Le pays des grottes sacrées
s’étaient même rendu compte
qu’Ayla était une enfant lorsqu’ils l’avaient trouvée et s’étaient occupés
d’elle bien qu’elle fît partie des Autres. Mais ils étaient différents en
certaines manières qu’elle n’avait jamais pleinement comprises, alors qu’elle
avait grandi parmi eux.
Même si elle éprouvait de la
sympathie pour les deux jeunes femmes qui vivaient loin de leurs proches et se
languissaient d’eux, elle ne comprenait pas tout à fait ce qu’elles
ressentaient. Du moins vivaient-elles avec leurs semblables. Elle se félicitait
d’avoir trouvé des gens semblables à elle et surtout, parmi eux, un homme qui
était attaché à elle. Elle n’arrivait même pas à exprimer avec des mots combien
Jondalar comptait pour elle. Elle n’aurait pu espérer mieux. Non seulement il
lui disait qu’il l’aimait, mais il la traitait avec amour. Il était gentil,
généreux, adorait sa fille. Sans lui, elle n’aurait pas été capable de devenir
acolyte, de faire partie de la Zelandonia. Il subvenait à ses besoins,
s’occupait de Jonayla quand elle n’était pas là, alors qu’il aurait préféré
qu’elle reste avec lui, et il lui apportait une joie incroyable quand ils
partageaient les Plaisirs. Elle avait en lui une confiance tacite et totale et
n’arrivait pas à croire en sa chance.
Camora regarda la Zelandoni Qui
Était la Première.
— Crois-tu qu’il ait pu
arriver quelque chose à Kimeran et Jondecam ? demanda-t-elle, les sourcils
froncés. Un accident est toujours possible.
— Oui, Camora, mais il se
peut aussi qu’ils aient été retardés et ne soient pas partis aussi vite qu’ils
le prévoyaient. Ou qu’il se soit passé quelque chose à leur Caverne qui les ait
amenés à changer d’avis et à décider de ne pas partir. En ce cas, ils
n’auraient aucun moyen de nous prévenir. Nous allons attendre ici quelques
jours, si cela ne dérange pas Farnadal, dit-elle en lui jetant un coup d’œil
qui lui fut retourné aussitôt avec un sourire et un hochement de tête, avant de
poursuivre notre périple pour leur laisser la possibilité de nous rattraper.
— Peut-être même
pouvons-nous faire davantage, ajouta Jondalar. Les chevaux sont beaucoup plus
rapides que les hommes. Nous pouvons les monter et suivre la piste en sens
inverse pour tenter de les trouver. Nous y parviendrons peut-être s’ils ne sont
pas trop loin. Du moins pouvons-nous essayer.
— Bonne idée, Jondalar,
admit Ayla.
— Ils vous portent donc bien
sur leur dos comme l’ont dit les conteurs ? s’étonna Farnadal.
— Les conteurs sont venus
ici récemment ? s’enquit Ayla.
— Non, il y a environ un an.
Mais je croyais qu’ils avaient inventé ces histoires extraordinaires.
J’ignorais qu’elles étaient vraies.
— Nous partirons demain
matin, décréta Jondalar. Il est trop tard, maintenant.
Tous ceux de la Caverne qui le
pouvaient s’étaient rassemblés au bas de la pente qui menait à la corniche sur
laquelle ils habitaient. Ayla et Jondalar avaient attaché des couvertures de
monte et les paniers contenant provisions et matériel de bivouac aux trois
chevaux, passé le licou à l’étalon et à la jeune jument. Puis Jondalar avait
hissé Jonayla sur le dos de Grise.
Cette fillette est-elle aussi
capable de se faire obéir d’un cheval ? se demanda Farnadal. Toute
seule ? Elle est si petite et le cheval est un animal si grand et fort… Et
les chevaux devraient avoir peur de ce loup. Chaque fois que j’ai vu un loup
s’approcher d’un cheval, il bronchait et s’enfuyait, ou, s’il croyait que
l’animal s’apprêtait à l’attaquer, il essayait de le piétiner.
Quel pouvoir magique cette femme
possède-t-elle ?
Un frisson de peur le parcourut,
puis il se raisonna. Elle semblait normale, parlait avec les autres femmes,
participait aux diverses tâches, s’occupait des enfants. Elle était séduisante,
surtout quand elle souriait, et hormis son accent il ne lui aurait rien trouvé
de remarquable ni même d’inhabituel. Et pourtant, voilà qu’elle saute sur le
dos de cette jument louvette !
Il les regarda partir, l’homme en
tête, l’enfant au milieu, la femme fermant la marche. L’homme était grand et
lourd pour le cheval trapu qu’il appelait Rapide, ses pieds traînaient presque
par terre quand il chevauchait sa monture brun foncé, couleur inhabituelle
qu’il n’avait encore jamais vue. Mais lorsque les bêtes se lancèrent
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