Le pays des grottes sacrées
moment où nous nous
apprêtions à partir, Ayla est allée se cacher derrière un bouquet d’arbres pour
uriner, puis je l’ai entendue siffler Loup et les chevaux. Je suis allé voir ce
qui n’allait pas et je l’ai trouvée qui tenait en respect ces quatre-là. À mon
arrivée, deux d’entre eux massaient les bosses qu’elle leur avait faites avec
sa fronde et elle avait son lance-sagaie armé et prêt à tirer.
— Des bosses ! C’est
tout ? s’étonna Tivonan. Elle a tué une hyène avec ses pierres…
— Je ne voulais pas les
tuer, seulement les arrêter, répondit Ayla.
— Lorsque nous sommes
rentrés chez nous après notre Voyage, des jeunes gens semaient le trouble de
l’autre côté du glacier, à l’ouest. Ils avaient violenté une jeune fille avant
les Premiers Rites. Je me demandais si ces hommes n’en faisaient pas autant par
ici, expliqua Jondalar.
— Ils ont fait bien
davantage que semer le trouble et ils ne sont pas jeunes. Voilà des années
qu’ils volent, violent et tuent, mais personne n’a jamais pu mettre la main sur
eux, dit Syralana.
— La question est de savoir
que faire d’eux, maintenant, dit Demoryn.
— Emmenez-les à la réunion
des Zelandonia, suggéra la Première.
— Bonne idée, approuva
Willamar.
— Mais vous devriez d’abord
mieux les attacher. Ils ont déjà tenté de s’enfuir en venant ici. Je leur ai
pris les sagaies et couteaux que j’ai pu trouver, mais il se peut qu’ils en
aient d’autres. Et il faudrait que quelqu’un les surveille toute la nuit. Loup
peut y aider, ajouta Ayla.
— Oui, tu as raison. Ce sont
des hommes dangereux, dit Demoryn en retournant à l’abri. Les Zelandonia
décideront ce qu’il convient d’en faire, mais il faut les empêcher de nuire,
quoi qu’il en coûte.
— Tu te souviens d’Attaroa,
Jondalar ? dit Ayla tandis qu’ils suivaient le chef de la Caverne.
— Je ne l’oublierai jamais.
Elle a failli te tuer. Si Loup n’avait pas été là, elle l’aurait fait. Elle
était brutale, je dirais même méchante. La plupart des gens sont convenables.
Ils sont disposés à aider les autres, surtout s’ils ont des ennuis, mais il y
en a toujours quelques-uns qui prennent ce qu’ils veulent, font du mal à autrui
et semblent s’en moquer, répondit Jondalar.
— Je crois que Balderan
prend plaisir à faire souffrir, dit Demoryn.
— C’est donc ainsi qu’il
s’appelle ?
— Il a toujours eu mauvais
caractère, reprit Demoryn. Même enfant, il aimait s’en prendre aux plus faibles
que lui et, inévitablement, quelques garçons le suivaient et lui obéissaient.
— Pourquoi certains vont-ils
avec des gens comme ça ? se demanda Ayla tout haut.
— Qui sait ? répondit
Jondalar. Peut-être ont-ils peur d’eux et pensent-ils que s’ils se rangent de
leur côté ils ne s’attaqueront pas à eux. À moins qu’ils ne soient de basse
extraction et ne se sentent plus importants en faisant peur aux autres…
— Nous devons choisir des
gens parmi nous pour les surveiller de près, dit Demoryn. Et monter la garde à
tour de rôle afin de ne pas risquer de nous assoupir.
— Il faut aussi les fouiller
une nouvelle fois. Peut-être ont-ils caché des couteaux avec lesquels ils
pourraient couper leurs cordes et blesser quelqu’un, ajouta Ayla. Je prendrai
mon tour de garde et, comme je l’ai dit, Loup pourra être utile. Il est très
bon gardien. On a l’impression qu’il ne dort que d’un œil.
Ils les fouillèrent ; chacun
avait caché sur lui au moins un couteau, dont ils prétendirent se servir
uniquement pour manger. Demoryn avait songé à leur détacher les mains la nuit
pour qu’ils dorment plus confortablement, mais la découverte des couteaux le
fit changer d’avis. On leur apporta un repas et on les surveilla étroitement
pendant qu’ils mangeaient. Ayla ramassa leurs couteaux quand ils eurent fini.
Balderan essaya de ne pas se défaire du sien, mais un signal donné à Loup, qui
se mit à gronder de manière menaçante, le décida à remettre l’instrument. En
s’approchant de lui, Ayla vit qu’il bouillait de colère. Il arrivait à peine à
se maîtriser. Il avait pu agir à sa guise presque toute sa vie, avait pris ce
qu’il voulait en toute impunité, y compris la vie d’autrui. Il était maintenant
physiquement contraint, forcé d’obéir, et il n’aimait pas ça.
Les visiteurs et la majeure
partie de la Troisième Caverne Gardienne du Site
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