatre armées. La troisième, comprenant quinze divisions en quatre corps, était confiée à Ney, qui avait déjà montré ses faiblesses deux mois plus tôt. Si sur le papier cela paraissait des effectifs colossaux, l’ensemble n’atteignait pas deux cent mille hommes dans la réalité, et les Français demeuraient en état d’infériorité face à la masse des troupes coalisées.
Le 16 août, violant l’armistice valable encore deux jours, Blûcher attaqua brusquement les corps de Ney. Il fut rejeté sans peine, car son opération fut mal conçue et encore plus mal menée. Mais cette « victoire » berça d’illusions Napoléon. Aussi lorsque le lendemain Murat, flanqué de Berthier, Ney et Caulaincourt, essaya de le convaincre de profiter de sa position « en force » pour entamer des pourparlers de paix, se fit-il vivement rabrouer. Leur face à face de trois heures ne donna aucun résultat. Napoléon était persuadé qu’il allait livrer et gagner une bataille décisive.
Quelques jours passèrent, où les différents corps d’armée firent mouvement vers Dresde. Le tsar redevenait optimiste et pensait qu’il avait désormais, pour le conseiller, trois grands stratèges capables de venir à bout de Napoléon. C’était d’abord Moreau, l’ancien chef et ami de Ney, adversaire farouche de Bonaparte, qu’Alexandre avait été tirer de sa retraite américaine. Il sera tué par un boulet français dès le 27 août. Peu après son décès, un paysan saxon se présenta devant Napoléon, tenant un chien danois en laisse. Sur son collier était gravé : « J’appartiens au général Moreau. » Le paysan proposa de le vendre à l’empereur pour dix napoléons. Celui-ci lui fit donner la somme et lui laissa le chien. Ensuite il y avait Jomini, que Napoléon soupçonna d’être passé à l’ennemi en emportant ses plans. C’était d’autant plus inexact que Jomini n’en avait jamais eu connaissance. Mais avec sa science militaire, il était à même de recommander au tsar la meilleure manière de manoeuvrer. Enfin, il comptait sur Bernadotte, qui sur le plan pratique serait le plus dangereux.
La bataille de Dresde, la dernière grande victoire de Napoléon, se déroula les 26 et 27 août 1813. Trois jours plus tôt Oudinot, qui marchait sur Berlin, avait été repoussé à Gross Beeren faute de moyens suffisants. Le succès vint surtout des charges de cavalerie menées par Murat. En face, des fantassins dont les fusils trempés par une pluie torrentielle ne pouvaient pas tirer se firent massacrer. Aussi Russes et Autrichiens taillés en pièces songèrent-ils
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