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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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hommes de lettres ou de science et aux artistes. Tombé en désuétude
au cours des siècles, il fut définitivement supprimé par Louis-Philippe en 1830.
    Cependant, le Mont-Saint-Michel eut tout à gagner de ce regain
de ferveur envers l’Archange de Lumière. Des foules de pèlerins s’y
précipitèrent, augmentant immédiatement les ressources de l’abbaye et
permettant l’achèvement de tous les travaux de reconstruction de l’église
abbatiale et l’entretien des immenses bâtiments conventuels. Mais chaque chose
a son revers : le triomphe du Mont allait provoquer sa décadence.
    En effet, l’abbé Robert Jolivet, à l’encontre de tous ses
moines, avait eu la malchance de choisir le parti bourguignon et de reconnaître
le roi d’Angleterre comme roi de France. On ne lui pardonna pas et il fut
destitué. Les moines élurent un certain Jean Gonault, mais le prestige de l’abbé
avait été atteint par la « trahison » de Robert Jolivet. En fait, le
Mont était maintenant au pouvoir des militaires qui étaient les véritables
vainqueurs de la guerre. Le capitaine du Mont, le baron d’Estouteville, réclama
la charge d’abbé pour son frère, le cardinal Guillaume d’Estouteville, grand
dignitaire de l’Église, qui était archevêque de Rouen et évêque d’Ostie, mais
également abbé de Saint-Gildas-des-Bois en Bretagne, et aussi prieur de Lehon, près
de Dinan. Le pape et le roi Charles VII durent accepter, pour des raisons
diplomatiques, et malgré ses résistances, Jean Gonault fut écarté sous promesse
d’une bonne pension et de substantiels bénéfices ecclésiastiques.
    La gangrène se mettait au Mont. Le cardinal d’Estoutevile n’y
vint qu’une seule fois, en 1452, ce qui ne l’empêchait pas de toucher les
revenus de l’abbaye, bien qu’il ne fût pas moine mais seulement prêtre séculier.
Ainsi fut instituée la pratique de la commende ,
qui permettait de nommer n’importe qui à la tête d’une abbaye, pour des motifs
peu religieux, en pourvoyant le titulaire – qui n’était pas obligé de résider
dans son abbaye – de fructueux bénéfices et avantages. Cette pratique de la commende est responsable de la décadence de la plupart
des monastères, et le Mont-Saint-Michel n’échappa pas à la règle commune. Certes,
le prestige du cardinal d’Estouteville était tel qu’il contribua à accroître le
renom de l’abbaye. Mais la vie monastique commençait sérieusement à se dégrader.
    En 1509, la foudre fit encore des ravages. Les cloches fondirent
et la voûte de la nef brûla. Le successeur de Guillaume d’Estouteville, Jean de Lamps,
fit tout remettre en état et termina les derniers aménagements des logis
abbatiaux ainsi que le chœur de l’église et le Grand Degré intérieur : c’est
par cet escalier monumental que le roi de France, François 1 er ,
fit son entrée solennelle dans l’abbaye du Mont en 1518.
    La paix sera cependant de courte durée. Les guerres de Religion
vont redonner au Mont son aspect de citadelle militaire. C’est d’ailleurs pour
des raisons strictement stratégiques qu’un arrêt du Parlement de Rouen, en 1569,
oblige l’abbé François Le Roux, lequel ne vient jamais dans son abbaye et
néglige son entretien, à effectuer des réparations indispensables. Placé entre
une Bretagne fidèle au catholicisme et une Normandie qui s’ouvrait aux idées
protestantes, le Mont-Saint-Michel allait se trouver encore une fois au milieu
d’opérations militaires peut-être peu importantes mais néanmoins incessantes. Les
moines, au lieu de mener la vie austère et studieuse à laquelle ils avaient
aspiré, se préoccupèrent davantage de résister aux Huguenots et même, parfois, d’en
tirer quelques avantages grâce à des rançons ou des primes de guerre. Pourtant,
comme pendant la guerre de Cent Ans, le Mont résista à tous les assauts et ne
fut jamais occupé. Le lieutenant du roi, Gabriel Dupuy, avait achevé les
fortifications du sud, notamment l’avancée et la Tour Gabriel.
    À partir de 1562, l’Avranchin est le théâtre d’affrontements
entre Catholiques et Huguenots. Gabriel de Lorges, comte de Montgommery, qui
avait tué le roi Henri II au cours d’un tournoi, s’était fait protestant. Et,
installé à Pontorson, il pillait régulièrement toutes les terres du monastère
dont il rêvait de s’emparer. Des coups de main eurent lieu, mais comme la forteresse
était réputée imprenable, on utilisa la ruse. En

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