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Le neuvième cercle

Le neuvième cercle

Titel: Le neuvième cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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près d’Ebensee. Les habitants – et les soldats américains – se mirent à les repêcher, ce que les états-majors locaux de la puissance occupante apprirent. Les recherches entreprises firent découvrir le camion abandonné de Redl-Zipf. La chasse aux billets repêchés dut être également fructueuse : ils avaient été étalés sur le sol pour qu’ils pussent sécher et les patrouilles américaines les retrouvèrent assez facilement mais non en totalité : plusieurs centaines de milliers de livres échappèrent aux recherches. Elles allaient reparaître plus tard sur divers marchés noirs d’Europe.
    Cette « pêche miraculeuse » ne laisse pas indifférents les agents des services secrets qui naviguent toujours dans les avant-gardes armées :
    — Un xcix agent du contre-espionnage américain en Autriche m’appela au téléphone à l’état-major du S.H.A.E.F., à Francfort, pour me signaler qu’un capitaine de l’armée allemande venait de se constituer prisonnier, livrant un camion chargé de millions de billets de banque anglais, et qu’en outre, l’Enns charriait des quantités de billets que riverains et soldats alliés s’employaient diligemment à repêcher. Surpris et intrigué, je me rendis immédiatement sur place. Là, on me montra vingt-trois coffres, de la dimension d’un cercueil, remplis de liasses de billets de la Banque d’Angleterre. Une rapide évaluation de ce trésor permit de constater qu’il représentait la coquette somme de deux millions de livres sterling ! Je fus incapable, même à l’aide d’une forte loupe, de déterminer si ces billets étaient vrais ou faux. J’appelai mon collègue anglais de Francfort et, un moment après, je recevais un coup de téléphone du siège même de la Banque d’Angleterre. Lorsque j’eus fait part de la découverte à mon interlocuteur, il fut certainement abasourdi car j’entendis qu’il mettait du temps à reprendre son souffle. Bientôt nous arrivait de Londres un émissaire de la banque, un grand gentleman, anguleux et réservé qui se nommait Reeves.
    — On l’introduisit dans la salle bien gardée où le trésor était entreposé. Il passa les coffres en revue, puisant et palpant les billets. Il s’arrêta enfin et resta un moment silencieux, les yeux dans le vague. Puis il se mit à jurer pendant quelques instants, lentement, méthodiquement, d’une voix distinguée, mais non sans véhémence.
    — « Veuillez m’excuser, dit-il enfin. Mais les gens qui ont fabriqué cette camelote nous ont coûté tellement cher !…»
    — Nous entreprîmes alors, Reeves et moi, avec l’aide de trois détectives de Scotland Yard, de reconstituer l’invraisemblable histoire de l’opération Bernhard, la plus vaste entreprise de mystification qu’aucun gouvernement ait jamais tentée pour en berner un autre…
    — Par un effet du hasard, la découverte de l’outillage se fit sans difficulté. Le capitaine allemand qui avait livré les coffres de billets nous déclara les tenir d’un officier des S.S. dont le camion était tombé en panne près du village de Redl-Zipf. Il avait reçu l’ordre de les décharger dans un lac voisin. Le capitaine n’en savait pas plus long. Nous nous rendîmes donc à Redl-Zipf où nous découvrîmes un de ces réseaux souterrains de galeries transformées en entrepôts et en ateliers, qui truffaient le fameux réduit alpin, où les Allemands avaient l’intention de livrer leurs derniers combats. Là, dans la galerie 16, – long tunnel de 60 mètres, partant d’un puits profond creusé au flanc de la montagne – nous tombâmes sur un stock de presses à billets et autres équipements. Mais ni planches, ni papier, ni archives…
    *
    * *
    Le « matériel » indispensable à l’impression et des caisses de fausses livres – les plus parfaitement réussies – avaient été immergés dans le lac Toplitz… Dès les premières heures de la Libération, « la course au trésor » était ouverte dans un rayon de 100 kilomètres autour de la station expérimentale de la Marine : certains savaient ce qu’ils cherchaient, d’autres n’avaient que de vagues espoirs et c’est dans l’esprit de ces derniers, les plus nombreux, que naquit la confusion. « Trésor » pour eux voulait dire : or, diamants, œuvres d’art. Il est vrai, pour ne prendre que les « trésors » connus, que leur « masse » est impressionnante : trésor provenant de l’administration

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