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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
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doucement.
Voilà. »
    Quand il
souleva la robe de nuit pour laver le corps squelettique, ils virent à son
flanc gauche un furoncle enflammé. Le médecin l'incisa aussitôt pour la
soulager et Rob observa avec satisfaction qu'il s'y était pris comme il aurait
voulu le faire lui-même. Merlin laissa en partant un flacon rempli d'une
préparation apaisante.
    Attachant son
propre cheval à la charrette, Merlin vint s'asseoir près de Rob pour lui tenir
compagnie.
    « Comment
se porte votre parent ? » demanda-t-il avec malice.
    « J'aurais
dû me douter, se dit Rob en rougissant, que Thorpe lui rapporterait mes
questions. »
    « Je ne
voulais pas lui mentir, mais ayant grande envie de voir par moi-même le
résultat de votre opération, ce moyen m'a paru le plus simple pour justifier
mon intérêt. »
    Le médecin
sourit, puis il expliqua sa méthode pour opérer la cataracte, tandis qu'ils se
dirigeaient vers une ferme de belle apparence.
    Ils y
trouvèrent un fermier lourd et musclé qui gémissait sur sa paillasse.
    « Alors,
Tancred, que vous arrive-t-il encore ?
    – C'est cette
maudite jambe. »
    Merlin
repoussa la couverture et fronça les sourcils. La cuisse droite était tordue et
enflée.
    « Vous
devez beaucoup souffrir. Il fallait m'appeler immédiatement. Quand et comment
cela vous est-il arrivé ?
    – Hier à midi.
Je suis tombé du toit en réparant le chaume.
    – Le chaume
attendra ! » s'écria Merlin, puis il se tourna vers Rob :
« J'ai besoin d'aide. Trouvez-nous une attelle, un peu plus longue que sa
jambe.
    – Touchez pas
aux bâtiments ni aux clôtures », grogna le blessé.
    Rob finit par
trouver dans la grange une planche en pin qu'il eut vite fait de retailler avec
les outils du fermier. L'homme lui jeta un regard noir en connaissant son bien
mais ne dit rien.
    « Il a
des cuisses de taureau... Ce sera dur », observa le médecin. Saisissant la
jambe par la cheville et le mollet, il exerça une forte traction avec un léger
mouvement tournant pour essayer le redresser la cuisse ; on entendit un
craquement, comme des feuilles mortes qu'on écrase, et le patient hurla.
    « Rien à
faire. Il a des muscles énormes qui protègent la jambe en se contractant ;
je n'ai pas assez de force pour les vaincre et réduire la fracture.
    – Laissez-moi
essayer », dit Rob à Merlin, qui accepta mais fit d'abord absorber une
pleine chope d'alcool au fermier tremblant et sanglotant. La tentative manquée
avait aggravé sa souffrance.
    Le jeune
barbier saisit la jambe à son tour et se mit à tirer, évitant toute secousse,
tandis que le blessé poussait un cri aigu et prolongé. Merlin avait empoigné le
gaillard sous les aisselles et tirait en sens inverse, le visage crispé et les
yeux exorbités sous l'effort.
    « Je
crois que ça vient... Ça y est ! » hurla Rob, au moment même où les
deux extrémités de l'os brisé grinçaient l'une contre l'autre et reprenaient
leur place.
    L'homme, sur
le lit, était soudain silencieux. Etait-il évanoui ? Non, mais son visage
ruisselait de larmes.
    « Maintenez
l'extension de la jambe », dit vivement Merlin. Il fit une écharpe de
chiffon qu'il noua autour du pied et de la cheville, puis la relia par une
corde à la poignée de la porte. La planche fut alors fixée à la jambe en
extension et, pour plus de sûreté, on attacha ensemble les deux jambes.
    Après avoir
réconforté le fermier épuisé, laissé des instructions à l'épouse toute pâle et
pris congé du frère qui allait s'occuper de la ferme, ils s'arrêtèrent un
instant dans la cour et se regardèrent, trempés de sueur. Le médecin sourit.
    « Venez
donc à la maison partager notre souper », dit-il à Rob en lui tapant sur
l'épaule.
     
    Deborah,
l'épouse de Merlin, était une femme plantureuse, qui ressemblait à un pigeon,
avec un nez pointu et des joues rouges. Elle accueillit froidement le visiteur.
Le médecin apporta dans la cour un bassin d'eau fraîche et, en s'y lavant, Rob
entendit, venant de la maison, des récriminations dans une langue inconnue.
    « Il faut
lui pardonner, dit le mari en le rejoignant. Elle a peur. La loi nous interdit
de recevoir des chrétiens pendant les fêtes religieuses. Ce sera à peine une
fête ; un simple souper. Mais je peux vous servir dehors, si vous
préférez.
    – Je vous
remercie de m'inviter à votre table, maître », dit Rob.
    Ce fut un
étrange repas. Outre les parents, il y avait quatre enfants ; les

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