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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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pour éviter l’affolement et les « provisions », prendre contact avec l’Économie et les Finances pour inventer des « cartes mensuelles » qui ne seraient distribuées qu’au dernier moment, et surtout découvrir une « contre-attaque ».
    — … L’idée lxxxiii lui était venue d’inonder l’Angleterre de faux billets de banque en assez grandes quantités pour porter atteinte à la monnaie britannique. Il avait présenté son plan à Heydrich, en septembre 1939. Celui-ci, enthousiasmé, avait adressé à Hitler une note assez détaillée. Détail surprenant : le Führer avait donné sans hésitation son accord. Toutefois, il avait refusé de faire fabriquer et de mettre en circulation des dollars comme le proposait la note élargissant l’idée de Naujocks. En marge du projet de Heydrich, il avait écrit : « Pas de dollars. Ne sommes pas en guerre avec les U.S.A. »
    *
    * *
    Heydrich n’était pas homme à improviser. Le « projet » méritait une longue et sérieuse préparation : désorganiser l’économie britannique en effritant ce véritable « étalon » qu’était la livre sterling était une chose, rendre les services secrets indépendants financièrement, une autre. Ce second point évidemment n’était pas abordé dans la note d’information soumise à Hitler.
    Et le brave Naujocks, dépité de ne pas avoir, dans l’immédiat, à monter une imprimerie clandestine, se transforma en bibliographe… avec l’aide du professeur Hans Ubersberger et d’une dizaine d’universitaires. Heydrich voulait connaître, dans le détail, toutes les opérations politiques de faux-monnayage : « De l’antiquité à nos jours, procédés de fabrication, tentatives de mise en circulation, dessous politiques… et personnels. »
    Hans Ubersberger recruta, dans son Ost Institut, des spécialistes chargés de préparer le dossier des « faux tchervonetz » (dix roubles) qui avaient été imprimés en 1928 pour abattre « les Rouges », et décida d’utiliser les compétences d’un agent du S.D. en poste à Vienne pour éclaircir les mystères des faux billets de 1 000 francs français, fabriqués en 1925 pour financer le mouvement irrédentiste hongrois. Dans les deux cas, le processus était identique : les faux billets imprimés pour « provoquer » l’inflation ont avant tout été utilisés par des « agents recruteurs de partisans ».
    Wilhem Höttl, qui s’était rendu à Budapest pour découvrir les véritables raisons politiques du faussaire Ludwig Von Windischgraetz revint avec une explication « d’un style sec et technique » de trente-deux pages. Höttl, dans ses mémoires – « pour tenir compte des engagements pris » – ne révèle pas la teneur de son rapport lxxxiv .
    Décembre 1940. Berlin.
    — Alors que pensez-vous de tout cela ? C’est dérisoire.
    Apparemment, le général S.S. Heinz Jost, directeur de la Section VI, ne croyait pas aux « suites » à donner à cette étude préparatoire de quelques rêveurs universitaires.
    — D’ailleurs, ajouta-t-il, en s’adressant à Höttl, toutes ces tentatives passées ont lamentablement échoué.
    Naujocks tournait en rond dans le bureau. Pourquoi donc Heydrich avait-il mis au courant ce pachyderme borné ? Pourquoi surtout lui confier de gérer « administrativement », et seulement administrativement, l’opération ? Parce qu’il abrite dans son service les meilleurs contrefacteurs de passeports et de papiers d’identité ? Ridicule. Heydrich n’avait qu’à les changer d’affectation.
    — Entreprenant lxxxv et résolu, Naujocks supportait avec peine les exhortations au calme que lui prodiguait Jost. Pour finir, incapable de se contenir plus longtemps, et à l’encontre des règles les plus élémentaires de la discipline, il prit la parole et, sur un ton assez rogue, déclara qu’il n’avait pas l’intention avec ces faux billets de financer quelque obscure entreprise, comme les Hongrois. Son but, à lui, était de ruiner la monnaie de l’ennemi. Pourquoi, ajouta-t-il, ne pas parler franchement et dire sans ambages de quoi il retourne ? Terrifié, Jost lui fit remarquer qu’il venait de commettre une faute de service grave en parlant devant un tiers qui n’avait pas pris l’engagement de se taire… Sur quoi Naujocks, très calme, s’était contenté de me tendre la main et de me dire : « Eh bien ! vous voilà assermenté. »
    Naujocks, « l’inventeur »

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