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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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d’ailleurs son nom. Et le
système de fortifications est complété activement, de sorte que le roi Charles VI,
qui visite le Mont en 1394, peut contempler un ouvrage entièrement achevé. Le
successeur immédiat de Pierre Le Roy, Robert Jolivet, ajoutera seulement
la série de remparts qui longent la mer, permettant ainsi à la ville d’être
mieux protégée.
    Après le traité de Troyes, en 1420, Robert Jolivet reconnaît
Henry V d’Angleterre comme roi de France. Il est désavoué par sa
communauté monastique. Mais, le 20 septembre 1421, le chœur roman de l’église
abbatiale s’écroule. Ce n’est pas le moment de le reconstruire : les
Anglais occupent le fief montois d’Ardevon et y établissent une bastille, tandis
qu’ils reprennent Tombelaine avec des forces importantes qui menacent directement
le Mont. De plus, une flotte anglaise fait le blocus de toute la baie, de
Granville à Cancale. Mais, en 1425, sur l’initiative du duc de Bretagne, les
Malouins se lancent à l’attaque de la flotte anglaise, dispersant celle-ci et
assurant au Mont-Saint-Michel son ravitaillement permanent par voie de mer. Les
pèlerinages reprennent, malgré la guerre, et les troupes anglaises laissent
même passer les pèlerins qui se rendent au Mont. Cependant, en 1434, les
Anglais réapparaissent en force et tentent de donner l’assaut au
Mont-Saint-Michel. Jamais le danger n’a été plus grand. Ils pénètrent dans la partie
basse de la ville. Les combats sont acharnés, mais les Montois réussissent à
les mettre en fuite. C’est alors qu’ils abandonnent les deux bombardes qu’on
voit encore à l’entrée actuelle de la ville. En 1444, il n’y aura plus de
bataille entre Anglais et Français pour la possession du Mont, et en 1450 les
derniers soldats anglais auront quitté la région. La guerre de Cent Ans est
enfin terminée. Le Mont-Saint-Michel va connaître une nouvelle période de
prospérité, au cours de laquelle on construira le nouveau chœur en gothique
flamboyant.
    Étrangement, la période noire de la guerre de Cent Ans, principalement
la dernière phase, avec le siège et la délivrance du Mont, fut l’occasion d’un
renouveau du culte de l’Archange. Cette fois-ci, le combat de Michel et du
Dragon, et la victoire du premier sur le second, pouvaient être interprétés
comme la lutte entreprise contre les Anglais par les Français protégés et soutenus
par saint Michel. L’épopée de Jeanne d’Arc ne fit qu’ajouter à cette croyance
fondamentale que le plus brillant des Archanges était le protecteur choisi par
Dieu pour le salut de la France.
    N’oublions pas, en effet, que l’action de Jeanne d’Arc fut
tout entière placée sous le signe de saint Michel. Quelle que soit la réalité
des visions de la Pucelle, quelles que soient les troubles circonstances qui
entourent la naissance de la vocation de Jeanne d’Arc et son évidente
manipulation par des gens dévoués à la belle-mère de Charles VII, la
remarquable Yolande de Bar, duchesse d’Anjou [5] ,
l’image de saint Michel domine largement la mission salvatrice dont elle s’est
fait l’instrument et peut-être la victime.
    Les minutes du procès de Rouen sont des documents incontestables.
Voici ce que raconte Jeanne au sujet des apparitions qu’elle aurait eues :
« C’est saint Michel qui est venu le premier. Je l’ai vu devant mes yeux. Il
n’était pas seul, mais accompagné des anges du ciel. Il était sous la forme d’un
vrai prud’homme pour l’habit… Je ne sais s’il a des cheveux. Il avait des ailes
aux épaules, mais pas de couronne sur la tête. Par le parler et le langage, je
crois fermement que c’étaient des anges. Je l’ai bientôt cru et j’eus la
volonté de le croire. Saint Michel me dit que sainte Catherine et sainte
Marguerite viendraient à moi et que je fisse selon leur conseil. Je le vis
maintes fois avant de savoir que c’était saint Michel. La première fois, j’étais
jeune enfant et j’eus peur ; depuis, il m’enseigna et me montra tant de
choses que je crus fermement que c’était lui. Il me dit que je fusse bonne enfant
et que Dieu m’aiderait… Et l’ange racontait la grande pitié qui était au
royaume de France. »
    Ces visions de Jeanne d’Arc, quelle qu’en soit la nature
exacte, correspondent à une angoisse métaphysique partagée par tous ses
contemporains et qui s’explique à la fois par la mythologie et par le contexte
sociologique. Face aux

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