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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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d'al-Juzjani, de l'infirmier Rumi, du bibliothécaire, du
hadji Davout Hosein et même d'Ibn Sina. Il vit, sur le toit, qu'elle était
revenue ; quand ils seraient de nouveau l'un à l'autre, elle serait sa
vraie récompense.
    Les pires
difficultés commencèrent à mi-parcours. L'épuisement le rendait
maladroit ; en se versant de l'eau sur la tête, ainsi qu'il le faisait de
lus en plus, il avait éclaboussé ses chaussures et le cuir mouillé lui
meurtrissait la peau ; il avait une crampe au jarret droit. Aux portes du
Paradis, il trouva le soleil plus bas encore qu'il ne s'y attendait. Allait-il
être pris de court ? Ses pieds lui semblaient lourds, le carquois plein de
flèches heurtait rudement son dos à chaque pas. Il crut s'évanouir.
    Mais la ville
avait la fièvre : les femmes criaient sur son passage, les hommes
arrosaient la rue et la semaient de fleurs devant ses pas, en invoquant le nom
d'Allah. On l'aspergeait d'eau de senteur.
    Le soleil
allait disparaître, les silhouettes paraissaient flotter au-dessus de la terre
et le mullah montait déjà l'escalier du minaret. Dans ces derniers instants, il
fallait obliger les jambes mortes à accélérer désespérément leur rythme.
    Alors un petit
garçon, devant lui, quittant la main de son père, se mit à courir sur la route,
fasciné par le géant qui avançait lourdement. Karim l'attrapa au vol et le prit
sur ses épaules pour franchir la ligne d'arrivée, salué par une immense
clameur. Tandis qu'il recevait la douzième flèche, le chah ôta son turban et
l'échangea contre la toque emplumée du coureur.
    L'appel du
muezzin suspendit l'élan de la foule, qui se prosterna, tournée vers La Mecque.
La prière finie, le roi et les nobles entourèrent Karim Harun, le peuple se
pressa pour lui crier sa joie : la Perse entière était à lui.

CINQUIÈME PARTIE

Le chirurgien militaire

51. LA CONFIANCE

 
    «  Mais qu'est-ce qu'ils ont contre moi ? demanda Mary à
Rob.
    – Je ne sais pas. »
    Inutile de
nier, elle n'était pas aveugle. Aussitôt que la petite fille des voisins
trottinait dans sa direction, la mère, qui n'apportait plus de pain chaud au
« Juif étranger », se précipitait sans un mot comme pour l'arracher à
la corruption. Au marché, plus de sourires ; oublié l'invitation du
cordonnier à un repas de sabbat. En se promenant dans le Yehuddiyyeh, Rob ne
rencontrait que silence, regards hostiles, murmures insultants. Mais, après
tout, peu lui importait : il n'avait que faire du quartier juif.
    En revanche,
depuis que Mirdin l'évitait ou lui opposait un visage de marbre et un bref
salut, il regrettait son large sourire, sa chaude camaraderie. Il le trouva un
jour près de la madrassa, lisant à l'ombre d'un marronnier le dernier volume du Al-Hawi de Rhazes.
    « C'est
un bon auteur, il aborde là l'ensemble de la médecine, dit Mirdin mal à l'aise.
    – J'en ai lu
douze volumes et les autres suivront bientôt... Est-ce si mal que j'aie trouvé
une femme à aimer ?
    – Comment
as-tu osé épouser une Autre ?
    – Mirdin, elle
est merveilleuse.
    –
" Les lèvres de l'étrangère sont un rayon de miel et sa bouche est
plus douce que l'huile.  " C'est une goy, Jesse ! Nous sommes un
peuple dispersé qui lutte pour sa survie. Chaque fois que l'un d'entre nous se
marie hors de notre foi, c'est la fin d'une de nos lignées. Si tu ne comprends
pas ça, tu n'es pas l'homme que je croyais et je ne peux pas rester ton
ami. »
    Rob s'était
trompé : les gens du quartier juif comptaient pour lui car ils l'avaient
librement accepté, et cet homme plus que tout, qui avait donné son amitié. Il
se sentit obligé de parler, sûr d'avoir bien placé sa confiance.
    « Je ne
suis pas celui que tu croyais, et je ne me suis pas marié hors de ma foi.
    – Mais elle
est chrétienne !
    – Oui.
    – Est-ce une
plaisanterie stupide ? » s'écria Mirdin en pâlissant, et devant le
silence de Rob, il bondit, son livre à la main.
    « Mécréant !
Si c'est vrai – si tu n'es pas fou –, tu risques ta tête mais aussi la mienne.
Tu verras dans le Fiqh qu'en me le disant, tu me rends complice de ta fraude, à
moins que je te dénonce. Fils du diable, tu mets les miens en danger et je
maudis le jour où je t'ai rencontré ! »
    Il cracha et
tourna les talons.
    Les jours
passèrent sans que les hommes du kelonter se manifestent : Mirdin n'avait
pas parlé. Au maristan, le mariage de Rob avec une chrétienne parut une
excentricité

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