Le pays des grottes sacrées
visiteur avec lequel elle est arrivée. Il est
grand et fort.
— J’ai connu des hommes
comme lui, grands et musclés, mais trop calmes et trop débonnaires. L’avez-vous
déjà vu en colère ? C’est un de ces gentils géants qui ont si peur de
faire du mal à quelqu’un qu’ils évitent même les disputes. Si nous sommes
rapides, nous pouvons nous emparer d’elle avant qu’il ne réagisse et menacer de
la tuer s’il fait un geste. Je ne crois pas qu’il courra le risque de la mettre
en danger. Le temps qu’il y réfléchisse, il sera trop tard. Nous aurons disparu,
et elle avec nous.
— Avec quoi vas-tu la
menacer ? Ils nous ont pris nos couteaux.
Balderan sourit, puis défit le
lacet de cuir qui fermait sa chemise.
— Avec ça, dit-il en tirant
le lacet hors de ses œillets. Je le lui passerai autour du cou.
— Et si ça ne marche
pas ? demanda un autre.
— Nous n’avons rien à
perdre.
Le lendemain, l’une des autres
Cavernes de la région arriva, et dans la soirée deux autres encore. La Première
vint voir Ayla le matin suivant. Jondalar sortit pour les laisser parler seule
à seule.
— Nous allons devoir
réfléchir aux mesures à prendre à l’encontre de ces hommes.
— Pourquoi aurions-nous à le
faire ? demanda Ayla. Nous ne vivons pas ici.
— Mais c’est toi qui les as
capturés. Que tu le veuilles ou non, tu es mêlée à tout cela. Peut-être est-ce
la Mère qui l’a voulu, ajouta la Première.
Ayla lui lança un regard
sceptique.
— Enfin, peut-être pas la
Mère, mais les gens d’ici. Et je crois que c’est bien ainsi. Par ailleurs, nous
devons leur parler de notre visite à leur Site Sacré. Tu vas être enchantée par
cette grotte. Je l’ai déjà vue une fois et je veux y retourner. Il y a quelques
passages difficiles, mais je n’aurai plus jamais l’occasion de la voir et je ne
tiens pas à manquer celle-ci.
Cela intrigua Ayla et éveilla sa
curiosité. Toutes ces marches au cours du Voyage semblaient avoir amélioré la
santé de la Première, mais elle avait toujours besoin d’aide lorsqu’ils
arrivaient en terrain difficile. Malgré tout cet exercice physique, elle était
plus que replète. Elle portait son poids avec grâce et assurance, et s’il
ajoutait à sa stature à bien des égards, il ne facilitait pas ses déplacements
dans les endroits resserrés au sol inégal.
— Tu as raison, Zelandoni,
mais je ne veux pas prendre de décision concernant Balderan, dit Ayla. Je ne
crois pas que ce soit mon rôle.
— Tu n’as pas à en prendre.
Nous savons tous ce qu’il convient de faire. Cet homme doit mourir. Sinon, il
tuera d’autres gens. La question est de savoir qui se chargera de l’exécuter et
de quelle manière. Tuer quelqu’un délibérément n’est pas aisé pour la plupart
des gens et ne doit pas l’être. C’est pourquoi nous savons qu’il a un fond
méchant, lui ignore cette vérité et, pour cette raison, je suis contente que
toutes ces Cavernes se réunissent. Il est nécessaire que tous participent. Je
ne veux pas dire que tous doivent le tuer, mais ils doivent en assumer la
responsabilité. Et tous doivent savoir que c’est ce qu’il y a à faire de juste
dans le cas présent. On ne devrait pas tuer sous l’empire de la colère ou par
vengeance. Il est d’autres manières de procéder. Il n’y a pas d’autre solution
en ce qui le concerne, mais quel est le meilleur moyen à adopter ?
Toutes deux gardèrent le silence.
— Il existe des plantes… dit
Ayla au bout d’un moment.
— J’allais dire des
champignons. On pourrait leur servir un repas à base de certains champignons.
— Et s’ils se méfient et
décident de ne pas y toucher ? Tout le monde connaît l’existence des
champignons vénéneux. Ils sont faciles à repérer et à éviter, fit remarquer
Ayla.
— C’est vrai et si Balderan
n’est pas bon, il n’est pas sot pour autant. À quelles plantes
pensais-tu ?
— À deux qu’on trouve par
ici ; je le sais parce que j’en ai vu. L’une est la berle à larges
feuilles. Elle pousse dans l’eau. Elle est comestible, surtout les racines
quand elles sont jeunes et tendres. Mais une autre plante, qui lui ressemble
beaucoup, est mortelle. Je connais son nom en mamutoï. J’ignore comment vous
l’appelez ici, mais je sais la reconnaître.
— Je connais cette plante.
C’est la ciguë. Elle aussi pousse dans l’eau. Le même repas pourrait donc être
préparé
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