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Le Monstespan

Le Monstespan

Titel: Le Monstespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Teulé
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bouche ourlée et
joviale  – explique :
    — J’avais
trois cent mille livres de dettes, le roi les règle à ma place simplement parce
que je suis le père de sa nouvelle maîtresse... Il m’offre aussi le titre de
gouverneur de Paris et d’Île-de-France. Et pour le dédommager de s’être
approprié la vertu de sa sœur, Sa Majesté nomme mon fils, Vivonne (cet
imbécile), général des galères et vice-amiral du Levant ! Alors vous, le
mari, imaginez les bénéfices que vous pouvez espérer !
    — J’espère
Françoise...
    — Louis-Henri,
vous êtes stupide. Toutes les grâces, tous les honneurs sont prêts à fondre sur
vous. Il vous suffirait de vous taire et de fermer les yeux. Mais vous préférez
crier très haut quitte à subir les violences de l’arbitraire. C’est ce que
beaucoup ne vous pardonnent pas. Vous les gênez d’oser mettre ainsi un grand
roi en fâcheuse posture.
    — Moi, je
le mets en fâcheuse posture ?...
    — Il
faudrait vous enfermer aux Petites-Maisons comme un fou. Et puis jetez ce
chapeau gris. Le roi déteste les chapeaux gris et il ne faut jamais déplaire à
Sa Majesté.
    Montespan
trouve que l’air, ici, est aussi un peu scélérat. Le beau-père s’emporte dans
ses dentelles :
    — Ah, que
n’êtes-vous comme d’autres, vous auriez bien arrangé votre existence et seriez
mort maréchal de France et gouverneur d’une bonne province plutôt que de
traîner toujours une meute de créanciers à vos chausses.
    — Je suis
amoureux de votre fille...
    — Le
prince de Soubise a montré une autre élégance et pourtant lui aussi, au début,
rechignait quand Louis posa les yeux sur sa femme. Il a même tenté de faire
croire à Sa Majesté quelle était scrofuleuse : « C’est une belle
pomme, sire, mais elle est gâtée dedans. » « Vraiment ? avait
répondu le roi, je vérifierai par moi-même en allant dedans. » Alors
l’époux courba la tête et eut la délicatesse de se faire rare pendant la durée
de la liaison. En récompense, il reçut une forte somme d’argent et l’une des
plus belles maisons de Paris. Il transforma en corne d’abondance les cornes de
sa honte.
    Gabriel de
Rochechouart, duc de Mortemart, se sert une petite eau de cerise, en propose à
son gendre qui refuse d’un geste en soupirant :
    — Donc,
il n’y a que mon oncle — Henri Gondrin, l’archevêque de Sens  – pour
prendre mon parti... Lui, blâme en pleine chaire l’adultère du roi.
    — Sa
Majesté l’amadouera avec un chapeau de cardinal. Louis-Henri, être cocu, c’est
la chance de votre vie. Ne la ratez pas, elle ne repassera pas.
    — Comment
peut-on penser que je me tairai, m’en accommoderai ?...
    — Vous
êtes fou.
    — Fou de
Françoise.
    — Ah, ça
le reprend ! Que d’histoires parce que le roi aime à se rôtir le balai
dans ma fille.
    Montespan
hésite à s’illustrer par un beau-parricide.
    — Louis-Henri,
acceptez cet état de fait sinon tout le monde finira par vous trouver mauvais
goût Le roi est irrité par les manifestations bruyantes et réitérées d’un sujet
assez insolent pour oser lui réclamer sa femme. Vous devenez dans Paris un sujet
de comédie. D’ailleurs il paraît que Molière écrit une pièce sur vous.
    — Ah
bon ?

 
18.
     

     
    Arrivé sur
scène devant sademeure de Thèbes
et près d’un domestique (Sosie) joué par l’auteur de la pièce, Amphitryon est
fâché après Jupiter car il vient d’en apprendre une bien bonne !... Il a
découvert que, pendant qu’il était à la guerre, le dieu (qui chevauche un aigle
là-haut sur son nuage) l’avait cocufié en prenant son apparence physique pour
passer la nuit avec sa femme (Alcmène) et que, de cet hymen, un enfant allait
naître :
     
    JUPITER
    Chez toi doit naître un fils qui, sous le nom
d’Hercule...
     
    Un homme marié
apprécie rarement qu’un autre lui annonce que safemme est enceinte et que le prénom soit choisi sans qu’on
le consulte. Mais ce qui est amusant pour les spectateurs du théâtre du
Palais-Royal ne l’est évidemment pas pour Amphitryon ni pour Montespan dans la
salle.
    Louis-Henri,
debout au parterre parmi la foule, a payé sa place quinze sols. Les chaises à
six livres se trouvent au balcon, dans les loges, et sur les côtés de la scène
où le roi, accompagné de Françoise, assiste à cette représentation du 16 janvier
l668. Le mari ne distingue pas les traits de son rival car envahi de plumes,
mais parfois

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