Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Noah Gordon
Vom Netzwerk:
drôle de tête aux narines largement ouvertes, aux lèvres
boudeuses et au regard glauque derrière de longs cils qui leur prêtaient un air
étrangement féminin.
    Ils étaient
liés les uns aux autres et chargés d'énormes ballots attachés entre les deux
bosses. Tous les sept ou huit chameaux, on voyait, perché sur les sacs, un
chamelier maigre au teint basané vêtu d'un turban et d'un pagne déchiré. L'un
d'eux, de temps en temps, pressait les bêtes d'un « Hut ! Hut !
Hut ! » dont apparemment elles ne se souciaient guère. Rob en compta
près de trois cents jusqu'à ce que la fin du convoi s'efface au loin, avec le
son de ses merveilleuses clochettes tintinnabulantes.
    Après cette
première image de l'Orient, les voyageurs se hâtèrent de traverser l'isthme
étroit qui sépare la mer de Marmara et la mer Noire, comme l'expliqua Simon.
Rob, bien qu'il ne pût voir l'eau, emplit ses poumons de cette senteur
vivifiante qui lui rappelait son pays et réveillait son impatience.
L'après-midi suivant, la caravane prenant de la hauteur, il vit à ses pieds
Constantinople, telle une des villes de ses rêves.

33. LA
DERNIÈRE CITÉ CHRÉTIENNE
     
    L e fossé était large et, en franchissant le pont-levis, Rob
aperçut dans l'eau verte des carpes grosses comme des cochons. Vers
l'intérieur, un parapet de terre et, vingt-cinq pieds plus loin, un mur épais
de pierre sombre de quelque cent pieds de haut, que des sentinelles arpentaient
d'un créneau à autre. Cinquante pieds plus loin, un second mur, pareil au
premier ! Constantinople était une forteresse à quatre lignes de défense.
    Ils passèrent
deux grandes portes ; celle du mur intérieur, à trois arches, était ornée
d'une statue, un ancien empereur sans doute, et d'étranges animaux de
bronze : massifs, avec de larges oreilles battant l'air, de petites queues
derrière et de longues devant qui leur sortaient de la tête. Rob tint Cheval
pour les regarder et Meir lui cria :
    « Bouge
ton cul, l'Angliche !
    – Qu'est-ce
que c'est ?
    – Des
éléphants. Tu n'en as jamais vu, pauvre étranger ? »
    Kerl Fritta
les mena au caravansérail, vaste cour où transitaient les voyageurs et les
marchandises qui entraient dans la ville ou la quittaient ; il y avait des
entrepôts, des enclos pour les bêtes et des logis pour les gens. En guide
chevronné, il contourna la foule bruyante en direction des khans, cavernes
creusées dans les collines pour abriter les caravanes. La plupart des voyageurs
ne passeraient qu'un jour ou deux à se reposer, réparer les voitures ou
échanger leurs chevaux contre des chameaux, puis ils prendraient la route
romaine du sud vers Jérusalem.
    « Nous
partons dans quelques heures, dit Meir, car nous sommes à dix jours d'Angora et
nous avons hâte de nous décharger de nos responsabilités. Quand tu voudras te
mettre en route, ajouta Simon, va voir Zevi, le chef des caravanes d'ici.
Depuis sa jeunesse, il a conduit des chameaux sur toutes les routes. Il est
juif et homme de bien, dit-il fièrement. Il veillera à ce que tu voyages en
sécurité. »
    Rob prit congé
de chacun.
    « Adieu,
mon gros Gershom, dont j'ai soigné la fesse ! Adieu, Judah, à la barbe
noire et au nez pointu ! Bon voyage, mon petit Tuveh ! Merci à toi,
Meir ! Merci, merci à toi, Simon ! »
    Il les
quittait à regret car ils lui avaient témoigné de l'amitié. Et puis il perdait
le livre qui l'avait introduit à la langue persane.
    Resté seul, il
parcourut Constantinople, cité immense, plus peut-être que Londres. De loin,
elle semblait flotter dans l'air chaud et limpide, entre le bleu sombre des
remparts et les bleus différents du ciel et de la mer de Marmara. Partout, des
églises de pierre dominaient les rues étroites encombrées d'une foule de
cavaliers aux montures diverses et de voitures de toute espèce. De robustes
porteurs vêtus de brun étaient chargés d'incroyables fardeaux, posés sur leur
dos ou en équilibre sur leur tête.
    Il s'arrêta
devant la statue de Constantin le Grand, premier empereur romain converti au
christianisme, qui avait conquis Byzance sur les Grecs et en avait fait le
joyau du christianisme en Orient. Plus loin, Rob découvrit tout un quartier de
petites maisons de bois, à étages et balcons, qui lui rappela l'Angleterre.
Cette ville cosmopolite, charnière entre deux continents, possédait un quartier
grec, un marché arménien, un secteur juif, et brusquement, après tant de
charabias

Weitere Kostenlose Bücher