Le pays des grottes sacrées
porter.
— J’ai grandi près d’une
mer, loin à l’est. J’aimerais voir vos coquillages, demanda Ayla.
L’homme et la femme – elle
n’aurait su dire si c’était un couple, ou un frère et une sœur – s’empressèrent
d’apporter des sacs pour montrer leurs richesses. Il y avait des centaines de
coquillages, petits pour la plupart, globulaires comme des bigorneaux ou
allongés comme des dentales, qu’on pouvait coudre sur des vêtements ou monter
en colliers. Il y avait aussi des coquilles Saint-Jacques mais, pour
l’essentiel, ces coquillages provenaient d’animaux non comestibles, ce qui
signifiait qu’on les avait ramassés pour leur seule valeur décorative. Pour les
obtenir, l’homme et la femme s’étaient rendus eux-mêmes sur des côtes
lointaines ou les avaient troqués avec des voyageurs. Le temps investi pour
acquérir des objets uniquement destinés à l’ornementation impliquait qu’en tant
que société les Zelandonii ne vivaient pas au bord de la survie mais dans
l’abondance. Selon les coutumes et les pratiques de leur époque, ils étaient
prospères.
Jondalar et la Première
s’approchèrent pour voir ce que l’homme et la femme avaient déployé devant Ayla
et bien que connaissant le statut particulier de la Cinquième Caverne, dû à ses
fabricants de bijoux, ils furent stupéfaits. Ils ne purent s’empêcher de faire
dans leur esprit la comparaison avec la Neuvième et conclurent que leur Caverne
était riche elle aussi, d’une manière légèrement différente. En fait, la
plupart des Cavernes zelandonii l’étaient.
Le doniate de la Cinquième les
conduisit à un autre abri proche, lui aussi remarquablement décoré,
essentiellement par des gravures de chevaux, de bisons, de cerfs, et même d’une
partie de mammouth, aux contours souvent relevés à l’ocre rouge et au manganèse
noir. Les bois d’un cerf gravé, par exemple, étaient entourés d’une ligne noire
tandis qu’un bison était en grande partie peint en rouge. Les visiteurs furent
de nouveau présentés aux Zelandonii qui se trouvaient dans l’abri et Ayla
remarqua que les enfants qui s’étaient attroupés devant le leur, situé du même
côté du ruisseau, étaient de nouveau présents. Elle reconnut plusieurs d’entre
eux.
Soudain elle se sentit prise de
vertige et de nausée. Sans pouvoir expliquer pourquoi, elle éprouva une
irrésistible envie de quitter l’abri.
— J’ai soif, prétendit-elle
en se dirigeant vers la sortie, je vais au ruisseau.
— Pas la peine de sortir,
dit une femme derrière elle. Nous avons une source à l’intérieur.
— Nous devons retourner de
l’autre côté, de toute façon, argua le Zelandoni de la Cinquième. Le repas est
sans doute prêt et j’ai faim. Vous aussi, je suppose.
Ils revinrent à l’abri principal – ou
à ce qu’Ayla considérait comme tel – et découvrirent le festin qui
les attendait. Bien qu’on eût disposé des récipients supplémentaires pour les
visiteurs, Ayla et Jondalar tirèrent de leur sac leurs bols, coupe et couteau
personnels. La Première fit de même. Ayla prit le bol à eau de Loup, qui lui
servait aussi à manger au besoin et elle songea qu’elle devrait bientôt
fabriquer un plat pour Jonayla. Même si elle avait l’intention de lui donner le
sein jusqu’à ce qu’elle compte au moins trois années, elle lui ferait goûter à
d’autres nourritures longtemps avant cet âge.
Quelqu’un avait récemment abattu
un aurochs : un cuissot rôti à la broche au-dessus des braises constituait
le plat principal. Depuis quelque temps, on ne voyait d’aurochs qu’en été mais
c’était l’un des plats préférés d’Ayla. Sa chair ressemblait à celle du bison,
en plus savoureuse. Ces animaux avaient des cornes rondes, incurvées et
terminées en pointes, qu’ils ne perdaient pas chaque année comme les cerfs
perdaient leurs bois.
Il y avait aussi des légumes
d’été : tiges de laiteron, ansérine cuite, pas-d’âne et feuilles d’ortie à
l’oseille, primevères et pétales de rose dans une salade de jeunes pissenlits
et de trèfle. Des fleurs odorantes de reine-des-prés donnaient une douceur de
miel à une sauce de pommes et de rhubarbe servie avec la viande. La salade de
fruits d’été ne réclamait en revanche aucun ajout sucré. On avait mélangé des
framboises, une variété de mûre précoce, des cerises, du cassis, des baies de
sureau et des prunelles
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