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Le Pacte des assassins

Le Pacte des assassins

Titel: Le Pacte des assassins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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entreposé le trésor des tsars, devenu celui du Parti, de l’Internationale.
    Rosenwald avait déjà pénétré à plusieurs
reprises dans ce qu’il appelait la « caverne sacrée », mais, à chaque
fois, devant ces coffres ouverts, il avait été saisi, émerveillé. Il avait
hésité à plonger les mains dans cet amoncellement de colliers, de bagues, de
pierres précieuses, de lingots, de croix constellées de rubis et de diamants, et
même de couronnes. C’était une profusion irréelle.
    — Prenez, prenez, prenez encore, prenez
davantage !, lui avait dit Piatnitski. Ne lésinez pas sur l’argent ! Vous
en avez beaucoup ! Nous vous en donnerons encore ! Il faut que ce
vieux monde crève la gueule pleine d’or, qu’il en étouffe !
    Et Thaddeus Rosenwald avait rempli son sac de
cuir, laissant lentement glisser les bijoux et les pierres entre ses doigts.
    Il avait organisé
son voyage méticuleusement, exigeant d’être accompagné, comme lors de ses
précédentes missions, par la comtesse Julia Garelli, la meilleure des
couvertures. Il voulait aussi le soutien de Heinz Knepper et de Willy Munzer, deux
camarades dont il avait pu apprécier les qualités, en Allemagne, dans la
préparation du traité de Rapallo. Il s’était emporté contre les bureaucrates, contre
ce Piatanov soupçonneux, paraissant craindre une désertion de l’un ou de l’autre,
refusant de prendre une décision.
    Après plusieurs incidents, Rosenwald avait été
convoqué au Kremlin, au Secrétariat général du Parti.
    « On » voulait le voir.
    « On », c’était
Staline, le nouveau maître, que Rosenwald n’avait jamais côtoyé mais dont on
disait qu’il étudiait les biographies de tous ceux qui avaient été proches de
Lénine et de Trotski, les artisans et les témoins de la révolution d’Octobre, qui
en connaissaient tous les secrets et qui ne se laissaient donc pas prendre aux
légendes faisant de Staline le meilleur disciple de Lénine.
    Mais Lénine était mort et Staline avait ouvert
les portes du Parti à des dizaines de milliers de nouveaux adhérents pour, disait-il,
« renforcer l’outil révolutionnaire ».
    Rosenwald, comme aucun des vieux bolcheviks, n’avait
été dupe.
    Il fallait noyer sous le nombre, sous une
masse inculte de jeunes prolétaires, ceux dont Staline craignait la lucidité et
la mémoire, l’indépendance d’esprit, l’habileté manœuvrière.
    Alors Staline s’était allié avec les uns – Kamenev,
Zinoviev – contre les autres – Trotski, Boukharine. Et il s’était fait le grand
prêtre du culte de Lénine, le divinisant pour préparer ainsi sa propre
béatification.
    — C’est un Géorgien, un ancien
séminariste, avait confié Willy Munzer à Julia Garelli et à Rosenwald. Le
Kremlin va devenir une sacristie. Et si nous ne baisons pas la main du Grand
Pope, on nous damnera !
    Rosenwald avait tout cela en tête lorsqu’il
était entré dans le bureau de Staline.
    La pièce était
plongée dans la pénombre et ce n’est que peu à peu que Rosenwald avait
distingué le corps et le visage de Staline. Le Secrétaire général fumait sa
pipe, taciturne, les yeux plissés, tassé sur lui-même, son bras gauche, plus
court que l’autre, replié.
    Il avait commencé à parler d’une voix monotone
et rugueuse.
    La révolution allemande avait échoué, lui
dit-il. Mais il fallait continuer à souffler sur ses braises, et surtout
maintenir les liens avec la Reichswehr.
    — C’est leur intérêt et le nôtre, Thaddeus.
Vous avez bien travaillé à Rapallo. Il faut rester collé à l’Allemagne.
    Il s’était interrompu, baissant un peu la tête
comme s’il cherchait un nom, puis avait repris après quelques secondes de
silence, disant qu’il ne fallait à aucun prix rompre avec des hommes comme le
colonel Erwin von Weibnitz. Et les camps d’entraînement pour la Reichswehr et l’Armée
rouge devaient être étendus.
    — À nous de prendre plus que nous ne leur
donnons.
    Mais le centre de gravité de la politique des
Soviets s’était déplacé, avait-il
poursuivi. Il fallait faire porter tous les efforts sur la France. Là était le
cerveau et le cœur de l’impérialisme. On devait bolchéviser le Parti communiste
français, ce nouveau-né qu’on transformerait en une organisation
révolutionnaire hargneuse, efficace et indestructible.
    — Avec les Français, ne lésinez pas sur l’argent,
avait repris Staline.
    Et Thaddeus Rosenwald avait reconnu

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