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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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tsar.
    L’oreille basse, les plénipotentiaires reprirent la route de Fontainebleau, où le duc d’Elchingen arriva un peu avant ses camarades. Aussitôt, il écrivit une lettre à Talleyrand, lui annonçant que l’empereur s’était résigné à abdiquer. C’était aller un peu vite en besogne, car il ne l’avait pas encore vu. Ce ne fut que tard dans la nuit que ses trois envoyés furent reçus par Napoléon. Celui-ci d’abord ne voulut rien entendre. Il avait, estimait-il, assez de troupes pour reprendre le combat. Après quoi il interrogea séparément les trois envoyés pour tenter de démêler le vrai du faux. À la fin du compte, comprenant que ses lieutenants ne voulaient plus combattre dans d’aussi mauvaises conditions, il accepta de signer son abdication. Pour la porter à Paris, Macdonald s’étant récusé, ce furent encore Ney et Caulaincourt, accompagnés cette fois d’Oudinot, qui se chargèrent de la corvée.
    Alexandre les reçut beaucoup moins aimablement que la première fois. Sur la foi d’un faux rapport, il croyait l’armée française, empereur en tête, en route vers la Bourgogne.
    Rassuré, il daigna se montrer plus ouvert. Dès ce moment, les négociations allèrent bon train, puisque tout le monde semblait d’accord. Seul le roi de Prusse voulut faire des difficultés, mais le tsar le remit à sa place.
    Du côté français, ce n’étaient pas les trois généraux, mais Talleyrand qui menait le jeu et il n’avait aucun motif de ménager Napoléon. Toujours romantique, le tsar insista pour que son ancien adversaire se vît attribuer le petit royaume de l’île d’Elbe « à condition de donner sa parole de ne pas chercher à en sortir ». Le prince de Bénévent fit la moue. Il était payé pour savoir ce que valait la parole de Napoléon. Ney vint l’appuyer, à l’indignation et à la surprise de ses camarades (du moins le prétendirent-ils par la suite), car il connaissait le personnage. Mais Alexandre s’obstina. Il ne pouvait se défendre d’une certaine admiration vis-à-vis de son ancien ennemi.
    Lorsque tout fut rédigé, parafé, signé, Caulaincourt et Oudinot se préparèrent une fois encore à gagner Fontainebleau. Ney déclara qu’il ne les accompagnerait pas. À ses yeux, l’aventure napoléonienne était terminée. Sa mission également. Il était au service de la France, donc de son nouveau gouvernement. Ce serait sans doute celui du roi. Il subodorait que cela risquait de lui poser quelques problèmes. Mais il n’était pas le seul à tourner casaque et à rallier la monarchie. Un peu plus tard, devant Caulaincourt, Napoléon se répandit en propos amers à son sujet puis s’accommoda de cette nouvelle défection.
    Quand il prit la route de l’exil, il put constater que hormis une poignée de fidèles souvent subalternes, tous ses anciens lieutenants l’avaient abandonné.
    Ney avait joué un rôle de premier plan dans l’abdication de l’empereur. Sans s’en cacher, il avait été de ceux qui l’avaient jeté à bas de son trône. On ne peut donc que s’étonner qu’un an plus tard il se soit rallié à lui lors du retour de l’île d’Elbe. Manque de mémoire, ou idées trop mobiles comme l’a rapporté Macdonald, c’est un des côtés énigmatique de sa personnalité.

C HAPITRE XI
L’HOMME DU ROI
(1814-1815)
    Depuis de nombreux mois, la maréchale Ney se berçait d’illusions. Il faut dire qu’elle était entretenue dans ses rêveries par son père, M. Auguie. Celui-ci, comme presque toute la haute bourgeoisie, s’était détaché depuis un certain temps du régime impérial dont il n’attendait plus rien. Peu intelligente, Eglé s’imaginait que le titre de fille de femme de chambre aimée par la reine Marie-Antoinette lui ouvrirait les portes de la cour des Bourbons. Elle oubliait que le roi Louis XVIII avait toujours exécré sa belle-soeur et que ses sentiments n’avaient pas changé.
    Quant à la fille de la feue reine, la duchesse d’Angoulême, elle était prête à accueillir avec bonté la petite Aglaé qu’elle avait connue, mais pas une duchesse maréchale, épouse d’un des soudards de l’usurpateur. Et cette Aglaé, elle n’entendait la traiter que comme la fille d’une fidèle suivante de sa mère, avec bienveillance, gratitude, mais beaucoup de hauteur. De ces malentendus allaient naître toute une série de déceptions, tournant au dépit et enfin à la rancoeur.
    Au commencement, pourtant, tout alla

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