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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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scintillement des étoiles. Il se dit
qu'Ibn Sina n'était pas un demi-dieu, mais un érudit vieillissant, pris entre
la médecine et la foi dans laquelle on l'avait élevé. Il ne l'aimait pas moins,
avec ses limites humaines, mais se sentait un peu berné, tel un enfant qui
découvre les faiblesses de son père.
    Il s'occupa du
cheval brun puis se coucha sans bruit près de Mary qui dormait.
    Elle se leva
dans la nuit et sortit pour vomir. Inquiet, car la maladie de Cullen avait
commencé ainsi, il l'examina, mais le ventre était souple et le pouls normal.
Ils retournèrent au lit et elle cria deux fois son nom, comme dans l'angoisse
d'un cauchemar. Surpris, il lui caressa la tête et la réconforta.
    « Je suis
là, Mary. Je suis là, mon amour. »
    Il lui parlait
tendrement, en anglais, en persan, dans la Langue. Elle l'appela une fois
encore un peu plus tard, soupira et prit sa tête dans ses bras. La joue contre
la douce poitrine de sa femme, Rob s'endormit enfin, bercé par le battement
régulier e son cœur.

65. KARIM

 
    Des pousses vertes sortaient partout de terre sous le chaud soleil. C'était le
printemps à Ispahan. Les oiseaux traversaient le ciel, portant des brins de
paille pour construire leurs nids. Le Fleuve de la Vie, gonflé des eaux des
ruisseaux et des oueds, était en crue. Rob croyait tenir dans ses mains celles
de la nature qui lui transmettaient son infinie, son éternelle vitalité. Les
nausées de Mary s'étaient répétées et il comprit qu'elle était enceinte ;
il en fut heureux mais elle devint morose et plus irritable qu'auparavant. Il
s'occupa davantage de son fils, dont le petit visage s'éclairait en le voyant.
Il inventait des jeux puérils et l'enfant riait aux éclats. La semaine où il fit
ses premiers pas, il dit aussi son premier mot. Rob était un père comblé.
    Un après-midi,
il persuada Mary de l'accompagner à pied au marché arménien. Il posa Rob J.
devant la boutique du marchand de cuir, mari de Prisca, et la nourrice poussa
des cris de joie en voyant marcher le petit garçon, qu'elle prit dans ses bras.
Aucune femme n'était devenue l'amie de Mary, mais on s'était habitué à
l'Européenne et chacun les saluait. Plus tard, tandis qu'elle préparait le
pilah et que Rob taillait les abricotiers, deux petites filles du boulanger
vinrent jouer avec son fils.
     
     
    Apprenant un
jour qu'al-Juzjani consacrait son cours à la dissection d'un porc, il tint à y
assister. L'animal était un sanglier aux défenses de jeune éléphant et qui
empestait. Mais son estomac nourri de céréales dégageait surtout l'odeur aigre
de la bière en fermentation. Rob avait appris que toute odeur a son intérêt car
elle raconte une histoire. Il fit toutes les investigations possibles dans le
corps de la bête sans trouver rien qui concernât les affections abdominales, et
al-Juzjani, plus soucieux de son cours que des préoccupations du jeune hakim,
s'irrita du temps qu'il y passait.
    Rob alla
ensuite voir Ibn Sina au maristan et comprit au premier coup d'œil qu'un
malheur était rivé.
    « Ma
Despina et Karim Harun... Ils ont été arrêtés. »
    Le maître
semblait atterré, bouleversé, vieilli.
    Comme on
pouvait le craindre depuis longtemps, ils étaient accusés d'adultère et de
fornication. Les agents de Qandrasseh avaient suivi Karim surpris les amants dans
la tour.
    « Et
l'eunuque ? » demanda Rob. Aussitôt il se rendit compte, devant le
regard d'Ibn Sina, de ce qu'il avait pu trahir dans cette simple
question ; mais le vieil homme secoua la tête.
    « Il est
mort. Ils ne pouvaient pas entrer sans le tuer d'abord par surprise.
    – Que peut-on
faire pour Karim et Despina ?
    – Le chah seul
peut les aider. Il faut présenter une requête. »
    Dans les rues,
les gens détournaient la tête pour ne pas humilier Ibn Sina de leur pitié. Au
palais, le capitaine des Portes, au lieu de les introduire auprès du roi, les
fit attendre dans une antichambre et revint bientôt en disant qu'on regrettait
de ne pouvoir les recevoir aujourd'hui.
    « Nous
attendrons. Il se présentera peut-être une occasion. »
    Farhad sourit,
manifestement ravi de voir tomber les puissants. Ils attendirent en vain tout
l'après-midi, puis Rob accompagna le maître chez lui. Le matin, ils
retournèrent au palais, mais il était clair qu'Ala ne voulait pas les voir. Ibn
Sina parlait peu ; une fois il soupira :
    « Elle
avait toujours été comme une fille pour moi... »
    Il

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