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Le maréchal Ney

Le maréchal Ney

Titel: Le maréchal Ney Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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quartier général, la situation qu’il leur décrivit était pire que celle qu’ils avaient imaginée. On manquait de vivres ; les habitants de la région les refusaient, et surtout il n’y avait plus de munitions. Les demandes réitérées de Marmont étaient demeurées sans réponse. Il venait d’entamer des pourparlers avec Schwarzenberg pour négocier une suspension des hostilités. Devant l’étonnement de ses camarades qu’il ait agi sans ordres, il proposa de rompre les pourparlers. Mais les trois délégués lui suggérèrent de faire traîner les choses, puisqu’il n’était pas en mesure de reprendre le combat.
    Les envoyés de l’empereur poursuivirent leur route. Ils entrèrent à Paris à trois heures du matin sous une pluie battante et malgré l’heure tardive se présentèrent immédiatement chez le tsar. Celui-ci, qui venait de se coucher, se releva et les reçut sur-le-champ.
    Ce fut Ney qui prit la parole en leur nom. À l’étonnement et même à l’indignation de Caulaincourt, qui ne comprenait rien à son jeu, il commença par parler de sa lassitude et de celle de ses camarades vis-à-vis de Napoléon et de la guerre.
    Puis il assura le tsar que la France, malgré le tragique de la situation, restait fidèle au principe de cette dynastie issue de la Révolution, même si elle en était à présent éloignée. L’armée qui lui était toujours attachée combattrait, s’il le fallait, pour elle jusqu’au dernier soldat. C’était fort habile. En même temps, il plaida l’idée de la régence de Marie-Louise en faveur de son fils, en laissant entendre que l’Autriche ne serait pas opposée à celle-ci. La proposition séduisit Alexandre. Lui aussi était las de la guerre et prêt à appuyer un gouvernement auquel se rallierait la majorité de ce peuple turbulent qu’étaient les Français. Les Bourbons, dont les partisans s’agitaient trop à son goût, ne lui inspiraient aucune confiance. Il avait rencontré le comte de Provence plusieurs fois à Mitau, en Courlande, où il lui avait accordé l’asile. Ce gros homme podagre {5} , goutteux, enfermé à l’époque dans des principes désuets, lui avait paru tout à fait impropre à régner.
    Il y avait trop de candidats au trône de France, sans compter les partisans de la république. Le tsar déclara donc à ses visiteurs qu’il allait consulter ses alliés, mais que cette régence lui semblait une solution raisonnable, à condition que Napoléon s’effaçât. Puis il congédia les trois plénipotentiaires, en les reconvoquant pour le lendemain en fin d’après-midi.
    Ney proposa de se réunir chez lui le 5 avril à l’heure du déjeuner. Quand ils se retrouvèrent, chacun de son côté était allé aux renseignements. D’après ce qu’ils avaient appris, le tsar semblait bien se faire leur interprète auprès des autres souverains. L’empereur d’Autriche ne se montrerait sans doute pas hostile à la régence de sa fille. La partie était, sinon gagnée, du moins bien engagée.
    De plus, tous trois savaient que Marie-Louise n’avait aucune dimension politique. Chacun, en son for intérieur, pensait qu’il pourrait se pousser en avant sur la scène politique. Ils étaient encore à table quand arriva Marmont. Il leur apprit qu’il avait rompu les pourparlers, du moins officiellement. Ce fut alors qu’un de ses aides de camp vint leur apprendre une nouvelle qui fit l’effet d’une bombe. Profitant de son absence, Souham, à qui il avait délégué provisoirement le commandement, venait de passer à l’ennemi avec tout le corps d’armée. Il s’y était déclaré en faveur des Bourbons ! Dans ses mémoires, Macdonald confesse : « L’événement nous cassait bras et jambes. »
    Pourtant, ils retournèrent le soir chez le tsar et aux premiers échanges comprirent qu’Alexandre n’était pas au courant des derniers développements de la situation. Malheureusement, au cours du souper auquel il les invita, la nouvelle de la défection du corps de Souham lui parvint. Dès lors il considéra que, contrairement aux dires de ses visiteurs, l’armée française ne pouvait plus être regardée comme solidaire des Bonaparte. À ses yeux, la seule solution demeurait l’abdication pure et simple de Napoléon.
    Quant à savoir quel serait le régime politique de la France, les alliés en décideraient le moment venu. Talleyrand, présent, ne dit mot. Ce fut en vain que Ney tenta de faire changer d’avis au

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