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Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon

Titel: Le Mont-Saint-Michel et l'énigme du Drangon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Lancelot a une double ascendance biblique, par son père
comme par sa mère. Il descend d’une lignée issue du roi David, comme Jésus, et
aussi de Joseph d’Arimathie, l’introducteur mythique du Graal en
Grande-Bretagne. Si l’on s’en tient à la généalogie officielle du héros, telle
qu’elle se trouve dans l’ Histoire du Graal , Lancelot
n’apparaît pas comme breton (insulaire ou armoricain), mais comme un juif de
pure race. Qu’est-ce que tout cela signifie ? Existerait-il une lignée, plus
initiatique que naturelle, qui partirait du monde hébraïque et qui aboutirait
dans les pays celtiques, Irlande ou Grande-Bretagne, lignée détentrice d’un
Secret ou d’une Connaissance d’ordre spirituel ?
    Le soin que mettent les auteurs du XIII e  siècle à mettre en valeur cette filiation
hébraïque reste assez incompréhensible compte tenu du fait que le personnage de
Lancelot est avant tout un héros celtique originaire de la Bretagne armoricaine.
Il y a eu des convergences, mais qui ne sont pas forcément fortuites.
    Il y a en effet beaucoup à dire sur le Saint Graal . Tout dépend de la façon dont il est
orthographié dans les manuscrits, et alors apparaît un jeu de mots significatif :
le sangréal de certains manuscrits peut être
décomposé de deux manières, soit san gréal (c’est-à-dire
saint Graal), soit sang réal (c’est-à-dire « sang
royal »). La seconde interprétation nie la réalité d’un objet qui serait
le « saint Graal », mais affirme l’existence d’une lignée sacrée ou
initiatique, une « lignée royale » dont Lancelot du Lac, puis son
fils Galaad, seraient les derniers descendants. Si tel est le cas, le
personnage de Lancelot est à considérer comme le dernier maillon d’une chaîne d’initiés,
dépositaires de secrets sacrés (de toute façon, sacré a quelque chose de commun avec le secret , en
kabbale phonétique) qui ne peuvent être transmis qu’à des êtres exceptionnels. Lancelot
aurait donc une fonction de messager , c’est-à-dire
d’Ange, en même temps que sa fonction traditionnelle de vainqueur des
puissances obscures. Cela ne peut que renforcer l’équivalence entre Lug, Cûchulainn
et Lancelot, d’une part, et saint Michel, d’autre part.
    Il s’agit seulement d’équivalence. Lancelot n’est pas l’Archange saint Michel dont la statue
domine les immensités sableuses d’une baie profondément enserrée entre la terre
normande et la terre bretonne, à l’un des points du globe où le tellurisme se
fait le plus sentir. Mais Lancelot est, selon toute vraisemblance, ce qui reste
du mythe michaélique une fois celui-ci passé dans le domaine profane et
contaminé par le mythe celtique. Il n’est pas douteux que l’Archange de Lumière
soit la forme christianisée du Multiple-Artisan Lug, chef des armées des Dieux
contre les sombres Fomoré, dont l’image, à peine évadée du druidisme, surgit à
chaque instant sous les traits « courtois » du brillant chevalier
Lancelot du Lac, le plus fidèle soutien du roi Arthur, celui qui pourrait poser
la fameuse question : Qui est comme Arthur ?
    Dans ces conditions, on ne peut guère s’étonner si le culte
de saint Michel s’est répandu dans tout l’Occident chrétien à partir du V e  siècle : il faut bien avouer que le
terrain était bien préparé, et que l’image qu’on se faisait alors de l’Archange
correspondait étroitement à ce que les fidèles attendaient pour remplacer celle
d’un antique dieu pourchasseur de monstres et chef des armées de Lumière.
    C’est en Italie, au cours du VI e  siècle,
que l’Archange se manifesta, créant de ce fait un mouvement irréversible qui
allait se propager en quelques décennies vers le nord-ouest. Sur les rives de
la mer Adriatique, sur le Monte-Gargano, précisément, un taureau pourchassé se
réfugia dans une grotte et fut miraculeusement épargné. L’affaire fit grand bruit :
on raconta même qu’il y avait eu une intervention céleste pour interdire qu’on
tuât le taureau. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une enquête des
autorités ecclésiastiques. L’évêque de Spolète fut consulté sur l’événement et
sur les suites qu’il convenait de lui donner. Mais comme il avait une grande
dévotion pour saint Michel, il se mit en prières et invoqua l’intervention de l’Archange
pour l’éclairer dans sa recherche de la vérité. Or, à ce qu’il raconta, saint Michel
lui apparut et

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