respecter.
Mon ami Huberdeau nâest plus, mais il avait amplement raison, puisquâen cette année 1774, par lâActe de Québec, nous recouvrons la plus grande partie de nos droits. Parce que nous avons résisté aux côtés de nos dirigeants à lâinvasion américaine, nous avons maintenant droit à nos écoles. Nous ne sommes plus obligés de renoncer à notre religion pour avoir accès à des emplois dans la fonction publique et nous avons recouvré lâusage du droit civil.
Maintenant que tout cela est notre nouvelle réalité, je me remémore les paroles de mon ami quand il mâavait demandé:
â As-tu entendu parler de lâhistoire de Jean-Baptiste Grenon, lâHercule de Charlevoix?
â Non pas!
â Quand les Anglais lâont fait prisonnier en 1759, ils ont voulu lui faire plier les genoux afin de lâattacher la tête en bas à la vergue dâun de leurs vaisseaux et lui faire faire le grand plongeon dans le fleuve. Ils nâont jamais été capables de le forcer à plier les genoux. Tout lâéquipage a essayé, un homme après lâautre. Le commandant anglais, respectant la promesse quâil lui avait faite, lâa relâché.
â Je ne vois pas le rapport.
â Comme peuple, nous nâavons quâà ne jamais plier les genoux.
Huberdeau avait raison. Je puis maintenant partir en paix. Câest en nous tenant debout que nous continuerons à être ce que nous sommes.
Ãpilogue
Voilà ! Vous savez maintenant, tout comme moi, ce quâa été la vie de mon grand-père Clément Perré, le mouton noir de la famille. Peu de temps après avoir terminé le récit de ses aventures avec la bande à Bigot, un mal incurable lâa frappé. Il a envisagé la mort comme il lâavait fait de la vie, en luttant la tête haute, soucieux de ne pas être pour son épouse un fardeau trop lourd à porter. Puis, après nous avoir réunis un soir autour de son lit de mourant, il nous a simplement dit:
«Je mâen vais, mais je ne veux pas quitter ce monde sans vous laisser un conseil que, je lâespère, vous suivrez. Croyez-moi, il nây a que lâamour qui compte.»
Il sâest éteint au cours de la nuit suivante. Nous étions peu nombreux à lâaccompagner jusquâà son dernier repos. Le printemps redonnait vie à la nature. Le vent poussait de lourds nuages gris dans le ciel. Je me souviens fort bien, et lâimage mâest restée gravée dans la tête, quâau moment où les fossoyeurs ont descendu son cercueil dans la fosse, une éclaircie sâest produite dans le ciel et un rayon de soleil a illuminé tout dâun coup lâespace où nous nous trouvions. Je me suis dit que de là où il se trouvait, mon grand-père nous envoyait de la sorte un dernier clin dâÅil.
Ce pays de rêve T4 - Le mouton noir
Auteure: Michel Langlois
Collection: Roman historique
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⢠Gouvernement du Québec par lâentremise du programme de crédit dâimpôt pour lâédition de livres.
Conception graphique: René St-Amand
Illustration de la couverture: Marc Lalumière
Maquette intérieure et mise en pages: Andréa Joseph [
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Copyright © 2013 Ãditions Hurtubise inc.
ISBN 978-2-89723-081-4 (version imprimée)
ISBN 978-2-89723-082-1 (version PDF)
ISBN 978-2-89723-083-8 (version ePub)
Dépôt légal: 1 er trimestre 2013
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à propos de l'auteur
Né à Baie-Saint-Paul, Michel Langlois a complété des études universitaires à lâUniversité Laval. Il a fait carrière comme généalogiste professionnel aux Archives nationales du Québec à Québec. Auteur dâune vingtaine dâouvrages de généalogie, dont le