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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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écraser ou les rejeter hors de France. Ses victoires brillantes ne firent qu’entretenir ses illusions.
    Le rôle de Ney pendant cet hiver 1814 fut assez mince. Les divisions qu’il commandait variaient au gré des besoins de l’empereur. Tel jour il avait vingt mille hommes sous ses ordres, et cinq à six milles le lendemain. Pourtant, il réussit quelques jolis coups et montra cet héroïsme tranquille que tous admiraient en lui. Ce fut ainsi que le 28 janvier au soir, Blûcher qui avec impudence, sans se soucier d’un ennemi qu’il croyait loin, venait passer la nuit dans une maison près de Brienne, manqua d’être enlevé par Ney au moment de passer à table. Il n’eut que le temps de sauter par une fenêtre et de s’enfuir dans la nuit. Les Français mangèrent son souper et raflèrent ses bagages.
    Ney fut égal à lui-même le 11 février à la bataille de Montmirail. Parquin, alors capitaine de chasseurs à cheval de la garde, a rapporté la scène. Les Russes et les Prussiens s’étaient retranchés « jusqu’au menton » dans une ferme dite des Greneaux ou de la Haute Épine. Ils étaient appuyés par une forte artillerie. Il fallait enlever la place pour assurer la victoire. Napoléon chargea Ney de l’opération. Celui-ci mit pied à terre, tira l’épée et alla se mettre à la tête de six bataillons de chasseurs de la vieille garde. Décidé à aborder l’ennemi à la baïonnette, il fit vider le bassinet des fusils pour les empêcher de tirer (et peut-être de recevoir la balle d’un maladroit). Après quoi, au pas de charge, se riant du feu et de la mitraille, il emmena ses hommes et enleva la ferme, raflant au passage tous les canons. De toute la soirée, Napoléon ne se lassa pas de le féliciter.
    Des faits d’armes aussi admirables ralentissaient la progression de l’ennemi, le forçaient à reculer quelque peu, mais n’arrêtaient pas, sa marche ni la détermination des souverains coalisés d’en finir avec Napoléon.
    Les jours qui suivirent furent moins heureux. Après la prise de Soissons par les Prussiens, Ney, envoyé en avant, tenta en vain de les déloger de Craonne sur le Chemin des Dames. Malgré de furieux assauts, où il donna de nouveau de sa personne, l’appui de l’empereur lui fut nécessaire pour permettre aux troupes françaises de prendre pied sur le plateau. Cette victoire à la Pyrrhus coûta cher : le quart des effectifs resta sur le terrain.
    Si les soldats croyaient encore au génie militaire de l’empereur et avaient confiance en lui, le haut commandement était tout à fait désabusé. Les maréchaux et généraux comprenaient l’inanité de poursuivre la lutte. C’était bien à tort que l’empereur leur jetait à la tête qu’ils ne pensaient qu’à jouir en paix du butin qu’ils avaient amassé. Ils songeaient en réalité au destin de la France. À Paris Fouché, qui demeurait en rapport avec plusieurs d’entre eux, entre autres Ney, ne mâchait pas ses mots. Il écrivit : « Il n’y a qu’un moyen de nous sauver, c’est de tuer l’empereur sur-le-champ ! »
    Pour ne pas être en reste, le prince de la Moskowa proposa à ses camarades de chercher la manière la plus expéditive de se débarrasser « du fléau de la France ». Ce ne fut pas la détermination qui leur manqua, mais l’appui de Lefebvre qui commandait la vieille garde et les menaça de tout révéler au souverain. Celui-ci apprit le complot peu après. Lui qui en d’autres circonstances n’aurait pas hésité à les envoyer devant un peloton d’exécution, se contenta de hausser les épaules en disant : « Ils sont fous. » Il ne se doutait pas que ce n’était que partie remise.
    Rendus prudents par les récentes défaites, les alliés, malgré leur supériorité écrasante, continuaient à avancer lentement. Ils se demandaient si, avec l’armée française sur leur flanc, la marche sur Paris n’était pas une aventure téméraire... Et de fait, Napoléon songeait à un vaste mouvement tournant pour aller se placer entre eux et le Rhin.
    Mais il n’avait plus les moyens d’une telle stratégie. Ce fut l’influence de Pozzo di Borgo, diplomate corse au service de la Russie, ennemi acharné des Bonaparte, qui détermina cette fois la décision. Le 30 mars, alors que Napoléon arrivait à Fontainebleau, les coalisés, après un bref combat, entraient dans Paris.
    *
    Ney parvint à Fontainebleau le 2 avril pour apprendre presque immédiatement que les

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