Le pays des grottes sacrées
Zelandoni avait emporté du
petit bois, de l’amadou, une planchette et un foret à feu ainsi que quelques
lampes en pierre dans un sac à dos qu’il posa près du cercle de cendres. Quand
Ayla le vit disposer ce matériel sur le sol, elle plongea la main dans le sac
en cuir accroché à la lanière entourant sa taille et y prit deux pierres :
un silex taillé en lame grossière et un gros caillou en forme de noix, aux reflets
métalliques. Ce dernier présentait une rainure à l’endroit où on le frappait de
manière répétée avec la lame de silex.
— Tu me laisses allumer le
feu ? dit Ayla.
— Non, je suis doué pour ça,
ça ne me prendra pas longtemps, répondit le Zelandoni.
Il entreprit de creuser dans la
planchette une encoche où se logerait le foret de bois qu’il ferait ensuite
tourner entre ses mains.
— Ça lui en prendra encore
moins, déclara Willamar avec un sourire.
— Vous semblez bien sûrs de
vous, répondit le jeune Zelandoni, qui se piquait au jeu.
Il était assez fier de son
habileté à faire un feu : rares étaient ceux qui étaient capables d’en
allumer un plus vite que lui.
— Laisse-la te montrer,
suggéra Jonokol.
— Très bien, soupira le
jeune doniate en se relevant. Vas-y.
Ayla s’agenouilla près des
cendres froides, tourna la tête vers le Zelandoni.
— Je peux me servir de ton
amadou et de ton petit bois ?
— Pourquoi pas ?
Ayla se pencha, frappa le morceau
de pyrite de fer avec le silex et le jeune Zelandoni crut voir une brève lumière.
Ayla frappa de nouveau, projetant cette fois une grosse étincelle sur l’amadou
sec. Un filet de fumée s’éleva de l’endroit touché, sur lequel Ayla se mit à
souffler. Une flammèche naquit, Ayla l’entretint avec de l’amadou puis avec du
petit bois. Lorsque le feu eut pris, elle se redressa. Le Zelandoni la
regardait, bouche bée.
— Tu vas gober des mouches,
comme ça ! lui lança le Maître du Troc dans un rire.
— Comment as-tu fait ?
demanda le doniate local.
— Ce n’est pas très
difficile, avec une pierre à feu, répondit Ayla. Je te montrerai avant de
repartir, si tu veux.
Après avoir attendu quelques
instants pour laisser la démonstration faire pleinement son effet, la Première
intervint :
— Allumons les lampes. Je
vois que tu en as apporté plusieurs. Il y en a d’autres en réserve à
l’intérieur ?
— Généralement. Cela dépend
de qui est passé en dernier, répondit le jeune Zelandoni. Mais je n’y compte
pas trop.
Il tira de son sac à dos un
paquet de mèches entouré d’une peau brute et une corne d’aurochs creuse
provenant d’un jeune animal, donc plus maniable que celle d’une bête adulte.
L’extrémité large avait été recouverte par plusieurs couches de boyau attachées
par un tendon. La corne contenait de la graisse amollie. Il avait aussi
fabriqué quelques torches avec des feuilles et des brindilles fixées autour
d’un bâton quand elles étaient encore vertes et souples, il avait laissé le
tout sécher avant de le plonger dans de la résine de pin chaude.
— C’est une très grande
grotte ? demanda Amelana, un peu nerveuse.
— Non, répondit le
Zelandoni. Il y a une salle principale à laquelle mène un passage, une autre
salle plus petite à gauche et une galerie secondaire à droite. La plupart des
zones sacrées se trouvent dans la salle principale.
Il versa de la graisse dans chaque
lampe de pierre, ajouta des mèches de champignon séché, les alluma avec une
brindille une fois qu’elles eurent absorbé un peu du combustible. Il alluma
aussi l’une des torches, remit son matériel dans son sac et l’accrocha à son
épaule. Puis il pénétra le premier dans la grotte, l’un des chasseurs fermant
la marche pour s’assurer que personne ne se retrouve en difficulté ou ne soit
distancé. Le groupe était nombreux et si la grotte n’avait pas été d’un accès
relativement facile, la Première n’aurait pas laissé autant de personnes la
visiter en même temps.
Ayla se trouvait près de la tête
avec la Première, et Jondalar venait derrière. Baissant les yeux un instant,
elle remarqua une lame de silex brisée et, un peu plus loin, une autre qui
semblait intacte, mais elle les laissa toutes deux sur le sol. Une fois qu’ils
eurent franchi l’étroit passage de l’entrée, la grotte s’ouvrit dans les deux
directions.
— À gauche, c’est juste une
galerie exiguë, expliqua le jeune Zelandoni.
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