Le pays de la liberté
traversèrent la rue et entrèrent. Mack paya trois chopes de bière et ils s'installèrent debout dans un coin pour
les boire.
Peg vida le plus clair de la sienne en quelques gorgées et dit: ´Tu es un brave type, mon vieux.
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- Moi, c'est Mack, dit-il. Lui, c'est Dermot.
- Moi, c'est Peggy. Mais on m'appelle Peg la Rapic
- ¿ cause de la façon dont tu bois, j'imagine.ª Elle eut un grand sourire.
´ Dans cette ville, si i
ne boit pas rapidement, on te vole ton verre. D'i est-ce que tu viens, mon vieux ?
- D'un village qui s'appelle Heugh, à une vingtaii de lieues d'Edimbourg?
- O˘ est-ce, Edimbourg ?
- En Ecosse.
- C'est loin?
- Il m'a fallu une semaine en bateau en longeant côte. ª C'avait été une longue semaine. Mack n'aime pas la mer. Après quinze ans passés à
travailler i fond d'un puits, l'océan sans fin lui donnait le ve tige.
´ Pourquoi es-tu parti ?
- Pour être libre. Je me suis enfui. En Ecosse, 1< mineurs de charbon sont des esclaves.
- Tu veux dire comme les Noirs à la JamaÔque ?
- Tu as l'air d'en savoir plus long sur la JamaÔqi que sur l'Ecosse. ª
Cette critique implicite lui déplut. Ét pourqui pas?
- L'Ecosse, c'est plus près, voilà tout.
- Je le savais. ª Elle mentait, Mack le sentait. Ma gré sa bravade, elle n'était qu'une petite fille et ce! le touchait.
´ Peg, ça va ? ª
Mack leva la tête pour apercevoir une jeune femm vêtue d'une robe de couleur orange.
Śalut, Cora, dit Peg. J'ai été sauvée par un princ charmant. Je te présente Jock McKnock l'…cossais.
Cora sourit à Mack et dit : ´ Merci d'avoir donné u coup de main à Peg.
J'espère que ça n'est pas comm ça que tu as écopé de tous ces coups. ª
Mack secoua la tête. Ć'était une autre brute.
- Laisse-moi te payer un verre de gin. ª
16'
Mack allait refuser - il préférait la bière - mais Dermot dit: ´Très aimable, merci beaucoup.ª
Mack la regarda se diriger vers le comptoir. Elle avait une vingtaine d'années, avec un visage d'ange et une masse de cheveux d'un roux flamboyant. C'était choquant de penser qu'une fille aussi jeune et aussi jolie était une prostituée. Il dit à Peg: Álors, elle a couché avec ce type qui te poursuivait, c'est ça?
- En général, fit Peg d'un air entendu, elle n'a pas besoin d'aller jusqu'au bout avec un homme. Elle le plaque au beau milieu d'une ruelle avec le sexe à l'air et sa culotte sur les chevilles.
- Pendant que tu détales avec sa bourse, fit Dermot.
- Moi? Allons donc. Je suis dame d'honneur de la reine Charlotte. ª
Cora vint s'asseoir auprès de Mack. Elle avait un parfum lourd et épicé qui contenait du bois de santal et de la cannelle. ´qu'est-ce que tu fais à
Londres,
Jock ? ª
II la dévisagea. Elle était très séduisante. ´Je cherche du travail.
- Et t'en trouves ?
- Pas beaucoup. ª
Elle secoua la tête. ´«a a été un putain d'hiver, froid comme la tombe, et le prix du pain est effrayant. Il y a trop d'hommes dans ton cas. ª
Peg intervint. Ć'est ce qui a poussé mon père à voler, il y a deux ans, seulement il n'avait pas le coup
de main. ª
Mack à regret détourna les yeux de Cora pour regarder Peg. ´ qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- Il a fait une petite danse avec le collier du shérif autour du cou.
- quoi ? ª
Dermot expliqua : ´ «a veut dire qu'il a été pendu.
- Oh, mon Dieu, fit Mack, je suis navré.
- Ne sois pas navré pour moi, l'…cossais, ça m'écúure. ª
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C'était une vraie dure, cette petite Peg. ´Bon, boi d'accord ª, fit Mack d'un ton conciliant.
Śi tu veux du travail, reprit Cora, je connais que qu'un qui cherche des dockers pour décharger 1< navires charbonniers. Le travail est si dur que seu les hommes jeunes sont capables de le faire; et i préfèrent ceux qui ne sont pas d'ici parce qu'ils soi moins pressés de se plaindre.
- Je ferai n'importe quoi, dit Mack, en pensant Esther.
- Pour le charbon, les équipes de dockers sor toutes contrôlées par les aubergistes là-bas à Wai ting. J'en connais un, Sidney Lennox, à la taverne d Soleil.
- C'est un brave homme ? ª
Cora et Peg éclatèrent de rire. Cora expliqua Ć'est un menteur, un tricheur, un ivrogne de por puant et avec une sale gueule, mais ils sont tou pareils, alors qu'est-ce qu'on peut faire ?
- Tu veux bien nous conduire au Soleil ?
- C'est toi qui l'auras vouluª, fit Cora.
Un chaud brouillard de transpiration et de pous sier emplissait la cale sans air du vaisseau. Planté
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