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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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mais les médecins anglais ont l'esprit plus
indépendant et doivent être libres de mener leurs propres affaires.
    – La médecine
est plus qu'une affaire.
    – Ce n'est pas
une affaire, dit Hunne, les honoraires étant ce qu'ils sont et des petits
merdeux débarquant sans cesse à Londres. Où voyez-vous " plus qu'une
affaire " là-dedans ?
    – C'est une
vocation, maître Hunne. De même que d'autres se sentent appelés par
l'Eglise. »
    Brace allait
exploser, mais le président toussa : la dispute avait trop duré.
    « Qui se
propose pour la conférence du mois prochain... ? Allons, chacun doit
participer ! » dit Dryfield avec impatience.
    Rob savait
qu'il commettait une erreur en se proposant dès la première réunion, mais
personne ne disait mot et il parla.
    Le président
haussa les sourcils, lui demanda quel sujet il aborderait et en parut enchanté.
    « L'affection  
abdominale ? Maître... Crowe, n'est-ce pas ?
    – Cole.
    – Maître Cole,
une causerie sur l'affection abdominale, mais c'est parfait ! »
     
    Julia Swane
avait avoué, et l'on avait découvert la marque de la sorcière sur la chair
douce et blanche de son bras, juste sous l'épaule gauche. Sa fille Glynna
déclarait que Julia l'avait tenue, en riant, tandis que quelqu'un la violait,
le diable sans doute. Plusieurs de ses victimes l'accusèrent d'envoûtement.
C'est au moment d'être plongée dans l'eau glacée de la Tamise que la sorcière
avait tout confessé, et maintenant, elle répondait aux questions des exorcistes
sur les différents sujets touchant à la sorcellerie. Rob essayait de ne pas
penser à elle.
    Il acheta une
jument grise, ni jeune ni belle, un peu grasse, et la logea aux anciennes écuries
d'Egglestan, qui appartenaient maintenant à un certain Thorne. Elle le menait
chez les patients qui l'envoyaient chercher, et d'autres venaient chez lui.
C'était la saison du croup ; regrettant le tamarin, la grenade et la figue
en poudre qu'utilisait la médecine persane, il préparait des potions avec ce
qu'il avait sous la main : du pourpier macéré dans l'eau de rose, en
gargarismes pour les gorges irritées, une infusion de violettes séchées contre
les maux de tête et la fièvre, de la résine de pin mêlée de miel pour traiter
le phlegme et la toux.
    Un nommé
Thomas Hood à la barbe et aux cheveux carotte vint un jour rue de la Tamise et
Rob se rappela brusquement où il l'avait vu ; c'était le témoin de
l'incident avec le Juif et les deux marins. Il se plaignait d'avoir les
symptômes du muguet, mais il n'avait pas trace de pustules dans la bouche, ni
de fièvre, ni de rougeur dans la gorge et semblait bien trop vif pour un
malade. Il ne faisait que poser des questions : Où Rob avait-il fait son
apprentissage ? Vivait-il seul ? Pas de femme ? Pas
d'enfants ? Depuis quand était-il à Londres ? D'où venait-il ?
Un aveugle aurait su que le prétendu malade était un mouchard. Rob ne dit rien,
prescrivit un purgatif énergique que l'autre ne prendrait pas, et le poussa
dehors avec son flot de questions.
    Mais qui
l'avait envoyé ? Pour qui travaillait-il ? Etait-ce simple
coïncidence s'il avait vu la bagarre avec les marins ? Il eut quelques
éléments de réponse le lendemain chez l'herboriste, où il rencontra de nouveau Rufus.
    « Hunne
dit de vous tout le mal possible. Il vous trouve l'air d'un voyou et d'un
escroc plus que d'un médecin, et cherche à fermer le Lycée à qui ne serait pas
l'élève d'un médecin anglais.
    – Que me
conseillez-vous ?
    – Ne faites
rien. Il est clair qu'il refuse de partager avec vous la rue de la Tamise. Tout
le monde sait qu'il arracherait les couilles de son grand-père pour la moindre
piécette, et personne n'y fait attention. »
    Rob en fut
réconforté. Il balaierait leurs doutes en préparant son exposé comme il
l'aurait fait à la madrassa. Aristote enseignait à Athènes dans le premier
Lycée qu'il avait fondé. Eh bien, lui, qu'Ibn Sina avait formé, montrerait à
ces médecins anglais ce qu'une conférence médicale pouvait être.
    Ils furent
intéressés, sans doute, ayant tous perdu des malades de cette terrible douleur
dans la partie droite de l'abdomen. Mais le mépris et l'ironie le guettaient à
chaque phrase. On se moqua du « petit ver » qu'il prétendait avoir
observé. Aucun auteur n'en avait jamais fait mention, disait Dryfield : ni
Galien, ni Celsus, Rhazes, Aristote ou Dioscoride. D'ailleurs, l'avait-il
trouvé en

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