Le pays des grottes sacrées
des
ovales gravés entourés d’un autre ovale et une marque constituée d’un trou se
prolongeant par un trait. Elle vit sur le sol, près du panneau, une corne
sculptée dont la forme évoquait celle d’un organe masculin. Ayla secoua la
tête, regarda de nouveau, esquissa un sourire. C’était bien un membre viril et
quand elle examina de nouveau les formes ovales, l’idée lui vint qu’elles
représentaient peut-être des sexes féminins.
Elle se retourna vers les autres
et fit ce commentaire :
— On dirait des parties
d’homme et de femme. Je me trompe ?
Le Zelandoni de la Cinquième
hocha la tête en souriant.
— C’est ici que se
rassemblent nos femmes-donii, ici aussi que nous célébrons souvent les Fêtes de
la Mère, et parfois les Rites des Premiers Plaisirs. J’y réunis également mes
acolytes pendant leur formation et ils y dorment. C’est un abri sacré. Voilà ce
que je voulais dire en déclarant que nous vivons dans nos Lieux Sacrés.
— Tu y dors aussi ?
voulut savoir Ayla.
— Non, je dors dans le
premier abri, l’autre partie de celui-ci. Je pense qu’il n’est pas bon qu’un
Zelandoni passe tout son temps avec ses acolytes. Ils ont besoin de se
détendre, d’échapper un moment à la présence contraignante du maître, et j’ai
moi-même d’autres choses à faire, d’autres personnes à voir.
Comme ils retournaient à la
première partie de l’abri, Ayla demanda :
— Savez-vous qui a fait ces
images ?
Le doniate fut pris au
dépourvu : ce n’était pas une question que posaient les Zelandonii. Ces
images leur étaient familières, ils les avaient toujours connues, ou ils
connaissaient ceux qui en faisaient maintenant d’autres, et personne ne
s’interrogeait à ce sujet.
— Pas les gravures, elles
sont l’œuvre des Anciens, répondit-il après avoir pris le temps de réfléchir.
Mais plusieurs de nos peintures ont été faites par la femme qui a commencé à
former Jonokol. Elle était reconnue comme l’un des plus grands artistes de son
temps et c’est elle qui a senti le potentiel de Jonokol quand il était encore
enfant. Elle a aussi décelé du talent chez l’un de nos jeunes artistes. Elle
parcourt à présent le Monde d’Après, malheureusement.
— Qui a sculpté la
corne ? demanda Jondalar en indiquant l’objet à la forme phallique, qu’il
avait lui aussi remarqué.
— Elle fut transmise au
Zelandoni qui m’a précédé, et peut-être même à celui d’avant. Certains aiment
l’avoir pendant les Fêtes de la Mère. On l’utilisait peut-être pour expliquer
les changements de l’organe masculin. Ou pendant les Premiers Rites, notamment
pour les filles qui n’aimaient pas les hommes ou en avaient peur.
Ayla s’efforça de ne pas
manifester sa perplexité – ce n’était pas à elle de se prononcer sur
le sujet –, mais il lui semblait qu’il devait être déplaisant, voire
douloureux, d’utiliser un objet dur plutôt que la chaude virilité d’un homme
aimant. Mais c’était sans doute parce qu’elle était habituée à la tendresse de
Jondalar. Elle se tourna vers lui.
Il devina à son expression le
sentiment qu’elle tentait de masquer et lui adressa un sourire rassurant. Il se
demanda si le Zelandoni de la Cinquième n’avait pas inventé une histoire parce
qu’il ne savait pas vraiment à quoi servait cette corne. Jondalar était
convaincu qu’elle avait dû symboliser quelque chose autrefois, probablement
dans le cadre des Fêtes de la Mère puisqu’elle reproduisait un organe mâle en
érection, mais sa signification exacte avait sans doute été oubliée.
— Nous pouvons traverser le
ruisseau pour aller voir nos autres Lieux Sacrés, proposa le Zelandoni de la
Cinquième. Ils sont aussi habités et je pense que vous les trouverez également
intéressants.
Ils se dirigèrent vers le petit
cours d’eau divisant la vallée et remontèrent jusqu’à l’endroit où ils
l’avaient traversé. Deux pierres de gué au milieu du lit leur permirent de
passer facilement sur l’autre berge puis ils redescendirent. De ce côté du
cours d’eau, plusieurs abris étaient nichés sur le versant de la vallée qui
s’élevait vers un promontoire dominant toute la région et constituant un
excellent poste d’observation. Ils marchèrent jusqu’au premier, qui se trouvait
à deux cents mètres environ de l’endroit où le ruisseau, alimenté par une
source, se jetait dans la Rivière.
Lorsqu’ils
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