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Le mouton noir

Le mouton noir

Titel: Le mouton noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Langlois
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Quand elles sont sèches, ce qui prend plusieurs semaines, tu t’empares d’un pilon et tu les réduis en poudre. Tu apportes ensuite cette poudre au marchand Liou Tsé, dont voici l’adresse. Si ton produit s’avère de bonne qualité, tu en obtiendras un très bon prix, jusqu’à quarante livres tournois pour le fruit de quelques dizaines de racines.
    Plus son nouvel ami parlait, plus Clément se louait d’avoir fait sa connaissance. Il voyait déjà la fortune qu’il pourrait tirer de ce commerce qui ne demandait pas d’investissement et rapportait gros. Le seul inconvénient tenait au fait que pour renouveler le stock, il fallait constamment trouver de nouveaux endroits où poussait cette plante miracle. Pour lors, il connaissait les lieux secrets que lui avait révélés Victor, mais ensuite, où en dénicherait-il d’autres?
    Il passa les jours et les semaines suivantes à la cueillette. Il rapporta ses précieuses racines à Verchères et les suspendit aux poutres du pavillon de chasse jusqu’à ce qu’elles soient bien sèches. Il en tira plusieurs livres de poudre qu’il apporta au marchand Liou Tsé. Ce dernier lui donna quelques livres tournois en acompte, l’assurant que dès l’arrivée des premiers navires au printemps, ses associés lui enverraient les centaines de livres que valait sa cueillette.
    Ce succès le mit en joie, tout en le rendant anxieux. Il ne pourrait pas toucher ses profits avant six mois. Il passa tout l’automne à arpenter les bois afin de découvrir d’autres endroits où la plante poussait en abondance. Satisfait de ses découvertes, il se promit d’en retirer au cours de l’année suivante plusieurs milliers de livres.

    Durant le mois de février, il apprit la mort de son ami Victor. S’il en fut quelque peu peiné, une fois de plus, il bénit le ciel de l’avoir rencontré. Dès que le soleil printanier fit fondre la neige dans les bois, il s’adonna pendant trois semaines à une cueillette intensive de ginseng. Puis, alors qu’il rapportait les racines à Verchères, anxieux de toucher plus rapidement les fruits de son travail, il pensa à une façon plus rapide de sécher les racines: le four à pain.
    En quelques jours, il produisit plusieurs dizaines de livres de cette panacée qu’il apporta au marchand Liou Tsé. Il put de la sorte quadrupler sa production de l’année précédente. Quand, quelques semaines plus tard, il toucha les quelques centaines de livres que lui avait valu son travail de l’année précédente, il exulta.
    â€” Je serai riche l’an prochain, dit-il à Justine.
    â€” Qu’est-ce qui t’en rend si sûr?
    â€” C’est mon secret.
    â€” Encore un tour de passe-passe plus ou moins louable, je présume.
    â€” Tout ce qu’il y a de plus honnête. Le fruit de plusieurs mois de labeur!
    Le printemps suivant ne vint jamais assez vite pour lui. Tout en poursuivant ses cueillettes et alors que les plantes se faisaient de plus en plus rares, il attendait avec impatience l’arrivée des premiers navires. Quand il fut assuré que le marchand Liou Tsé devait avoir reçu les milliers de livres qu’il croyait devoir toucher, il se présenta chez lui, le cœur débordant d’espoir.
    â€” J’ai mauvaises nouvelles pour vous, dit le marchand.
    â€” De mauvaises nouvelles?
    Il lui remit une bourse qui ne contenait pas cinq cents livres.
    â€” Il y a certainement une erreur! s’exclama-t-il.
    â€” Pas erreur. Poudre ginseng de vous, mauvaise qualité.
    â€” De mauvaise qualité?
    â€” Ginseng séché trop vite.

    Quand, cette année-là, Clément voulut revenir à la méthode de séchage que lui avait enseignée Victor Généreux, il ne possédait plus que quelques dizaines de racines de ginseng, puisqu’il avait déjà récolté toutes celles qu’il avait pu repérer. S’il voulait poursuivre son commerce, il devrait arpenter la forêt pendant des semaines en souhaitant mettre la main sur de bons plants, une tâche bien ardue. Lui qui voulait faire fortune rapidement décida de chercher ailleurs. Il savait désormais que le ginseng ne le rendrait pas riche.

Chapitre 25
Alexandre
    Pendant ce temps,

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