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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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que jamais Napoléon n’accepterait d’entendre raison. Comme tous ses camarades, il était las, considérait la lutte sans issue heureuse et pensait qu’un changement de régime devenait la seule solution possible. Quel devait-il être : royauté, république ? Il n’en savait trop rien, mais avait réalisé que plus personne ou presque ne voulait encore du système napoléonien. Sa surprise ne fut pas mince, en arrivant chez lui, de découvrir que les sentiments de sa femme étaient assez proches des siens. Elle ne s’était pas très bien entendue avec l’impératrice Marie-Louise, regrettait Joséphine et pensait qu’il fallait remettre les Bourbons, qui s’étaient montrés jadis si affectueux avec sa famille, sur le trône de France. Les Bourbons, se dit Ney, pourquoi pas, après tout ! L’influence d’Eglé sur son mari augmenta ses tendances à voir les événements sous le jour le plus sombre.
    Quelques jours après son retour à Paris, il rencontra par hasard son ancienne maîtresse Ida Saint-Elme, dont les propos se révélèrent fort proches de ceux de la maréchale. Elle aussi voulait croire à un proche retour des Bourbons, qui ne lui avaient manifesté aucune sympathie. Cela donna à réfléchir au prince de la Moskowa. Il se promit d’en toucher un mot à ses amis Talleyrand et Fouché, mais n’en eut pas le temps. Dans les derniers jours de l’année, les alliés avaient franchi le Rhin, en particulier par les ponts de Bâle que les Suisses, malgré leur neutralité, les laissèrent obligeamment emprunter.
    Depuis plus d’un mois, les Anglais, dans le Sud, avaient forcé le passage de la Bidassoa et avec les maigres forces dont il disposait, Soult ne pouvait exercer vis-à-vis d’eux qu’une action retardatrice.
    Napoléon, revenu à Paris vers la mi-novembre, tenta de mettre sur pied une nouvelle armée. Mais même en faisant appel aux ultimes réserves, il ne parvint pas à réunir plus de quatre-vingt mille hommes. Quand un groupe de maréchaux, dont Ney faisait partie, lui demanda comment il comptait battre ses adversaires qui en alignaient deux cent cinquante mille, il répondit sèchement que quatre-vingt mille hommes et lui en valaient cent quatre-vingts mille. Même s’il se payait de mots, il espérait utiliser tous les avantages que lui donnerait le terrain et comptait sur les anciennes places fortes de l’intérieur {3} pour retarder de quelques jours les alliés et lui permettre de les battre.
    Pendant son séjour à Paris, Ney avait constaté, et cela lui avait déplu, que la cour impériale, qui ne manquait de rien, vivait dans un rêve et refusait de regarder la réalité en face.
    Nommé au commandement de la moyenne garde, Ney partit le 10 janvier 1814 à Nancy, où elle était cantonnée. Il y arriva le 14 et sa surprise se révéla amère. Napoléon l’avait assuré qu’il y trouverait quinze mille hommes en excellente condition. Or les régiments étaient en piteux état, leurs effectifs squelettiques et on nommait souvent « bataillon » ce qui n’avait même pas la valeur d’une compagnie. Avec cela, les soldats étaient fatigués et surtout désabusés par les revers subis en Allemagne. Il était hors de question d’envisager dans ces conditions la moindre offensive. Le duc d’Elchingen put mesurer la distance entre la vision utopique de l’empereur (il s’était entretenu avec lui avant de quitter Paris) et la réalité. Aussi estima-t-il plus sage de se replier sur Saint-Dizier. Cette retraite lui coûta cher en soldats, tant les désertions se multipliaient. L’arrivée de Napoléon à l’armée, puis la victoire de Saint-Dizier avant la fin du mois remontèrent le moral des troupes.
    Cette campagne de France si fertile en péripéties fut extrêmement brève. Commencée le 27 janvier, elle s’acheva le 6 avril par l’abdication de Napoléon. L’objectif des alliés était Paris. Mais afin de faciliter leur ravitaillement, ils commirent la faute de s’avancer en plusieurs colonnes suffisamment éloignées les unes des autres pour ne pas être en mesure de se porter assistance.
    Ils considéraient que cette marche sur la capitale serait une simple promenade militaire et que Napoléon n’aurait ni les moyens ni la volonté de résister. Or c’est précisément parce qu’ils étaient séparés que l’empereur entreprit de les battre successivement. Malheureusement pour lui, il ne disposait plus de forces assez importantes pour les

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